Le 2 octobre 2024 rappelle l’anniversaire du massacre des milliers d’haïtiens par Leonidas Trujillo le 2 octobre 1937. Pour commémorer précisément cet événement crapuleux et criminel, le Président de la République dominicaine, Luis Abinader, annonça triomphalement la déportation massive et quotidienne de milliers de travailleurs immigrés haïtiens. Quelques jours plus tard, il passa de la parole aux actes. Dans des circonstances inappropriées, en effet, nos compatriotes légaux ou illégaux, entassés comme des bêtes de somme, ont été déportées sans aucune considération humanitaire.
Ce qui sans doute n’a pas attiré l’attention de la population haïtienne, c’est le fait que le régime en place conduit par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) n’a depuis lors et ce, jusqu’à présent pris aucune position officielle ni diplomatique concernant cet agissement délirant du gouvernement dominicain.
Même aux Nations-Unies, à la 79e session de l’Assemblée générale, Edgard Leblanc Fils Président d’alors du Conseil au cours de son discours a parlé de la situation raciste qui se développe dans l’Ohio mais n’a pas soufflé un mot sur cette grave mesure discriminatoire à laquelle font face nos compatriotes en République Dominicaine.
Même avec le tollé qui s’ensuivit, le gouvernement raciste d’Abinader s’amuse à dénationaliser et expulser illégalement toute personne à la peau noire même des dominicains d’origine haïtienne. Tandis que, le gouvernement haïtien fait le dos rond, se contentant d’avaler tout cela comme une entité neutre ne se sentant pas concerné du sort de ses ressortissants victimes de la discrimination.
Peut-on rester insignifiant, insensible face à une telle catastrophe humanitaire s’il ne s’agissait pas d’un complot concocté entre Luis Abinader et les soi-disant dirigeants haïtiens pour que ces figurants purement décoratifs ferment leurs yeux et leurs oreilles pour qu’ils ne réagissent pas sur ce dossier brulant ?
Ce ne serait pas étonnant, puisque juste après l’assassinat de Jovenel Moise, le gouvernement d’alors, sous la direction du Premier ministre de facto Ariel Henry apportait tout son soutien à la diplomatie dominicaine face à celle de son pays. Le démêlé entre le ministre haïtien des Affaires Étrangères Claude Joseph et le Président Abinader en est l’illustration dans la mesure où, Ariel Henry avait tranché en faveur d’Abinader qui lui réclamait le limogeage de son chef de la diplomatie.
Rappelons que, quand cet incident avait eu lieu, l’Ambassadeur d’Haïti accrédité au territoire voisin, n’avait été autre que l’actuel Conseiller-Présidentiel Smith Augustin.
Un autre incident illustrant l’aspect de soumission des dirigeants de cette Transition à l’égard de la présidence dominicaine. C’est le cas du Consul par intérim d’Haïti à Santiago, James Jacques qui, dans la nuit du 24 juin 2022, a été maltraité et arrêté par des policiers dominicains alors qu’il défendait face aux agents de la Migration les droits de nos ressortissants.
Au lieu de supporter le Consul, le ministre des Affaires Étrangères et des Cultes de l’époque, Jean Victor Généus, dans une lettre adressée à l’ambassade de la République dominicaine en Haïti sur cet incident s’abstenait d’évoquer et de dénoncer la violation des droits des migrants haïtiens et le traitement inhumain qu’ils subissent de la part de l’armée dominicaine. Honteusement, il relatait de préférence que l’ex-Consul James Jacques, du Consulat d’Haïti à Santiago avait déjà démissionné.
Tout ceci pour dire que la diplomatie haïtienne est depuis un certain temps à la traine du gouvernement dominicain. N’en parlons pas du dossier du Canal sur la rivière Massacre dans la plaine de Maribaroux auquel Ariel Henry, Garry Conille et le Conseil Présidentiel n’ont jusqu’à présent porté aucune attention à cette réalisation, reflet, pourtant, de notre souveraineté nationale pour ne pas décevoir Abinader très considéré par l’élite puante haïtienne. Or, l’individu représente la menace principale pour Haïti vu sa prétention de jouer un rôle de sous-impérialiste.
La dernière goutte d’eau qui va renverser le vase et confirmer clairement l’influence de l’Administration d’Abinader sur les régimes fantoches haïtiens est la réaction du Conseil Présidentiel au dernier évènement et surtout la position de Leslie Voltaire par rapport à une certaine déclaration hostile de l’ancienne ministre des Affaires Etrangères, Dominique Dupuy, à l’encontre du Président dominicain.
Comme l’a sollicité le Président dominicain, la ministre a été tout bonnement limogée et pour la remplacer dans le nouveau gouvernement du Premier ministre Alix Fils-aimé, Voltaire insinua l’ordre à tout candidat d’éviter tout affrontement direct avec le chef de l’Etat dominicain. N’est-ce pas une façon de dire que nous nous soumettons à tout diktat du chef de l’Etat voisin ?
C’est dans ce contexte qu’on doit comprendre que le caméléon Harvel Jean Baptiste qui occupait le poste de chef de cabinet de l’ex-ministre des affaires étrangères Jean Victor Généus est justement l’heureux élu choisi pour le poste de ministre des Affaires Etrangères pro-Abinader. Ce ne serait que la continuation de la politique d’Ariel Henry et de Jean Victor Généus pour faciliter la mainmise de la République dominicaine et la liquidation de notre dignité nationale.
Dans ce conflit historique, il ne peut y avoir aucune forme de neutralité ou d’innocence. De quoi peut-on espérer d’un tel gouvernement qui ne saurait s’engager à mettre en œuvre le pays de sorte qu’il sorte de sa léthargie politique et économique ? Le prétendre, c’est faire preuve de malhonnêteté intellectuelle. Cacher la vérité pour faire croire au mensonge tout en apportant leur solidarité au gouvernement réactionnaire, fasciste que dirige Luis Abinader n’est autre qu’un acte de traîtrise.
Une chose est certaine, monsieur Voltaire et tous ces complices, acolytes mercenaires de la classe politique traditionnelle ont des investissements et des intérêts à défendre là-bas, et pour autant ils piétinent la patrie haïtienne, leurs desseins seront tous voués à l’échec. Eux qui, comme Sténio Vincent, préfèrent la honte infligée à leur peuple et donnent plus d’importance à leur situation personnelle qu’elle soit d’ordre de soins de santé ou autre, qu’importe ! Elle passe au-dessus de celle de la Nation. Vous êtes tous des Conzé ! Honte à vous !
Avec des individus faisant montre d’une telle platitude, sans orgueil national, mais se déclarant fièrement Président d’Haïti et qui priorisent l’intérêt d’une autre nation au détriment du sien, vous ne serez rien d’autre qu’une honte nationale, imposé par les puissances dominantes pour procéder à la destruction du pays.
A ce compte, le peuple haïtien ne doit pas rester indifférent et accepter n’importe quoi sans aucune réaction face aux manœuvres antinationalistes du régime en place, des traîtres qui n’ont aucune velléité de restaurer l’autorité de l’Etat, le redressement économique et social, voire défendre les causes nobles de manière à hisser le pays à la place qui lui revient au concert international des peuples qui ont fait l’histoire avec un grand H.