Le « Capital » est rouge comme le cramoisi

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A bas le Capitalisme

« Il y a toujours dans l’existence d’un peuple combatif une dernière rivière de turbulences à traverser – même à gué – avant qu’il voie cesser ses misères, ses humiliations et ses souffrances. »
Robert Lodimus, L’inconnu de Mer frappée, roman, 2020

 Contrairement à ce que l’État bourgeois veut nous faire croire, le système capitaliste ne peut pas fonctionner en dehors du climat de violence qui est son habitat naturel. Car il est la violence même. C’est par l’oppression, la répression, l’exploitation, le crime organisé qu’il parvient depuis sa naissance à s’autoréguler, à s’autoprotéger et à survivre. Le « travail » ne peut s’obtenir que par la « force contraignante » qui se dégage du « Capital ». Les « besoins essentiels » sont les armes redoutables que les oligarques « davosiens » utilisent contre les masses ouvrières nécessiteuses, maintenues injustement sous le poids de la vulnérabilité sociale et économique. Là où le « néocapitalisme » est implanté, la société ne peut récolter que le kidnapping contre rançon, le vol, le viol, l’assassinat, la prostitution, la clochardisation, l’analphabétisation, la déperdition scolaire, la maladie… Si le « Capital » sème le vent, il doit récolter la tempête.

En Haïti, les travailleuses et les travailleurs de la sous-traitance retournent souvent dans les rues pour rappeler au patronat radin qu’ils crèvent dans la misère avec leurs enfants. Malheureusement, les cris de leurs revendications n’émeuvent pas le cœur de marbre des arabo-haïtiens que les statistiques identifient parmi les 3% des Crésus qui détiennent 80% du pactole national. Alors que les trisaïeuls de ces «bourgeois » sont arrivés aux portes de ce pays avec un petit sac presque vide suspendu au dos. Avec le temps, Ils se sont érigés en « seigneurs » sur cette terre qui les a adoptés, et en « bourreaux » de la population hospitalière qui les a recueillis à bras ouverts. Haïti les a sauvés de l’apatridie, du nomadisme, du vagabondage, des souffrances de la guerre, des persécutions religieuses…  En guise de remerciements, ces anciens « gitans » qui ont fait fortune dans l’industrie du textile se complaisent à maltraiter les compatriotes que le mauvais sort a basculés dans l’enfer des usines d’assemblage. Ces endroits inhumains de maltraitance morale et physique constituent des points de transit vers le sanatorium, la morgue et le cimetière : comme le soulignent de temps à autre les camarades syndicalistes, dont Dominique St-Éloi, qui militent au risque de leur vie pour l’amélioration des conditions de vie des ouvrières et des ouvriers. Le combat contre le « Capital » est brutal, féroce, meurtrier. Il occasionne chaque année des grèves, des manifestations violemment et mortellement réprimées par les bras armés des États bourgeois. 

des policiers ont dispersé dans le sang un rassemblement pacifique organisé par des ouvrières et des ouvriers du Parc industriel

Nous connaissons l’histoire de ces activités harassantes de travail et de toutes leurs conséquences sur la santé déjà fragile de la population ouvrière. Seule l’émergence d’une « dictature prolétarienne globalisée » fera lever le vent de changement sur les cloaques humains qui gèlent de froid, respirent la faim, la soif  et la nudité. 

Une police digne de l’État bourgeois  

Lundi 22 mai 2017. À la demande de Georges Barau Sassine – un ami personnel de l’ex-président Jean-Claude Duvalier, qui dirige l’Association Des Industries d’Haïti (ADIH) – des policiers, lâchés comme des chiens enragés, ont dispersé dans le sang un rassemblement pacifique organisé par des ouvrières et des ouvriers du Parc industriel. Malgré tout, les revendicateurs n’en démordaient pas. Depuis l’installation des multinationales de la sous-traitance en Haïti, la liste des doléances des embauchés ne cesse de s’allonger. À l’époque,  ils exigeaient que le salaire minimum soit fixé au moins  à 1500 gourdes, ce qui représentait quand même moins de 10 dollars US par jour. Au lieu de satisfaire aux modestes  demandes, le gouvernement, – dans l’esprit de flatter et de favoriser la classe dominante –, a utilisé la force excessive pour contraindre les manifestants à retourner dans les usines. Les camarades ouvriers refusaient de céder. Ils continuaient, malgré tout, à défier les menaces de révocation massive brandies par le secteur patronal, qui craint de perdre des contrats juteux. Le retard constaté dans la livraison des commandes pouvait effectivement entraîner des pénalités qui se traduiraient par des baisses de dividendes. 

