La mémoire au service des luttes : Cacique Hatuey

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Il y a 509 ans, le 2 février 1512, le chef taïno Hatuey résistant à la conquête espagnole est sauvagement exécuté par les envahisseurs.

Né à Hispaniola, dans la région de Guahaba (près de la ville actuelle de Limbé, Haïti), Hatuey fait partie des chefs les plus respectés et influents de l’île. Il maintenait l’harmonie sociale au sein de son groupe et résistait à toutes tentatives d’invasion, notamment contre celles des Caribes qui n’ont jamais pu le vaincre. 

Lors de l’invasion espagnole et la mise en esclavage des Amérindiens dans les mines d’or, Hatuey organise et dirige une rébellion contre les troupes de Nicolas de Ovendo, proclamé gouverneur de l’île par les autorités espagnols. Après une résistance héroïque qui met en déroute les envahisseurs, ces derniers reviennent avec plus de forces et d’armes et prennent possession de Guahaba. Hatuey se réfugie dans la forêt avec ses guerriers. Plus tard, en canots, avec 400 Amérindiens, il est contraint de fuir et arrive à Maisi, à l’extrême extrémité sud de Cuba. 

Là-bas, malgré les difficultés, Hatuey réussit à convaincre les habitants de Maisi de se préparer à la lutte. Il savait que les envahisseurs espagnols ne reculaient devant rien pour s’accaparer des “petites pierres dorées”, déjà considérées, par lui, comme une malédiction pour son peuple.  

  En 1511, Diego Velasquez arrive à Cuba avec une force expéditionnaire composée de 300 soldats. Il y fonda la ville de Baracoa, située dans la même région que Maisi. 

Hatuey et ses hommes ne tardèrent pas à attaquer les envahisseurs. Voici comment l’historien cubain Oscar F. Carbonell décrit ce moment tragique dans l’histoire de l’île : « Hatuey ordonna de jeter tout l’or dans la rivière, pensant avec une certaine innocence, que l’absence de ce métal  (…) apaiserait l’ambition et la méchanceté des Espagnols. Les femmes et les enfants sont amenés dans la forêt. Avec leurs arcs, leurs flèches et leurs lances, les hommes du brave cacique se sont préparés au combat (…) qui s’est produit peu de temps après le débarquement (des Espagnols). Mais rapidement les arquebuses se sont imposés aux armes primitives des rebelles. » 

Hatuey perdit plusieurs guerriers tandis que quelques Espagnols furent légèrement blessés.   

Devant la supériorité des armes des envahisseurs, Hatuey change de stratégie. Il opte pour la guérilla qui semble porter fruit: elle consiste à attaquer par petits groupes et monter des embuscades. Les Espagnols sont contraints d’arrêter leur avance, leurs attaques contre des groupes de rebelles dispersés s’avérant inefficaces. 

Un Amérindien capturé et torturé fournit des informations qui permettent la capture de Hatuey. 

Emmené devant Velasquez qui lui promit la vie sauve s’il dévoilait l’endroit où se trouvait l’or, Hatuey répondit qu’il préférait mourir que d’être l’esclave des Blancs.  Il fut condamné à être brûlé vif sur un bûcher. 

Au moment de sa mort, le père Juan de Tesin, un franciscain qui faisait partie de l’expédition espagnole, lui propose le baptême pour soi-disant effacer ses péchés. Bartolomé de La Casas raconte le dialogue suivant suite à cette proposition : 
« Et les Espagnols, où vont-ils après la mort ? » demande Hatuey.

« S’ils sont baptisés, évidemment, ils vont au paradis. »
« Ah ! dit Hatuey, les Espagnols vont au paradis… Dans ce cas, je ne veux pas y aller. Ne me baptise pas. Je serai mieux en enfer qu’avec des êtres aussi cruels. »

La résistance héroïque de Hatuey à la conquête espagnole marqua à jamais la mémoire populaire des peuples  antillais. Hatuey est célébré chaque 2 février comme l’un des principaux résistants à la conquête coloniale. Aujourd’hui, bon nombre de pèlerins se rendent chaque année sur le lieu de son exécution près de la ville de Bayamo.

Connaître les résistances d’hier aide à construire celles d’aujourd’hui.

Repose en paix frère et camarade. Merci pour cette leçon de dignité et de résistance à l’oppression!

 

Texte: FUIQP et Alain Saint-Victor 

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