Degage w, Jovenel, et puis, vite, dégage !

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Jovenel, on n’en veut plus de ce visage grimaçant, méprisant. Dégage !

Y en a qui sont entêtés à perdre la raison, à défier les normes de la moralité, du respect envers ses concitoyens, de la bonne tenue en société, du bien vivre, du bon exemple à donner surtout quand on est censé être un leader exemplaire, un guide avisé. Y en a qui ont perdu le nord du partage équitable des ressources d’un pays, le sud de la convivialité citoyenne, l’est de la solidarité avec l’humanité souffrante, l’ouest de la perspective d’un autre monde possible.

En vérité, Jovenel tient tout entier dans ce premier paragraphe. Il semble avoir perdu la raison: il persiste à défier la colère pacifique de la rue, le ras-le-bol de la nation impatiente de tourner la page de l’horreur, de la faim, de la misère, d’une corruption effrénée, d’une insécurité au profil de terrorisme d’État, d’une vie sans alternative de changement ; sans perspective d’accès aux services de base, sans une lueur d’espoir que les pouvoirs publics puissent enfin se mettre au diapason des demandes sociales ; sans la satisfaction de voir le gouvernement tenter de mobiliser les forces vives de la nation autour des grands défis émergents et des attentes de la nation.                                                                                                                                                     En vérité, Jovenel a démissionné depuis belle lurette de sa fonction de guide avisé, moral de la nation, préférant donner au peuple haïtien, à nos frères et sœurs internationalistes de Cuba, du Venezuela, de la Bolivie, au monde entier, le spectacle dégradant et honteux d’une présidence plongée jusqu’au cou dans le limon boueux du vol, de la corruption et d’une collaboration complice et à peine dissimulée avec des malfrats, des scélérats, des vauriens, des malandrins, des criminels, des gangs armés.

En vérité, Jovenel, le mercenaire politique de la bourgeoisie et de l’impérialisme, l’artisan    d’une déroute gouvernementale sans précédent dans notre histoire, d’une descente aux enfers vertigineuse de la nation, d’un mal être qui étreint une jeunesse au chômage, aux abois, aux limites d’une explosion sociale menaçant de tout chambarder parce qu’elle n’en peut plus avec un système fondamentalement et obstinément inégalitaire, sans aucune éthique, sans aucun souci du bien commun, sans aucune honte de se faire le complice d’organisations internationales qui « la pou ede vòlè yo piye devore ».

En vérité, Jovenel le corrompu fait montre d’une totale insensibilité vis-à-vis des malheurs, du deuil des catégories sociales marginalisées par ceux-là mêmes qui ont manigancé pour le faire accéder à la présidence. Cette cruelle insensibilité a été manifeste au lendemain du massacre désormais mémorable de La Saline et de la tuerie à Carrefour Feuilles. En effet, le «Corrompu en chef» n’a pas daigné saluer les parents des victimes dans l’affliction, leur offrir l’aide du pouvoir, encore moins a-t-il exigé une enquête sérieuse pour faire toute la lumière sur cette criminelle crapulerie dont ont été victimes d’innocents citoyens, en majorité des jeunes.

En vérité, Jovenel, l’asòs des gangs, le protecteur de psychopathes entraînés pour tuer et encouragés à massacrer une population sans défense, le soutireur de vils flatteurs et défenseurs d’un système dépassé, le serviteur zélé d’une bourgeoisie rompue à l’exploitation éhontée, séculaire des masses, oui, Jovenel le menteur, Jovenel l’audacieux, Jovenel le je-m’en-foutiste, n’aura pas, un seul jour, amorcé voire mettre en train un ensemble de réformes visant à refonder un État vermoulu, avili par son prédécesseur Martelly; à restructurer l’économie, à doter le pays d’un système judiciaire moderne, à rénover les services publics outrageusement défaillants sinon carrément déficients.

En vérité, en quelque quinze mois de gouvernement, Jovenel l’incapable, Jovenel le corrompu n’a rien fait pour combattre l’exclusion. Il a plutôt tout fait pour aggraver le poids d’inégalités déjà criantes et insupportables. Jovenel, le traître à ses origines paysannes, a fait de la corruption et de l’impunité deux règles cardinales de sa présidence, d’autant plus que lui-même est au cœur de l’immoralité, de l’audacité et de la criminalité qui sont l’essence même du scandale lié au pillage, détournement, usage effronté et effréné du fonds PetroCaribe.

