Le président Abinader a félicité le candidat d’extrême droite Trump pour sa victoire électorale « significative » en novembre 2024, réaffirmant ses liens « stratégiques » avec les États-Unis. Les deux présidents partagent leur statut de millionnaires avec des idéologies racistes, conservatrices et anti-ouvrières, et ont déjà coïncidé au pouvoir au second semestre 2020. Abinader a défini une politique étrangère de subordination aux États-Unis, fondée sur l’idée qu’il existe une « nouvelle guerre froide ». Cette subordination s’est reflétée dans le transfert partiel de la souveraineté administrative et économique de la République dominicaine aux États-Unis, avec des accords de pré-contrôle dans les aéroports et des « ciels ouverts » pour les compagnies aériennes yankees ; également dans la promotion d’une coalition régionale pro-américaine appelée « Alliance pour le développement dans la démocratie », aux côtés des gouvernements de droite du Costa Rica, du Panama et de l’Équateur. En outre, cela s’est manifesté par le soutien d’Abinader à l’État génocidaire d’Israël, avec l’annonce que le gouvernement dominicain envisagerait la possibilité de déplacer le siège de son ambassade à Jérusalem occupée, et plus tard par le soutien au sionisme lors de son agression génocidaire contre le peuple palestinien, à partir de 2023.
Après deux invasions américaines au XXe siècle et les longues dictatures pro-yankees de Trujillo et Balaguer, la domination politique et économique des États-Unis a été actualisée avec des instruments tels qu’un accord de libre-échange (DR-CAFTA) ou des conseils yankees sur les travaux du port de Manzanillo ou l’exploration de terres rares à Pedernales. La République dominicaine sert également de point de transit pour le trafic de drogue vers les États-Unis pour répondre à la demande gigantesque des consommateurs de ce pays, et dans le sens inverse pour le trafic d’armes américain vers Haïti.
Depuis le Forum économique de Davos, le ministre Víctor Bisonó a ratifié la soumission du PRM à Trump : il a assuré que la République dominicaine n’est pas à l’origine d’une immigration « illégale » aux États-Unis et que le pays se positionne comme une alternative pour les entreprises américaines intéressées par l’expansion dans les territoires proches des États-Unis, soutenant l’extorsion tarifaire de Trump à la région pour mettre fin à ses relations économiques avec la Chine. Comme on le sait, le gouvernement oligarchique voit comme un avantage comparatif l’absence de liberté syndicale qui permet aux entreprises de payer des salaires de misère, obtenant des taux d’exploitation bien supérieurs à ceux obtenus dans d’autres pays.
Bisonó ment sur l’émigration aux États-Unis : la diaspora dominicaine aux États-Unis, de plus de deux millions et demi de personnes, comprenait en 2022 environ 250 000 personnes sans régularité migratoire, et par le biais du soi-disant « retour par le Mexique », 300 000 autres sont entrées aux États-Unis ces dernières années. Pour une grande partie de la classe ouvrière et de la jeunesse, l’émigration est la seule issue au manque d’opportunités, aux bas salaires, à la répression et au manque de droits qui caractérisent le régime dominicain. Un Dominicain sur quatre vit aux États-Unis et les transferts de fonds représentent l’une des principales sources de revenus de l’économie nationale.
Le lancement par Trump d’une offensive raciste contre les immigrés latino-américains et caribéens constitue une menace directe pour la communauté dominicaine de New York et d’autres villes américaines, y compris à Porto Rico sous domination coloniale, où l’on signale déjà des détentions arbitraires de Dominicains, avec ou sans papiers en règle. Alors qu’Abinader et son gouvernement d’oligarques se frottent les mains face aux opportunités commerciales que représente l’arrivée de Trump, les familles ouvrières dominicaines aux États-Unis assistent avec angoisse à une démonstration de répression qui rappelle celle que le régime dominicain utilise depuis de nombreuses années contre les travailleurs immigrés haïtiens.
En effet, les premiers décrets signés par Trump incluent la désignation de l’immigration à travers la frontière avec le Mexique comme une « invasion » et une « menace pour la sécurité nationale », le même discours qu’Abinader et l’extrême droite dominicaine utilisent pour désigner l’immigration haïtienne ; l’armée et la police locales sont autorisées à intervenir dans les tâches de persécution de l’immigration et l’utilisation des installations militaires comme centres de détention d’immigrants, comme c’est également le cas en République dominicaine ; un autre décret vise à refuser la nationalité américaine aux personnes dont les parents étrangers n’ont pas de résidence permanente, en appliquant un critère similaire à celui établi rétroactivement par la décision raciste 168-13. Trump a également ordonné un réexamen des protections temporaires accordées à certains migrants, tout comme Abinader a ordonné un audit du Plan national de régularisation des étrangers.
Ces mesures antidémocratiques et répressives de Trump se heurteront à des obstacles juridiques et politiques, et on ne sait pas dans quelle mesure elles seront mises en œuvre, surtout si elles génèrent une forte résistance populaire. Mais même si elles n’atteignent pas le niveau de brutalité autoritaire de l’état d’exception de fait des quatre dernières années d’Abinader, les mesures de Trump sont interprétées par le gouvernement PRM comme une légitimation de sa propre politique et une invitation à aller plus loin dans la consolidation de l’apartheid dominicain. C’est peut-être la dynamique la plus dangereuse qui s’ouvre pour la République dominicaine avec le début de cette nouvelle administration Trump.
Mouvement socialiste des travailleurs de la République dominicaine
27 janvier 2025