Le panorama politique haïtien est dominé par cette étrange et intense lutte de compétition d’accords politiques entre certains partis pour prendre le contrôle de l’appareil de l’Etat sans doute pour continuer à partager comme bon leur semble le gâteau du pouvoir.
Il n’est, certes, pas très facile de porter un jugement sur les raisons, la portée et les conséquences éventuelles de l’état de guerre qui fait rage entre ces différents secteurs, particulièrement, celui de l’accord du 30 août pour une solution haïtienne de la crise et l’autre pour une gouvernance apaisée et efficace de la période intérimaire.
Mais loin de convaincre, le Premier ministre a.i, Ariel Henry, veut dominer au mépris de tout, puisque selon lui, son accord « est une initiative entièrement haïtienne, conçue pour Haïti »
Cependant, le conflit existant entre les deux protagonistes d’accords n’est que le reflet d’une plus grande divergence ou lutte d’influence existant dans le camp même des puissances capitalistes notamment entre les émissaires de Joe Biden (Daniel Foote, Brian A. Nichols) et les ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de France, de l’Union européenne, du Représentant spécial de l’Organisation des États Américains et de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies accrédités en Haïti formant le Core Group.
Est-ce que les diplomates des deux camps sont en train de chercher à faire taire une voix au profit de l’autre ?
On ne dispose d’aucun précédent pour ce genre de manœuvre diplomatique, quand les diplomates n’ont pas caché leur position ou leur sensibilité à tel ou tel accord et d’autres allant même à imposer un gouvernement intérimaire. Leurs divergences renferment des enseignements quasiment humiliants, méprisables qui ne sont pas de simples contentieux empêchant souvent aux autochtones de construire leurs propres destinées, seules garanties de leur unité et de leur développement.
Ce n’est guère qu’un simple malentendu. Mais un scandale grave quand Brian A. Nichols a estimé que l’accord du 30 août 2021, de la Commission de recherche d’une solution haïtienne à la crise, est « un document très fort et solide ». Tout récemment, lors de la présentation de Daniel Foote devant le Congrès américain, ce dernier a justement condamné sans ambigüité l’accord de la Primature «L’administration politique à Washington avait eu tort de soutenir Ariel Henry. Le Premier ministre appartient à un parti, responsable des problèmes d’Haïti. Le Parti haïtien tèt kale (Phtk) ne devrait pas faire partie de la solution »
Est-ce que les diplomates des deux camps sont en train de chercher à faire taire une voix au profit de l’autre ? Cette attitude n’est pas seulement dictée par l’arrogance de la tutelle, mais elle correspond à une tentative de diviser pour régner, propre aux puissances impérialistes capables de tout et disposant de moyens considérables.
Les diplomates occidentaux se présentent comme les détenteurs du droit de décider de l’avenir d’un peuple et le défenseur même des droits de ce peuple. Ce qu’ils oublient, même un père pour se faire aimer par ses enfants doit les aider de façon désintéressée, dans le respect de la personne et de la dignité humaine. Il doit les convaincre, les exhorter, les encourager, les redresser et non les mépriser, les exploiter, les dominer arbitrairement et les rejeter.
En fait, ce que la classe politique veut vendre à l’opinion nationale n’est pas de mise puisqu’elle fait simplement partie du décor. Elle n’a jamais, en aucun cas, été un acteur ; mais bien un spectateur. Car elle n’a pas le pouvoir de décider elle-même la finalité de cette crise.
Par ces accords-désaccords, la classe dirigeante haïtienne a laissé tomber publiquement le masque et on voit bien son caractère bourgeois, capitaliste, réactionnaire, antipatriotique, chien de garde de l’impérialisme et de ses petits valets dans chaque camp.
Malgré les coups bas, les manœuvres, et autres mesquineries tous azimuts d’un système d’exploitation qu’est le capitalisme, aucun des accords n’a pris le risque de mécontenter leurs patrons, voire leur dire : Halte là ! Nous voulons décider par nous-mêmes et pour nous-mêmes !
Voilà pourquoi aucun des accords n’a une portée anti-impérialiste pour dénoncer la domination plus que centenaire sous les griffes de l’impérialisme américain qui nous a réduits en paillasson. Aucun des accords n’a pris la voie de la défense conséquente du peuple opprimé, misérable au niveau de vie de plus en plus bas, victime d’une exploitation éhontée, raciste conséquence de la domination impérialiste.
Ils ne font que revendiquer une solution susceptible de satisfaire leurs alliés historiques à Washington non pas les masses haïtiennes vivant dans des conditions précaires. Cette solution soi-disant haïtienne est de maintenir intact le rapport de domination, de façon à combattre toute campagne progressiste pour la transformation sociale de la société.
Il est temps de mettre fin à ce scandale permanent de domination. C’est un véritable suicide moral et intellectuel qui empoisonne chaque jour la vie du peuple haïtien en général. Le temps est désormais venu non pour redonner de faux espoir au peuple, mais de lui faire prendre confiance dans les difficultés. Des difficultés, il y en aura de nombreuses. C’est au peuple de se débrouiller avec toutes les conséquences que cela entraine.
Etre libre et souverain, c’est d’avoir le droit de faire ce qu’on veut et ne pas être obligé de faire ce qu’on ne veut pas.