Du 19 avril 2009, jusqu’à l’imposture du 4 septembre 2009 au Sénat de la République, en passant par le 21 juin 2009, la démocratie a été piétinée, souillée et humiliée en Haïti. Les élections sont devenues en vérité, une farce, une sottise pour exclure la majorité nationale. La grande vérité que tous les combattants pour la liberté doivent souligner est que « la raison du plus fort est toujours la meilleure ».
L’acte posé le vendredi 4 septembre 2009, témoigne grandement de la misère de la démocratie dans un pays qui se meurt, un pays oú l’exclusion sociale fait loi. Onze prétendus sénateurs, des citoyens nommés par un Conseil électoral sous les ordres du pouvoir exécutif, ont auto-validé leur pouvoir. Le quorum nécessaire à l’opérationnalisation de la séance du 4 septembre au Sénat de la République, a été obtenu grâce à ces sénateurs nommés, contestés, méconnus de la population. Comme dans une pièce théâtrale oú chaque acteur interprète convenablement le rôle qui lui a été confié, un bu-
reau de validation avait été formé. Ce bureau a été présidé par le nonvalidé, Laurent Féquière Mathurin,
le doyen d’âge, chargé de valider le pouvoir de ses pairs. En effet, onze non-élus bien nommés par l’Exécutif, en accord avec le Conseil électoral provisoire d’exclusion, ont reçu « l’investiture » de ce bureau de facto.
Cette journée sénatoriale du 4 septembre que d’aucuns qualifi ent de démagogique, a été concoctée par les politiciens qui ne jurent que par leur génuflexion devant la puissance dominante : les Etats-Unis d’Amérique. Vingt quatre heures avant cette imposture, l’ambassadeur étasunien, Kenneth Merten, manu militari, s’est rendu au Sénat de la République. Dans cette sorte de jeu, il est aisé de comprendre que des ordres ont été passés pour la validation des pouvoirs de ces sénateurs.
Nul ne peut oublier l’insulte de ces tuteurs de la République d’Haïti qui ont osé déclarer que la mascarade des 19 avril et 21 juin 2009 constitue de bonnes élections. Ces mêmes Etats-Unis d’Amérique ont proclamé leur volonté de soutenir ce processus frauduleux d’exclusion socio-politique. Peu importe l’avenir démocratique du pays, puisque le pouvoir est solidement entre les mains des exploiteurs ; que les masses avec leur misère et leur désespoir sont exclues. Donc, le vin est tiré, il faut le boire !
«Quelle était la position de ces sénateurs qui se disent pour la démocratie, pour la transformation qualitative et quantitative de la République d’Haïti »?
Le sénateur Kelly C. Bastien reviendra assurément en selle, selon des mauvaises langues opinant sur une magouille concoctée pour valider le pouvoir de ces sénateurs. Dans les couloirs du Sénat, il se dit que la majorité Lespwa portera le sénateur Kelly C. Bastien à nouveau à la présidence du grand corps, aux élections du 9 septembre pour la formation du nouveau bureau. Certains sénateurs, entre autres,
Hector Anacacis, Rudy Hériveaux, Edmonde Supplice Beauzile, Andris Riché, qui ont joué le jeu de la chaise vide, sous prétexte de protester contre des fraudes électorales, savaient fort bien que les choses allaient se passer ainsi. D’ailleurs, ils n’ont aucune divergence avec ces sénateurs issus d’élections anti-démocratiques, néanmoins certains voulaient avoir une plus belle part du gâteau électoral. Youri Latortue n’a-t-il pas déclaré que tous les sénateurs étaient d’accord avec la validation ?
Par ailleurs, la séance d’interpellation projetée par la
Chambre des députés, le mardi 8 septembre 2009 a été annulée. Les »
présidents des commissions de la Chambre basse ont décidé d’annuler cette interpellation. Paraît-il, c’est un faux prétexte qui a poussé des députés à invalider et à annuler la séance d’interpellation. Etaient interpellés : Jean Joseph Exumé, ministre de la justice, Daniel Dorsainvil, ministre de l’Economie et des Finances et Olsen Jean Julien, ministre de la Culture et de la communication. L’exigence
d’interpellation frappait aussi le chef du gouvernement, Mme Michèle Pierre-Louis qui devait accompagner ces ministres.
Le député Jonas Coffy, le principal interpellateur, a énergiquement réagi en dénonçant une massive
distribution d’argent à des députés A corrompus, pour sauver ces minis- cette tres de la destitution. « Je profi te de l’occasion pour informer l’opinion publique nationale et internationale de la déviation de l’interpellation. Depuis hier matin, l’argent de La- par chèque, mais en liquide. Je demande au président du pays, son Excellence, René Préval, l’article 136 de la constitution lui a donné des prérogatives de veiller à la bonne marche des institutions. Je lui demande de diligenter, immédiatement, une enquête sur le Ministère des fi nances, spécialement sur le ministre qui a débloqué beaucoup d’argent pour dévier une séance d’interpellation. Je demanderai aussi au bureau de la Chambre des députés de diligenter une enquête à la Chambre des députés sur tous les députés soupçonnés de corruption pour leur participation à l’argent du Ministère des Finances.», a martelé Jonas Coffy.
Ainsi va le Parlement haïtien dans un pays oú les grands perdants sont les masses défavorisées. Ce Parlement par lequel tout doit passer. Ce Parlement inventé pour punir le peuple haïtien, vient de recevoir des mains de l’Exécutif le projet d’amendement de la Constitution de 1987. Une constitution
qui n’a jamais été respectée, voire même appliquée, va être l’objet d’amendement. Si cet amendement, au moins, pouvait concerner l’exclusion de l’armée d’Haïti, c’eût été satisfaisant. Malheureusement !
Le député Steven Benoît, a également fait le dépôt d’une proposition d’amendement au Parlement.
Avec tout ce qui s’est passé dans cette institution, voguant de scandale en scandale, comment le citoyen patriote, pourrait-il accorder le bénéfice de l’honneur et de l’estime à une telle institution.
Hervé Jean Michel