C’est par centaine de milliers qu’on compte le nombre des personnes contaminées dans le monde ; presqu’autant de morts. Tous les jours. Pour le nombre de personnes confinées ou enfermées chez elles à travers la planète, elles se comptent en milliard. Il n’y a presque plus de vie sociale. Loisirs, culture, restaurant, tout s’est arrêté. Les grands Centres commerciaux, fermés ; sauf les pharmacies et quelques rares magasins de produits alimentaires sont autorisés à certaines heures. Bref, tout s’est arrêté ou presque. L’économie mondiale est en chute libre. Les experts en statistique économique attendent ce qu’ils appellent la récession. En fait, une diminution des activités économiques pour une période donnée qui se traduit par une baisse du PIB (Produit intérieur brut) pour les Etats. Si la vie continue, l’espèce humaine s’inquiète. Elle se sent même menacée dans son existence.
Certains pessimistes ou prophètes de malheur appellent cette conjoncture : le début de l’apocalypse. La fin du monde. La cause, la pandémie de Covid-19, qu’on appelle aussi Coronavirus. Ce virus est bien celui du siècle. Il semblerait qu’il y en ait un tous les cent ans. La plus connue de la dernière grande pandémie se nomma : la grippe espagnole qui s’est répandue de 1918 à 1920. On dénombra entre 50 et 100 millions de morts dans le monde. Mais, le Coronavirus ne semble pas avoir de comparaison. La brutalité et la rapidité avec lesquelles il attaque et tue ceux qui sont contaminés demeurent presque un mystère même pour les spécialistes. Les médecins et les spécialistes des maladies infectieuses tentent tout de même de rassurer les populations qui, devant la multiplication des nombres de contaminés et surtout de décès, sont atterrées et inquiètes. Depuis la fin de l’année 2019 quand le virus est apparu pour la première fois en Asie, c’est la course contre la montre à travers la planète afin de trouver un vaccin pour contrecarrer sa propagation.
Tous les pays où il existe des laboratoires consacrés à la recherche médicale et sanitaire s’y mettent et se concentrent sur ce virus qui continue de se répandre partout. Car, les laboratoires du monde entier savent que celui qui, le premier, aura mis au point le vaccin contre le Covid-19 sera tombé sur une mine d’or. D’où une compétition féroce à laquelle se livrent les chercheurs des grands laboratoires mondiaux qui rivalisent en info et en intox pour tromper la vigilance de la concurrence afin d’être les premiers sur le podium. Heureusement, les médecins et leurs collaborateurs, les Aides-soignants, les infirmières et tout le personnel médical ne pensent qu’à respecter le célèbre « Serment d’Hippocrate » dont on relève cet extrait « Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. » Même si ce serment n’a pas de valeur juridique, il demeure néanmoins l’un des textes fondateurs de la déontologie médicale. Et, en cette période de calamité mortifère, les peuples les plus démunis en matière sanitaire attendent beaucoup de ces disciples d’Hippocrate, bien loin devant les grands propriétaires des laboratoires de recherche dont le premier souci reste le profit financier.
Pendant que les chercheurs et les médecins tentent de coordonner leurs violons sur tel ou tel médicament, le Coronavirus, lui, continue sa course en même temps que les autorités politiques qui essaient de leur côté de contenir, comme elles peuvent, la propagation de la maladie. Dans cette guerre mondiale contre le Covid-19, il n’y a pas de grands et petits Etats, ni pays riches ni pays pauvres. Certes, sur le plan d’infrastructures médicales les pays riches ou mieux organisés gardent une longueur d’avance sur d’autres comme Haïti où les dirigeants attendent toujours que le mal arrive pour qu’ils tentent de sauver les meubles avec, comme toujours, l’aide de l’extérieur. L’arrivée du Coronavirus en Haïti, Dieu merci, est de manière très très modérée, en comparaison avec d’autres pays du continent américain, voire de la République Dominicaine voisine qui a déjà enregistré un nombre impressionnant de malades et des morts devant quelques rares cas officiellement reconnus en Haïti.
Pour tous les observateurs, c’est déjà un miracle que le pays soit très peu touché par ce mal qui, si vraiment il devait frapper comme cela s’est fait en Asie, en Europe et même en Amérique latine, aurait été plus qu’une catastrophe sanitaire mais bel et bien humanitaire dans la mesure où mêmes les autorités gouvernementales reconnaissent que le pays ne dispose d’aucune structure de soin adéquat pouvant accueillir régulièrement des personnes qui seraient atteintes de Coronavirus. D’ailleurs, c’est un euphémisme de dire qu’en Haïti il n’y a pas d’hôpitaux ayant la capacité de traiter cette maladie si par malheur le pays devait enregistrer un nombre élevé de personnes testées positives et présentant des cas sévères qu’il faudrait prendre en charge. Même des pays comme l’Italie, l’Espagne ou encore la France se retrouvent quasiment dans l’incapacité de faire face, seuls, par rapport au nombre de lits disponibles pour traiter convenablement leurs malades.