La violence policière utilisée contre les « esclaves » de la Société Nationale des Parcs Industriels (SONAPI), nous l’espérons bien, finira par embraser la République. Et ce sera le début de l’ère de changement espérée pour les marginalisés du « Capital » sur le territoire national. Il faut souligner que la cause ouvrière a interpellé d’autres secteurs de la vie nationale. Plusieurs personnalités politiques et professionnelles multiplient à la radio les déclarations d’appui aux syndicats qui soutiennent la résistance des exploités.  Les poussées inflationnistes, dans un  pays qui consomme tout, sans rien produire, – outre le banditisme, le kidnapping contre rançon et l’assassinat –, sont devenues vraiment  insupportables. Les prolétaires n’ont-ils pas raison de s’en plaindre et d’exiger que le revenu de leur travail soit indexé au coût réel de la vie?  Ils accusent le gouvernement d’adopter une position anti-ouvrière et de les abandonner à la merci de la bourgeoisie compradore. Et ils ont raison. Après tout, que pouvait-on attendre de mieux d’une horde de malfrats qui se retranchent au sein d’une famille politique mafieuse, appelée Parti haïtien des Tèt kale (PHTK).   

La situation socioéconomique qui se complique à toutes les minutes pour les misérables de l’univers témoignent de plus en plus de la nécessité d’une conquête révolutionnaire du pouvoir de l’État bourgeois, tel que le conçoit Jack Barnes [1] qui rapporte ces paroles de Malcolm X dans son ouvrage : « Ne courez pas dans tous les sens en essayant de vous lier d’amitié avec quelqu’un qui vous prive de vos droits, ce ne sont pas vos amis, ce sont vos ennemis. Traitez-les comme tel, combattez-les et vous obtiendrez votre liberté. » Nous réitérons tous les jours nos actes de réprobation, – transpirés de nos écrits et véhiculés dans nos paroles –, à l’encontre du système sociétal, politique et économique institué par les puissances occidentales pour détourner et piller les richesses de la planète.  

Le Parc Industriel de Sonapi

Parmi la classe des travailleurs salariés et des petits agriculteurs, nous entrevoyons l’ovulation d’une prise de conscience qui devrait inquiéter les dirigeants capitalistes de Port-au-Prince. Ceux qui ont lu le livre de Gilbert Cesbron, Les Saints vont en enfer, – dont nous rappelons souvent le titre dans nos réflexions sociopolitiques et économiques –, saisissent le sens de nos propos « euphémistiques ». Nous aurions pu citer aussi « La Mère » de l’écrivain russe, Maxime Gorki de son vrai nom Alexis Pechkov, publié en 1907, dix ans avant la révolution d’octobre. À notre grande surprise, des militants syndicaux haïtiens, ayant un bagage instructionnel limité, utilisent la « dialectique d’une révolution mondialisée » pour exprimer leur ras le bol du système impérial. Certains avouent qu’ils lisent des brochures rédigées de manière simple sur la doctrine de l’ouvriérisme. Une travailleuse a déclaré sur radio Kiskeya [2] : « Nous aidons à créer des richesses, nous voulons en bénéficier également. Et c’est tout à fait juste.» L’intervenante a reconnu du même coup que les revendications ouvrières doivent viser la prise et le contrôle des organes de pouvoir de l’État. Sinon, faisait-elle remarquer, le mouvement de résistance sociale n’aura pas le dénouement escompté. D’autres syndicalistes progressistes, comme Dominique St-Éloi du Centre national des ouvriers haïtiens (CNOH), abondent dans le même sens. En échange de leur force de travail, ils veulent aussi manger un morceau raisonnable du gâteau. L’essayiste Placide Gaboury [3] aurait sûrement ajouté : « Pas la charité, mais le partage ».

