Bel-Air, mon quartier, encore, je te pleure

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La statue de Madan Kolo au Bel-Air

« Venez voir le sang dans les rues,
Venez voir
Le sang dans les rues,
Venez voir le sang
Dans les rues »

Pablo Neruda

Je pleure les morts, les vivants, les brigandages des bandits légaux dans mon quartier.  Oui, ce quartier, l’irrésistible, le mythique Bel-Air où pendant les grandes vacances d’été, du matin au soir, je savais jouer au football avec des copains de Rue Saint Martin, Delmas 2 et 4, Sans-fil, Rue Tiremasse, Corridor Batsia, Ruelle Estimé, Carrefour Péan, Delmas 18 et 24, Solino etc.   Sous les yeux des autorités et des agents de la police nationale d’Haïti, les criminels ont encore tué.  Je pleure l’histoire récente de La Saline, Cité Soleil et Carrefour-feuilles, Pont-Rouge qui est en train de se répéter dans mon quartier du Bel-Air, là où se trouve mon Lycée Alexandre Pétion, l’Aigle Noir, la prestigieuse équipe de football.

Je pleure ce qui est arrivé dans ce quartier.

Je pleure pour les habitants de ce quartier, qui n’ont plus de larmes à verser dans une Haïti où ce sont les bandits légaux qui font la loi. O Bel Air! O Bel-air mon quartier, à distance, je ressens ta souffrance.  Du pays de l’Oncle Sam, j’imagine les enfants, les mères et les pères sans défense, qui courent partout et ailleurs pour se mettre à couvert contre les balles des vauriens, les griffes maléfiques des vautours, des bandits légaux en fonction.  Bel-Air, je te pleure pour les habitants qui ne peuvent plus pleurer ses morts et les pertes de leurs maisons et voitures brulées par des gangs à la solde d’un État voyou.  Je pleure les enfants d’aujourd’hui ainsi que les générations passées des grands athlètes, écrivains, musiciens et hommes politiques.  Je pleure tous ceux et toutes celles qui, mêmes durant la dictature, ont connu un meilleur Bel-Air sur des terrains de football, dans des salles de cinémas etc.  Je pleure du fait que je ne peux plus contempler la beauté de ces illustres souvenirs.

Je pleure, quand du pays de l’Oncle Sam, je demande à des amis qu’est-il advenu du Bel- Air? Qu’est-ce qui en reste encore à la Rue des Césars, Tiremasse, Sans Fil, Carrefour Péan, Corridor Batsia, Morne Marinette, Rue Saint Martin etc?

Je te pleure encore quand je lis dans les journaux en ligne les histoires quotidiennes de ta décrépitude.  Tous les beaux souvenirs des anciennes maisons aux passés mémorables de certains quartiers du Bel-Air ne sont plus et tout se perd dans l’horreur de ce qui lui arrive avec des dirigeants voyous et immoraux.

Du Bel-Air où j’ai grandi à celui d’aujourd’hui avec des rues sales, des bandits qui sèment le deuil dans les familles, il existe un fossé inouï où vient se briser le cœur des anciens et des nouveaux Bel-airiens. Lorsque, sous les menaces des bandits, les habitants de ce quartier sont obligés d’abandonner leurs maisons et leurs beaux souvenirs d’enfance, donc je te pleure Bel-Air, mon quartier.

L’église Notre Dame du Perpétuel Secours

Je pleure aussi l’espoir qu’un jour, les Bel-airiens puissent reconstruire leur Bel-Air d’autrefois.  Vous du Bel-Air, anciennes et actuelles générations pour tout ce que ce quartier représente pour chacun d’entre nous, nous pouvons être le futur du ce grand quartier.  Bel-airiens, Bel-airiennes, je vous dis, en avant, en avant et vous demande de ne pas oublier ni négliger le Bel-Air.  Comme moi, souffrez avec les victimes pour que dans un avenir pas trop lointain, vous soyez en mesure de faire renaitre ce quartier.  N’abandonnez pas le Bel-Air aux ‘’move zè’’.

Bel-Air, je te pleure. Je pleure ce qui est arrivé dans ce quartier.  Je pleure le fait que les autorités, comme dans le cas de La Saline et Carrefour-feuilles, Pont Rouge se sont faites complices des bandits pour répandre ‘’le sang dans les rues’’ du Bel-Air.   Je pleure La Saline, Carrefour-feuilles, Pont Rouge qui, comme Bel-Air, connaissent des pertes en tous genres.  Je pleure, mais surtout, j’espère que ce sera la dernière fois que nous, les gens de La Saline, Carrefour-feuilles, Cité Soleil, Pont Rouge, Caravel, Mayard, Sans-fil, Carrefour Péan, Solino, Delmas 2, 4, 6, 18 et 24, Cité Saint Martin et Bel-Air en général, assistons à des actes de banditismes de cette magnitude.

Nous ne voulons, de Madan Kolo à Jacob, plus voir le sang du peuple se répandre dans les rues.

Notre Dame du Perpétuel Secours veille sur les habitants du Bel-Air.  Notre Dame, tout en éclairant, en ce moment ténébreux, le chemin de tous tes enfants, sois toujours perpétuelle en faveur des habitants du Bel-Air.

Prof. Esau Jean-Baptiste

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