Nous connaissons l’histoire de déstabilisation des pays Latino-Américains, particulièrement les vôtres, victimes de la colonisation impérialiste des Etats-Unis. Ce pays reste avant tout non seulement la force impérialiste dominante dans la région, mais encore l’obstacle le plus actif et le plus puissant à une véritable indépendance des peuples pour leur émancipation et leur autonomie.
Depuis votre présence sur la scène politique mondiale, vous formez avec l’héroïque Cuba, des modèles d’Etat et de gouvernement pour tous les peuples en lutte pour un changement total. Nous apprécions à sa juste valeur ce travail de changement systématique que vous êtes en train d’effectuer chez vous dans le respect des aspirations populaires. Aussi, nous profitons de cette occasion pour saluer la grande solidarité que vous apportez au peuple haïtien dans sa lutte contre les puissances impérialistes et ses agents locaux dont les derniers en date sont le président Michel Joseph Martelly et son Premier ministre Laurent Salvador Lamothe qui ont délibérément choisi de favoriser la recolonisation du peuple haïtien. À ce peuple qui meurt de faim et de misère, le président n’a offert que l’opium de la danse et de la musique à travers deux carnavals par an en lieu et place de travail, d’éducation, de toit et de soins de santé. Par cette présente, nous aimerions attirer votre aimable attention sur le fait qu’Haiti est sous occupation étasunienne depuis plus de 10 ans. La présence de la MINUSTAH est une violation flagrante des droits de l’homme dans notre pays. Mais ce qui nous chiffonne le plus, c’est le colonialisme camouflé, représenté par la participation de forces militaires de l’Amérique latine, notamment de l’Argentine, de la Bolivie, de l’Équateur et de l’Uruguay pour ne citer que ceux-là piétinant la souveraineté d’Haïti.
Nous savons clairement combien vous tenez à coeur de ne pas vous ingérer dans nos affaires internes comme n’ont pas arrêté de le faire les Etats-Unis chez nous, et comme ils l’ont fait chez vous dans un passé très récent. Ils s’arrogent le droit de dicter la politique à suivre jusqu’au changement de régime selon leurs critères et leurs intérêts. Aussi, nous voudrions porter à votre attention une réalité qui peut sans nulle doute vous échapper : Martelly et Lamothe aux sentiments pro-américains et anti-révolutionnaires nous ont été imposés par les forces tutrices, c’est pourquoi Lamothe et lui jouissent tous deux des faveurs des dirigeants de Washington, de Paris, et d’Ottawa sans la moindre critique.
À travers ces deux personnages, l’impérialisme mondial veut nous empêcher de devenir un pays réellement indépendant qui puisse accomplir entièrement, son programme économique et social dans le contexte des options et des aspirations progressistes de notre peuple. C’est dans cet ordre d’idées que, nous, du journal Haiti Liberté, nous souhaitons voir un brin d’éthique politique révolutionnaire se montrer dans la diplomatie équatorienne, bolivienne et vénézuélienne en cours, face à notre pays. Les rapports sont clairs entre vos Etats et le nôtre, sauf que nous tenons à vous souligner qu’à l’heure actuelle nous ne sommes plus un pays souverain et que les actes du gouvernement sont dictés par les Etats-Unis. Pour vous dire vrai, les dirigeants haïtiens actuels n’ont pas le même idéal politique que vous prônez dans votre pays pour la sauvegarde de la dignité et de la souveraineté de vos peuples. Ils ne sont que des mercenaires, des trafiquants stipendiés à la solde de la mafia impériale. Leur comportement et leur tenue vestimentaire de bluffeurs lors des funérailles du révolutionnaire Hugo Chavez illustrent notre propos. Nous ne vous écrivons pas pour vous demander de prendre vos distances avec eux, encore moins pour vous dicter votre politique extérieure. Assurément pas ! Mais il est souhaitable que vous ne donniez pas au peuple haïtien l’impression de traiter Martelly et Lamothe en dirigeants progressistes, voire révolutionnaires, d’autant que nos enfants et petits-enfants devront payer une facture salée compte tenu de tout l’argent malhonnêtement siphonné du Fonds Petro Caribe par ces deux larrons au pouvoir. Tout citoyen haïtien honnête conscient, conséquent et respectueux ne pourra que vous en être reconnaissant, car ce sera de nature à apporter davantage de clarté et de vérité au débat politique international. Vous afficher avec eux, et les féliciter pour leur « bon travail » en Haiti viendraient en porte-à-faux avec l’idéal politique révolutionnaire citoyen dont vous êtes les porte-parole.
Le programme Petrocaribe, porteur d’un énorme avantage économique pour Haïti ne sert pas le peuple haïtien. Au contraire, il est utilisé par le parti au pouvoir pour des programmes bidon. Ce fonds est source de pillage et de corruption systématique dans les administrations publiques. Les libertés individuelles et collectives sont en danger ; une répression qui n’a pas de nom est cautionnée par des juges spéciaux, sans formation ne remplissant pas les conditions légales pour assumer leur fonction. Ils sont nommés juste aux fins de persécuter les militants et opposants au pouvoir. A l’heure actuelle, le peuple est dans les rues exigeant le départ des profiteurs qui nous gouvernent. Pour toute réponse, la police nationale haïtienne leur tire dessus. Au cours de la manif de ce 18 novembre, commémorant la bataille de nos ancêtres à Vertières, il y a bien eu des morts.
Alors, nous ne comprenons pas l’apport du président Correa aidant à mettre sur pied des Forces armées haïtiennes. Le Brésil et l’Equateur ont accepté d’aider le président Martelly à restaurer l’armée, soi-disant pour remplacer la force d’occupation. Une telle assistance ne peut que faire l’affaire des Etats-Unis pour maintenir leur hégémonie et la défense de leur pouvoir impérialiste, vu que cette armée en formation ne sera autre chose qu’une force répressive dans la même lignée que les forces de police actuelles qui continuent d’assassiner le peuple haïtien Haiti Liberté dans une interview avec l’ambassadeur Bolivien aux Nations Unies Hugo Siles Alvarado, l’avait interrogé sur la présence de soldats boliviens parmi les forces occupantes d’Haiti. Il nous avait répondu que cela avait été fait avant la présidence du président Morales. Sans doute ; mais rien n’a changé depuis l’accession au pouvoir du président Morales, et cela donne à penser. De fait, les contingents boliviens et équatoriens sont toujours présents et sont utilisés comme des instruments US pour combattre le peuple haïtien. En toute logique, la Minustah ne joue que le rôle de protecteur d’un pouvoir minoritaire pour la caution de la cause Nord-Américaine en Haiti. N’est ce pas là un faisceau de contradictions nuisibles aux intérêts des peuples boliviens, équatoriens et haïtiens ?
Le moment n’est-il pas sans doute venu de reconsidérer la présence des casques bleus équatoriens et boliviens dans la MINUSTAH dont le rôle est honni par la population haïtienne? Cette force est complice des vautours internationaux que sont les «amis d’Haïti», au lieu d’être un élément de solidarité entre les peuples. Que nos vrais amis participent à nos luttes concrètes de libération ! Car être du côté de la révolution, comme vous l’êtes, Excellences, exige que vous ne soyez pas à contre-courant des mouvements populaires, mais que vous soyez du coté des forces de changement, des forces révolutionnaires et non pas du côté des forces impérialistes.
Espérant que vous ne resterez pas sourds au contenu de la présente, nous vous prions d’accepter nos remerciements anticipés, et le salut fraternel du peuple haïtien.
Berthony Dupont Directeur de Haïti Liberté