Lénine, le brillant dialecticien de la révolution d’octobre, expliqua en 1920 que « la politique de l’Internationale communiste dans la lutte contre l’oppression nationale vise à unifier les prolétaires et les masses laborieuses de toutes les nations dans la lutte révolutionnaire pour renverser les propriétaires fonciers et la bourgeoisie. Seule une telle unité garantit la victoire sur le capitalisme, sans laquelle il est impossible d’abolir l’oppression nationale [4].» Nous prônons nous-mêmes la « déprivatisation » des biens essentiels. Tout ce qui doit permettre à une citoyenne ou un citoyen de jouir de ses Libertés et de ses Droits naturels doit relever de la Communauté : l’école, l’hôpital, le transport, le loisir, le logement, la nourriture, l’environnement… Il faut abolir le travail et le remplacer par des activités d’entraide basées sur les principes du coopératisme. Le mot « travail » se rapproche du latin « tripalium » qui signifie « tourment ». Selon le linguiste et le lexicographe français, Alain Ray, ce concept est apparu pour la première fois au XIIe siècle. Albert Jacquard, philosophe et généticien français, pense qu’il ne devrait pas y avoir de travail, mais une place pour chaque individu dans la société. La communauté révolutionnaire mondiale remplacera le vocable « travail », selon l’usage qu’en font les impérialistes, pour inventer une appellation qui caractérisera de façon plus humanitaire les activités liées à l’exercice professionnel, qui seront en fait une sorte de collaboration démocratique avec des objectifs d’émancipation sociale et de progrès matériel.  

Les ouvriers qui travaillent dans les secteurs de l’industrie du textile de la République d’Haïti cherchent adroitement à élargir l’espace des contestations sociales et économiques. L’État est en crise. Le pays se rapproche d’une explosion sociétale. Et plus inquiétant encore. L’État est tombé en faillite. Rien ne fonctionne. L’horloge du temps s’est arrêtée. Le peuple des bidonvilles n’a plus de voix pour crier sa misère et son inquiétude. Le dimanche 7 mars 2021, les compatriotes envahissaient encore les rues de Port-au-Prince pour dénoncer l’insécurité galopante qui a enlevé la vie du docteur Ernst Paddy, originaire de la ville des Gonaïves.  

Le « Capital » n’a pas de patrie

Les « faucons migrateurs » qui exploitent les usines d’assemblage à Port-au-Prince et à Ouanaminthe ont millionuplé leurs « capitaux » en détruisant la classe paysanne non-scolarisée. Profitant des méfaits ravageurs des intempéries sur l’environnement agricole, les « crocodiles » qui vivent eux-mêmes des miettes lancées par les grandes multinationales pêchent la main-d’œuvre à bon marché dans l’étang de chômage, d’oisiveté et de précarité qui noie et déracine les populations rurales ruinées. 

Georges Barau Sassine

L’État confie le marché de l’importation de l’engrais chimique à la même clique des « prédateurs » qui font leur beurre dans les zones franches. Le prix du produit grimpe comme Tarzan dans les lianes de la forêt tropicale.  Piégé de tout bord, le paysan se jette sur la route avec un baluchon sur l’épaule. Il devient, par la force de la misère, la « propriété » exclusive des « vipères mafieuses » qui accaparent et contrôlent les sphères de l’économie nationale. Bon nombre de « ces gens-là » – dans le langage de Jacques Brel  – sont des « terroristes financiers ». Mis à part, bien entendu, quelques-uns qui sont restés fidèles et loyaux envers leur patrie adoptive. Nous pouvons rappeler, entre autres, le nom prestigieux d’Antoine Isméry, de regrettée mémoire.  Les « chacals » de la SONAPI et les « bourgeois compradores du bord de mer » ne vouent aucun sentiment d’appartenance à Haïti. D’ailleurs, le journaliste Hervé Kempf [5], spécialiste de l’environnement écrit que « la secte des hyper-riches n’a pas de patrie.» L’écrivain constate encore : « …L’oligarchie fleurit aussi sur le développement des économies locales en s’accommodant […] d’une exploitation poussée des travailleurs et du dépouillement des paysans. » 