Comme la Chine tout au début de la pandémie, tous ces pays ont dû faire appel à leurs forces armées pour faire face à des milliers de gens touchés par le virus ; sans compter les moyens humains et matériels considérables sur le plan civil dont ils disposent. Les Haïtiens, pour le moment, on peut le dire, l’ont échappé bel. Ce n’est certainement pas dans les squelettiques hôpitaux publics comme privés qui sont en réalité des coquilles vides où même l’eau pour se laver les mains manque que les médecins et le personnel soignant, certes dévoués pour ceux qui n’ont pas pris la fuite, allaient pouvoir faire quelque chose. Et ce ne sont pas les 124 lits disponibles pour les 12 millions d’habitants qui pourraient faire la différence ni faciliter la prise en charge des éventuels malades. Si pour l’heure rien n’explique pourquoi ce fléau a épargné miraculeusement ce pays si vulnérable, il est à noter que ce ne sont pas les mesures mises en place par les autorités qui ont fait leurs effets. Certes, très tôt le gouvernement qui est secondé par l’OMS/OPS (Organisation Mondiale de la Santé et Organisation Panaméricaine de la Santé) qui lui avaient envoyé des tests de dépistage et par les Etats Unis d’Amérique à travers USAID, avait pris certaines mesures une façon de faire comprendre à la population que ce n’est point un jeu cette affaire de Covid-19 même s’il savait qu’il n’y avait aucune chance de faire respecter les consignes gouvernementales.
en Haïti, il n’y a pas d’hôpitaux ayant la capacité de traiter cette maladie si par malheur le pays devait enregistrer un nombre élevé de personnes testées positives et présentant des cas sévères
Surtout pour une maladie dont la première protection unanimement reconnue par la gent médicale demeure le lavage des mains avec du savon. Or, il se trouve qu’en Haïti, assez curieusement que cela puisse paraître, l’eau reste une denrée rare, très rare bien que à chaque averse de pluie c’est toute la République qui se retrouve sous les flots. Encore, un autre paradoxe de ce pays. Comment imposer à une population l’élément d’hygiène le plus élémentaire qui est de se laver les mains régulièrement avec de l’eau et du savon quand la plus grande partie de cette population n’en dispose pas ? Faut-il le rappeler pour les gens qui dirigent ce pays. ? Depuis des lustres, les Haïtiens ont le plus grand mal à avoir la moindre goutte d’eau pour se laver tout court s’il ne pleut pas ou s’il ne dispose pas de moyens financiers pour s’acheter un camion d’eau non potable d’ailleurs. Voir « Haïti, l’état de la Nation » page 155 ; W. K. Fleurimond, Ibis Rouge Éditions, 2015.
Les médias du pays, surtout les radios qui font un travail remarquable de transmission des informations gouvernementales en vue de protéger la population, doivent mettre aussi en exergue cette anomalie qui est une tare de la société haïtienne en plein 21e siècle. Bien sûr, en prenant ces mesures, les autorités de l’Etat comptent sur la Communauté internationale comme d’habitude pour les aider à trouver des ressources financières pour les accompagner durant cette crise ou guerre contre le Coronavirus. En effet, l’OMS outre et OPS qui viennent à leur secours en leur octroyant des masques et des paillettes de tests pour la Communauté médicale, la Banque Interaméricaine de Développement (BID) a dû mettre en veilleuse quelques projets non urgents afin de trouver des fonds pour venir au secours du gouvernement. Ainsi, une enveloppe de 50 millions de dollars a été mise à la disposition d’Haïti dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.
Selon le Premier ministre Jouthe Joseph qui a annoncé la bonne nouvelle pour les autorités, cet argent servira de fonds pour acheter des matériels dont Haïti a besoin pour équiper les Centres hospitaliers du pays entre autres : respirateurs, ventilateurs, des lits et des tests. Bien que le gouvernement promette une transparence totale dans la gestion de cette pandémie, certains, non des moindres, craignent déjà un nouveau scandale de détournement de l’argent public comme pour les fonds PetroCaribe dans cette période de panique où le Président Jovenel Moïse a déclaré, comme la quasi-totalité des gouvernements du monde, l’état d’urgence sanitaire en Haïti en vue de mener la guerre contre le Coronavirus. Toujours selon le chef de la Primature, le pays dispose de plusieurs Centres d’accueil pour des personnes atteintes de Coronavirus « Nous avons déjà construit trois buildings dans les départements de l’Artibonite, du Nord et du Sud. Nous sommes en train d’en construire un autre à Ouanaminthe. Nous avons déjà commandé un lot d’équipements pour ces Centres. Cette commande comprend 20 000 tests, des lits, des ventilateurs, des respirateurs artificiels, du chlore, etc. Nous avons construit ces Centres car les installations dont nous disposons en Haïti ne sont pas suffisantes en cas d’une flambée de Coronavirus dans les prochains jours. C’est pour cela que nous devons être bien équipés pour faire face à ce scénario. Il y aura également des équipements pour le personnel qui s’occupera de la prise en charge ».
(A suivre)