« Enfin, on a tué le bandit ! » Tel est le titre paru dans le journal Le Nouvelliste au lendemain de l’assassinat le 1er novembre 1919, près de Grande Rivière du Nord du chef des Cacos, Charlemagne Péralte par les sbires des forces de la première occupation américaine. Ce massacre n’a pas empêché la poursuite de la lutte contre l’agression impérialiste américaine en Haïti ni le nom de Péralte de passer à la postérité et poursuivre son chemin et d’être la figure emblématique symbolisant l’anti-impérialiste en Haïti. Donc, ne nous étonnons pas si un tel titre revient à la une de l’actualité dans une certaine presse dans la mesure où il constitue le rêve tant convoité par un grand nombre de serviteurs de l’impérialisme néocolonial.
L’actuel pouvoir de transition, n’est ni un régime du dialogue ni un régime démocratique que les capitalistes prétendent avoir établi. C’est un Exécutif qui fait feu de tout bois, non pour résoudre le problème de l’insécurité, de la violence et œuvrer à sortir le pays de son état actuel, mais pour éliminer certains individus gênants ou du moins une des figures les plus médiatisées du moment, l’ancien policier, chef du mouvement « Vivre Ensemble », Jimmy Cherizier.
Il n’y a guère de surprise. C’est plus qu’une évidence, depuis longtemps son assassinat brutal et spectaculaire a été planifié en tout cas programmé. Le projet a été relancé suite à l’échec des autorités haïtiennes aux Nations-Unies, qui se sont heurtées à la position ordonnée et organisée de la Russie et de la République Populaire de Chine s’opposant à la transformation de la Mission multinationale en cours en Haïti en Mission de paix de l’ONU. Pour mémoire, rappelons que le projet de transformer la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité en Haïti (MMAS), en mission de paix des Nations-Unies n’est pas une initiative des dirigeants fantoches haïtiens. Ces laquais n’ont fait que répéter cyniquement comme des perroquets ce que leur maître, leur patron Antony Blinken leur avait dicté publiquement lors de sa dernière visite éclair à Port-au-Prince.
Cet échec, combiné à une dénonciation publique faite récemment sur les ondes de Radio Méga, dans l’émission « Boukante Lapawòl » animé par Guerrier Henri qui nous a inondés d’un flot d’informations selon lesquelles le Conseil Présidentiel de Transition aurait envoyé des émissaires dont l’activiste bien connu Dickson Oreste pour négocier avec certains chefs de groupes armés. Cherizier rapporte dans une interview avec Boukante Lapawòl, que lui, avec deux autres hommes armés, ont eu des conversations sur le téléphone de Dickson avec un des conseillers présidentiels, précisément l’ancien sénateur néo-Lavalas Louis Gérald Gilles passé depuis dans le camp du PHTK.
En effet, tout porte à croire qu’il s’agit là d’une nouvelle fabriquée de toutes pièces, afin de nuire au régime qui semble s’opposer à tout dialogue pour un changement fondamental et sortir le pays de l’impasse où il est acculé. Mais, une fois que la nouvelle a été étalée sur la place publique, le Conseil Présidentiel a été pris de panique et tenté de paralyser le pays avec des intrigues, savamment orchestrée tout en menaçant quiconque ayant eu des contacts avec ses propres émissaires. Et, en effet, le pire est arrivé, Dickson a bel et bien été assassiné le lundi 18 novembre 2024 à Delmas 48, tout près de l’église catholique Altagrace! C’est dans ce sens, que plus d’un se demande pourquoi a-t-il été fusillé ? D’autres en revanche s’interrogent : pourquoi le Conseil Présidentiel n’a rien dit et n’a même pas exigé une enquête sur la fusillade suspecte de son envoyé spécial ?
Les capitalistes évidemment font toujours des bêtises grossières pour se défendre. C’est ainsi que les premières réactions du Conseil Présidentiel ont été de passer automatiquement à la répression aveugle, en ordonnant la fermeture de l’émission qui a véhiculé le message sous prétexte qu’il alimente les discours de haine colportés par les bandits et de plus en cherchant à assassiner sciemment le principal accusateur, Jimmy Cherizier, suite à des opérations militaires et policières constantes dans le quartier populaire de Delmas 6. Le pouvoir tenterait-il de jouer le tout pour le tout en jouant la carte de l’assassinat ?
Certes, la domination oligarchique, c’est-à-dire la survie du système capitaliste, s’obtient toujours au prix d’une répression féroce et destructrice, non seulement pour détourner l’attention, mais aussi pour cacher toute vérité, de sorte qu’aucune perspective ne soit possible. Nous devons continuer à résister à ce gouvernement, à ces irréductibles du pouvoir qui ne nous réservent qu’un avenir de misère.
Nous l’affirmons : ce système bourgeois, corrompu qui opprime et exploite les classes défavorisées, sa seule issue est sa destruction totale pour le remplacer par une politique dynamique, progressiste, rejetant toute domination étrangère et pour l’épanouissement d’une révolution socialiste! Le prétexte est tout trouvé, utiliser la force pour éliminer le symptôme sans vraiment atteindre la maladie. Ces réactionnaires pensent qu’en ayant recours à la violence manifeste, ils gagneront la bataille et continueront à pérenniser ce système corrompu. C’est bien compter mal calculer qu’une telle situation pourrait se résoudre par le totalitarisme.
La classe politique et la bourgeoisie se trompent et leur filiation apparait au grand jour. Loin d’être des combattantes pour la cause populaire, elles sont bien des agents patentés de l’impérialisme. Elles peuvent tuer ou assassiner n’importe quel combattant, cela ne les amènera nulle part, surtout pas à la victoire dans la mesure où on peut tuer un ou plusieurs leaders cela ne réussira pas à faire taire ses disciples, ses compagnons, encore moins arriver à tuer les idées et les convictions qui les ont animé. On a tué tant de chefs, mais ils sont devenus des martyrs, des symboles permanents beaucoup plus percutants morts que vivants.
Qu’un chef authentique soit vivant ou mort ses idéaux et les nobles causes qu’il a défendus ou initiés resteront comme une flamme allumée jusqu’à ce que le chaudron alimenté par le peuple explose une fois pour toute.
Tant que les choses resteront inchangées, la page ne sera pas tournée. Les idées se renouvelleront chez les jeunes combattants car elles sont immortelles et dans une perspective de lutte des classes, ces jeunes deviendront des combattants plus aguerris, plus déterminés, profondément plus mûrs et véritablement plus engagés pour la cause, leur cause, la libération d’Haïti de l’emprise de cette élite politique antipatriote gagnée et livrée aux impérialistes occidentaux.