Le Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH) que dirige Mme Helen M. La Lime, représentante du secrétaire général de l’ONU en Haïti vient de publier un communiqué daté du jeudi 19 décembre 2019, et dans lequel on lit : « À la suite d’un grand nombre d’entretiens et de discussions, les Nations Unies ont réalisé un sondage, afin de mieux comprendre les perceptions des citoyens haïtiens. Les résultats sont concluants. Neuf haïtiens sur 10 voient le dialogue comme la meilleure voie pour sortir de la situation actuelle ».
Ainsi selon le communiqué, « le Binuh encourage la participation de tous les secteurs notamment les jeunes, le secteur paysans et tous les partis politiques indistinctement à prendre part à ces discussions. Il encourage également les acteurs haïtiens à poursuivre le dialogue pour trouver une solution à la crise politique. Le Binuh s’engage à appuyer les efforts consentis en vue d’une sortie de crise par la voie du dialogue. Le mécontentement économique, couplé avec les problèmes liés à la faiblesse de l’état de droit et la rupture du contrat social, exigent un dialogue constructif et inclusif, avec la participation de toutes les forces vives de la société haïtienne ».
Soulignons que ce communiqué qui reflète entièrement la position des Etats-Unis d’Amérique et en somme de tous les pays dont Haïti est sous tutelle est venu juste après l’échec constaté de la négociation réalisée par le Bureau des Nations Unies (BINUH) , de concert avec la représentation diplomatique de l’OEA et la Nonciature Apostolique qui n’a rien accouché et qui en fait n’a justement pas permis de trouver un consensus sur la formation d’un gouvernement comme le rêvait Jovenel pour les fêtes de fin d’année.
Certains acteurs tels que Joseph Lambert de Kona, Paul Denis de Inifos et Éric Jean Baptiste du RDNP qui n’ont pas signé les Accords de Marriott et Kinam et qui voulaient bien se retrouver dans un accord de troisième voie, un cadeau empoisonné pour le maintien de Jovenel Moise, ont indiqué dans la déclaration finale: « cette rencontre est un pas positif et une démarche constructive qui doit se poursuive afin de rassembler tous les acteurs représentatifs de la société en vue de la résolution de la crise. Nous profitons de l’occasion pour remercier la Nociature Apostolique pour son hospitalité ainsi que les acteurs internationaux qui ont accompagné cet effort, notamment les Nations Unies et l’OEA ».
Pour enchainer dans la même logique, le dialogue au local de la Nonce apostolique n’était même pas encore achevé pour en savoir les résultats que le cabinet du président Jovenel Moise invitait le 19 décembre au palais national les acteurs de l’opposition signataires de l’Accord de Marriott pour une rencontre avec le président, le lendemain vendredi 20 décembre. Pour renforcer son cabinet, Jovenel a écrit sur twitter « La crise qui secoue le pays depuis plusieurs mois a trop duré. En cette période de fête, j’invite mes compatriotes de l’opposition à se joindre à moi, afin qu’ensemble nous offrions un accord politique en signe de cadeau à notre peuple qui souffre de cette crise ».
Rencontre que l’opposition entière pour des raisons particulières a boudée pour éviter sans doute un cadeau empoisonné. En effet, des points sérieux de divergence existent entre l’Alternative Consensuelle, Mache Kontre, l’opposition institutionnelle, le Bloc Démocratique, le Forum Patriotique Papaye, tous des adhérents de l’accord de Marriott, et la présidence. Les premiers sont pour un dialogue sans Jovenel, pourtant la Communauté Internationale veut un dialogue pour le maintien du second en tant que président légitime.
Voilà pourquoi Jovenel s’accroche à l’Internationale et au programme bien huilé, bien orchestré qu’on lui ordonne d’appliquer à la lettre. Sans perdre de temps, le dimanche 22 décembre 2019, il se lance dans une autre aventure de dialogue, baptisée cette fois de « dialogue communautaire ». Le président avait pour interlocuteur dans ce dialogue des représentants de 57 quartiers, des ministres de son gouvernement ainsi que des directeurs généraux. A quoi cela rime ?
L’essentiel toutes ces initiatives de dialogue n’est que pour faire passer le temps de sorte que Jovenel arrive au deuxième lundi du mois de Janvier 2020.
Il annonce déjà les couleurs contre ses anciens amis de la bourgeoisie rétrograde qui lui tournent le dos. En fait, il a réagi de façon démagogique tout comme son ancien patron Reginald Boulos qui se vantait en se faisant passer pour un chef de parti progressiste (sic), un homme du peuple (resic) et à qui Jovenel déclarait « Ti rès la se pou pèp la » « Le reste, c’est pour le peuple ».
La responsabilité revient aux vrais progressistes révolutionnaires de barrer la route à ces roulibeurs, cette bourgeoisie compradore traitre à la nation, serviteur authentique des puissances exploiteuses qui prennent des positions trompeuses pour continuer à détourner le peuple de sa lutte de libération nationale.