Au fil des années, les « arabes ingrats » installés sur le territoire ont détruit la capacité d’autodétermination des Haïtiens. Ils sont même parvenus à fragiliser les conditions de l’indépendance et de la souveraineté de l’État. N’ont-ils pas toujours collaboré avec les puissances dominatrices contre les intérêts des indigènes ? En scrutant les dessous de l’occupation américaine, on découvre aisément les traces indélébiles de leurs mains traitresses. D’abord, le 28 juillet 1915. Ensuite le 30 septembre 1991. Et la dernière fois, le 29 février 2004. Qui a payé le poignard de 40 millions de dollars US avec lequel Michel François –  l’hydre de Lerne – égorgea le  « Rêve » des pauvres de La Saline, de Cité Soleil, de Solino…? Et profitant encore de l’embargo de Bill Clinton – le DSK de la Maison Blanche –  ils ont plongé  leurs bras dans le sang des  5000 victimes d’Emanuel Constant et de Louis Jodel Chamblain pour puiser l’or du crime dont ils jouissent grassement jusqu’à présent. En toute impunité. Les toits de leurs somptueux châteaux sont « voisins du ciel », comme l’aurait élégamment écrit Jean de la Fontaine. Des agents de sécurité armés jusqu’aux dents montent la garde devant leurs barrières coulissantes en acier trempé, veillent sur le sommeil de leur épouse, de leurs maîtresses et de leurs enfants qui n’ont pas encore atteint l’âge de fréquenter les grandes universités européennes ou nord-américaines. Ils se déplacent à bord des véhicules blindés. En se juchant sur la crête des mornes et en s’exilant dans les vallées lointaines et inaccessibles, les « assassins financiers » qui prennent Haïti en otage pensent échapper au regard accusateur et au jugement sévère des « maltraités » et des « négligés » du « Capital ». Seulement, les « ripailleurs » doivent se rappeler que les bidonvilles assassinés conservent la mémoire des faits et des noms. Et le gibier, quand viendra l’autre « temps » qui sera le sien, saura retrouver les « chasseurs » qui le faisaient rôtir sur le boucan de la pauvreté extrême. 

André Comte-Sponville [6] a posé la question : « Le capitalisme est-il moral ? » La réponse n’est pas difficile à trouver. Chacun de nous sait que derrière ce concept malfaisant se cachent des intérêts puissants, mesquins, qui ne riment pas avec la philanthropie. Qui dit « intérêt », dit « exploitation ». Le capitaliste n’a pas d’âme. Il ne se préoccupe guère de progrès social et économique des collectivités territoriales. Il demeure tout à fait indifférent aux dangers qui émergent des crises écologiques et qui menacent la survie de l’espèce humaine. L’insouciant augmente ses dividendes. Et thésaurise. Alors qu’il est concerné comme tous les terriens par les catastrophes naturelles qui résultent de la dégradation de l’environnement.

En Haïti, 3 millions d’individus de toutes les catégories sociales s’entassent dans une cité grouillante, une capitale étouffante, engloutie sous des tonnes de déchets ménagers et industriels. Les « bourgeois compradores » ferment les yeux et se bouchent le nez. Ils ne sont pas concernés par les problèmes des inondations à Martissant, dans le Sud et dans la Grand-Anse. Ils possèdent leur résidence principale en Floride, en Guadeloupe, en Martinique et en République Dominicaine. Leurs capitaux sont exilés dans les paradis fiscaux, loin des griffes de la Direction générale des impôts (DGI). Ils n’habitent pas en Haïti. Ils viennent y travailler. Chaque vendredi après-midi, ils prennent l’avion en direction de la Floride. Et retournent dimanche après-midi. Quand la République d’Haïti aura touché le fond véritable de la déchéance, franchi la limite irréversible de la déliquescence, les immigrants arabes qui n’ont jamais soutenu la production nationale, aidé l’État à mettre l’île sur la route du développement durable, repartiront vers d’autres cieux où ils pourront continuer à engraisser leurs dividendes. 