En vérité, Jovenel le félon n’a cure de la faim qui tenaille les entrailles du peuple souffrant. Il n’a cure des rageuses et légitimes frustrations des masses qui de façon périodique occupent massivement le macadam pour revendiquer leur part d’humanité, pour exiger le respect de leurs droits à une vie digne. Il n’a cure qu’aucune suite n’est encore donnée à la cascade de violences meurtrières qui révulsent la société. Il n’a cure de rien, même pas de poignarder dans le dos le peuple frère vénézuélien qui défend la légitimité de son président démocratiquement élu.

En vérité, Jovenel Moïse, personnification de l’abandon total des responsabilités aussi bien administratives que morales attendues d’un chef d’État ne s’en inquiète pas une sacrée miette. Grave désespoir d’une jeunesse qui fuit le pays vers d’autres rives qu’elle s’imagine plus clémentes ? Délabrement accéléré de l’accès aux soins de santé, à l’éducation et autres services de base ? Prolifération débridée de gangs armés dont on sait que leurs mentors font partie soit de la PNH, soit du parlement, soit encore du pouvoir ? Menaces sur les libertés publiques semblables à celles en cours durant la satrapie duvaliériste ? Autant d’interrogations légitimes dont les réponses manifestement ne semblent pas faire partie de l’univers de gouvernance du président de la république.

En vérité, Jovenel le corrompu est-il à ce point déconnecté de la réalité qu’il ne se rend même pas compte de l’extrême urgence à arrêter l’irréparable qui est déjà à nos portes ?  Car il s’agit de l’effondrement de la gouvernance du pays tant au niveau exécutif que législatif et judiciaire. Car il s’agit de corruption effrénée, de dilapidation du trésor public, de rouages administratifs inefficients, de gaspillage de ressources, de désastreuse dépendance, d’une monnaie nationale dont la valeur par rapport au dollar U.S dégringole de façon plus qu’alarmante. Car il s’agit d’un pays qui ne se reconnait plus dans cette Haïti démocratique, solidaire, inclusive, fraternelle et souveraine qu’il voulait construire dans l’après-7 février 1986.    En vérité, sauf à réaliser que même des membres de son clan veulent se débarrasser de lui, aujourd’hui un colis encombrant, Jovenel ne sait-il pas qu’en politique il faut savoir parfois jeter du lest, perdre même quelques alliés gênants pour au moins survivre politiquement ? Le comportement de Jovenel le corrompu qui refuse de redresser la barque gouvernementale est simplement suicidaire.

Certes, on ne s’attend pas à une miraculeuse métamorphose de l’homme qui tenterait de se présenter comme une sorte de réformiste de la dernière heure – si l’on peut oser parler d’une telle éventualité – mais son inconscience et son aveuglement à garder le cap de la corruption et d’une insupportable insécurité, à refuser de mettre en marche le procès PetroCaribe sont plus que troublants. On finit par avoir l’impression que le sieur Jovenel est tellement assuré de la protection dont il jouit auprès de ses tuteurs du Core group, qu’il ne s’inquiète de rien sinon  de sauver ses privilèges et ceux de son clan, sauver le magot qu’ils ont mal acquis sur le dos de la nation en attendant de fuir en République dominicaine. Triste !

Ce que je vois pour Jovenel, il est possible que même Antoine dans les Gommiers ne l’a pas encore vu. Un présentateur à la radio, en Haïti, peu familier avec la langue de Molière (ce qui, soit dit en passant, n’est pas forcément synonyme d’inculture), qui annonçait les films de la semaine, avait lancé avec sérénité et assurance : « ce soir à six heures et à huit heures, le Rex Théâtre présente : ‘Ygrèg en a marré’. Oui, M. Jovenel, Yen a marre ! Degage w pour laisser le terrain libre au peuple haïtien et à ses vrais défenseurs. Vite, dégage !

Ces jours-ci, curieusement, il revient à la mémoire de la nation les images de fuite échevelée du président Michel  Domingue (avec une mallette d’argent volé au pays) vers le bateau qui devait l’emmener en exil; la fuite non moins affolée, comme un vrai voleur, de Baby Doc et, surtout, la fin tragique de Vilbrun Guillaume Sam. Ce n’est pas seulement Ygrèg qui en a marré, mais ce sont toutes les lettres de l’alphabet de colère du peuple haïtien et son rejet absolu, majuscule du pouvoir corrompu de Jovenel.

14 juin 2019

 

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