Un pays victime de ses élans de solidarité internationale

Enfant, nous vîmes un Libanais fin et long comme un crayon à mine descendre d’un bateau battant pavillon bahamien sur le wharf des Gonaïves, dans le département de l’Artibonite. Il était dans la trentaine. Selon les apparences. Il n’avait aucun bagage. Personne ne l’attendait. Il se présenta à la douane portuaire et ressortit quelques bonnes minutes plus tard. L’étranger longea la grand-rue à pas cadencés en direction du petit hôtel qui se trouvait en face de la caserne Toussaint-Louverture. Par la suite, nous le croisâmes plusieurs fois avec la chemise blanche et le pantalon noir qu’il portait le jour de son arrivée. En moins de 3 mois, l’individu tenait un magasin de tissus et de chaussures sur la place du marché. Il siégeait déjà parmi le clan restreint des notables. Il choisit une épouse, une compatriote, une payse, et se fonda avec elle parmi les riverains. Après quelques années, l’homme venu des régions montagneuses du Liban fit fortune. Comme tous les syriens, les juifs, les palestiniens, qui étaient arrivés dans la ville avant lui. 

Le combat contre le « Capital » est brutal, féroce, meurtrier. Il occasionne chaque année des grèves, des manifestations violemment et mortellement réprimées par les bras armés des États bourgeois.

Le service de l’immigration d’Haïti est très tolérant. Il ne refoule pas les étrangers qui cherchent à obtenir l’asile pour des raisons politiques, économiques et religieuses. Les expatriés, quelle que soit leur appartenance culturelle, quel que soit leur lieu de provenance, ne se font pas chasser ou emprisonner en franchissant les frontières maritime, aérienne ou terrestre de la République. Ils sont accueillis à bras ouverts. Même sans passeport, même sans visa, ils arrivent à obtenir une autorisation de séjour temporaire ou permanent sur une « terre de liberté » qui défend les principes sacrés de la « libre circulation » des êtres humains sur la planète. Les obstacles frontaliers entre les États sont historiques. Ils ne remontent pas à la genèse de la « Création ». D’ailleurs, il n’y avait pas d’institution étatique. Le concept de société, incluant le droit positif et tout ce qui s’y réfère n’était même pas parvenu au stade de l’embryogenèse. On ne parlait pas encore de structure sociétale organisée. Les philosophes contractualistes désignaient cette époque par la locution substantive de « l’état de nature ». Ceux-là qui ont érigé les barrières matérielles entre les peuples ont entaillé les préceptes moraux qui caractérisent fondamentalement l’existence humaine. Nous avons été créés pour vivre ensemble. Pour nous entraider. Pour nous interprotéger. Aucun citoyen ne devrait bénéficier des privilèges de statut social, d’appartenance raciale, d’origine familiale par rapport à un autre.  « Memento, homo, quia pulvis es, et in pulverem reverteris. » (Souviens-toi homme que tu es poussière et que tu retourneras dans la poussière.) Ma grand’mère, par ironie, faisait toujours remarquer qu’elle n’a jamais vu un château suivre son défunt propriétaire au cimetière. Les « vivants raisonnables » entrent dans l’existence nus comme un ver, ils en sortent avec un cercueil. Seules leurs « bonnes actions » comptent et servent d’« exemples » à ceux qui les remplacent.

L’écrivain Bernard Diederich [7] originaire de la Nouvelle-Zélande, décédé le 14 janvier 2020 en Haïti, avait  rencontré à Port-au-Prince des journalistes, des professeurs et des étudiants, après la signature de son dernier ouvrage sur le règne politique des Duvalier, « Le Prix du Sang : La résistance du peuple haïtien à la tyrannie… » L’ex-ministre de la communication et de la culture de Jocelerme Privert, Marcus Garcia, modérait les échanges à caractère discursif. L’essayiste a avoué que le bateau sur lequel il voyageait, faisait escale en Haïti, lorsqu’il prit la décision de planter sa tente à la capitale et d’y prendre femme. Il était séduit par la beauté du paysage et par l’accueil chaleureux qui lui fut fait. 

Le gouvernement dictatorial exigea le départ du Néozélandais le 26 avril 1963. Cette date correspond à l’une des journées de sang qui étampent Port-au-Prince dans l’historiographie universelle. 

Depuis la proclamation de l’indépendance, la République d’Haïti a toujours gardé ses bras ouverts pour tous les individus qui cherchent une terre d’accueil, de justice et de liberté. Elle a combattu aux côtés des peuples de l’Afrique et de l’Amérique latine, écrasés sous les bottes du colonialisme, qui luttèrent courageusement, héroïquement pour reconquérir les droits qui sous-tendent la dignité humaine. Certains États manifestent encore envers les Haïtiens des élans de reconnaissance, des sentiments de gratitude intarissables. Le Venezuela en demeure un exemple majestueux. Le sang des indigènes d’Haïti coula même sur les champs de bataille qui donnèrent naissance à la révolution états-unienne de 1776. Et pourtant, Les États-Unis d’Amérique se comptent parmi les principaux pays qui ont causé beaucoup plus de torts et de préjudices aux descendants de Toussaint-Louverture, de Jean-Jacques Dessalines, d’Henri Christophe et d’Alexandre Pétion. Aucune manifestation de commisération envers cette Nation que la presse étrangère prend plaisir à cataloguer de plus pauvre de l’hémisphère. Les critiques négatives surabondent. Les outrages de mépris grêlent. Mais la logique explicative se musse dans la déraison consciente et méchante. Il faut statuer davantage sur les « causes » et non sur les « effets » de la misère des populations oppressées. 

Il faut que les leaders syndicaux empêchent les patrons de transformer les « chômeurs chroniques » en « briseurs de grève »

Le combat des ouvrières et des ouvriers doit être soutenu par toutes les couches sociales progressistes du monde. Si les prolétaires reculent devant le patronat avide, vorace, malhonnête, c’est la guerre qu’ils perdront. Et non pas un combat. Comme ils le disent bien : ils n’ont rien à perdre. Au contraire, ils feront pencher la balance des rapports de force en leur faveur. Les journalistes avant-gardistes doivent accompagner les travailleurs sur le chemin de leurs revendications. Il faut que les leaders syndicaux empêchent les patrons de transformer les « chômeurs chroniques » en « briseurs de grève », dans le seul but de désolidariser et de diviser les populations nécessiteuses des bidonvilles.

  Le jour où le montant du salaire minimum se sera mondialisé comme le « capital », il n’y aura plus de délocalisation des entreprises bourgeoises. C’est vers cette direction que le syndicalisme international doit commencer à regarder, afin de permettre aux masses prolétariennes de jouir favorablement des retombées bénéfiques de leur force de travail. En attendant ce « Jour » où les moyens de production seront effectivement réappropriés.

Notes et références

[1] Jack Barnes, Malcolm X, la libération des Noirs et la voie vers le pouvoir ouvrier.
[2] Radio Kiskeya, Di’m m’a di w.
[3] Placide Gaboury, Pas la charité, mais le partage.
[4] Rapporté par Jack Barnes, Malcolm X, la libération des Noirs et la voie vers le pouvoir ouvrier.
[5] Hervé Kempf, Comment les riches détruisent la planète.
[6] André Comte-Sponville, Le capitalisme est-il moral?
[7] Bernard Diederich et Al Burt, Papa doc et les tontons macoutes.

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