Qu’est-ce qui a changé depuis l’assassinat de Jovenel Moise et les deux années de la Transition dont le pouvoir de facto et la soi-disant opposition, deux faces d’une même médaille politique, ont fait leur cheval de bataille? Rien !
Au contraire, le pays a été dévasté. Ruiné. Balkanisé. La classe politique traditionnelle et le gouvernement ont choisi de se débarrasser du peuple par l’insécurité et la misère.
Les choses se sont empirées puisqu’on n’avait pas utilisé les instruments nécessaires pour combattre l’oppression des classes défavorisées dans le cadre d’un processus de luttes de libération nationale.
Le paradoxe est cependant évident, on ne peut que se réjouir de la réapparition du mot Révolution dans le vocabulaire de la lutte du peuple haïtien. N’est-ce pas le fruit de la résistance populaire pour enfin contrecarrer le caractère réactionnaire de celles et ceux occupant la direction du pays en plus du lien de dépendance inouïe que maintient la classe politique avec les Etats-Unis d’Amérique qui a produit cette dynamique ?
En effet, les conditions dans lesquelles vit un peuple déterminent son idée, sa conception et son choix politique, nous enseigne le marxisme. C’est dans cette optique qu’il faut sans doute comprendre ce grand bon en avant vers la mobilisation révolutionnaire. Il est clair, le seul fait que le peuple prononce sur la scène politique le mot Révolution inquiète déjà et fait grandement peur à certains courants surtout ceux qui oppriment les masses haïtiennes. Cette tournure décisive est dérangeante, elle panique les opportunistes, abasourdit les fossoyeurs puisqu’elle sert à signifier, qu’on le veuille ou non, la disparition d’un système et l’avènement d’un nouveau cycle de combat.
Révolution n’est pas synonyme de transition ni de négociation, on ne l’évoque jamais dans les parodies de négociation des protagonistes de la transition
Ce cri n’est pas différent de celui dont nous n’avons jamais cessé de faire la promotion dans ces colonnes avec pour objectif de conscientiser les masses et de rejeter toute sorte d’hégémonie ou domination étrangère.
Révolution n’est pas synonyme de transition ni de négociation, on ne l’évoque jamais dans les parodies de négociation des protagonistes de la transition avec les Nations-Unies, les Etats-Unis, l’OEA ou la Caricom. Ce mot est porteur d’un message plus direct, fondamentalement plus concret dans la lutte du peuple. Il donne le sentiment de vouloir changer réellement l’ordre ancien, jusqu’à sa destruction complète et de le remplacer par une nouvelle société au service de la classe majoritaire.
Voilà pourquoi ce cri spontané de Révolution dans les récentes manifestations populaires fait trembler la classe politique traditionnelle inféodée à la domination de la bourgeoisie compradore, cette classe de parasites sans scrupules assurant la survie du système capitaliste.
Le combat d’aujourd’hui contre l’horreur de la mise sous tutelle américaine emprunte une voie qui, de plus en plus, ouvre de nouvelle perspective pour les travailleurs qui auront à organiser eux-mêmes l’économie et la vie sociale du pays afin que les richesses produites soient bénéfiques à tous. La mentalité fondamentale qui se dessine à l’horizon : c’est le droit du peuple haïtien à décider par lui-même et pour lui-même de son destin jusqu’au remplacement de cet Etat central décadent, pourri et corrompu jusqu’aux os par une nouvelle structure fédérale.
Annoncer une révolution même symboliquement, c’est déjà attaquer l’impérialisme mondial et les avocats du système. C’est une attaque contre toutes les sangsues accrochées au pays et au service de l’impérialisme. Cette dynamique ou sursaut révolutionnaire permet aussi de démasquer les traitres à la Nation car jamais ils n’accueilleraient cette idée avec des fleurs. Car il s’agit d’une tentative de renversement de l’ordre politique, économique, et social établi. Ce mouvement embryonnaire que traverse le pays exige qu’une force idéologique basée sur la lutte des classes solide soit construite. Tout mouvement révolutionnaire a un programme, une idéologie, un plan d’action pour prendre le pouvoir et le garder. Tous les progressistes révolutionnaires doivent apporter leur soutien à toutes actions et démarches visant à sauver la patrie mise en danger par une élite apatride. Aux termes de la réussite, le peuple se gardera de construire un édifice politique bourgeois au bénéfice des réformistes de la classe politique.
La lutte de classe et celle contre l’oppression sont indissociables. C’est la seule voie pour épargner le pays du désastre et permettre la planification de la production de manière à ce que toute l’organisation de la société réponde aux besoins du plus grand nombre.
La révolution est pareille à la construction héroïque du Canal de Ouanaminthe, c’est une action collective impliquant la participation et le support de toutes et tous, notamment, les masses conscientes et conséquentes.
Il faut que les manifestations, les grèves et la désobéissance civile continuent de se multiplier contre le pouvoir en place et ses commanditaires de la bourgeoisie. Il faut utiliser tous les outils possibles pour sauver cette résistance pacifique afin que le mot d’ordre Révolution puisse jaillir davantage, qu’il soit repris par des milliers d’autres voix brandissant des pancartes dans tout le pays. Tout en levant haut et fort le drapeau du combat pour le socialisme.
Il faut en finir avec cette transition qui n’en finit pas. Il faut balayer les fatras politiques, les propagandistes de tout poil de ce régime criminel, de régression sociale, ses représentants et ses alliés de ladite opposition de droite comme de gauche.
Il ne peut découler qu’une seule et unique conclusion : le seul moyen d’imposer une solution démocratique est le démantèlement de ce système d’exploitation, afin que tous les Haïtiens et Haïtiennes sans exception puissent déterminer librement leur avenir.
À bas tout gouvernement capitaliste de transition ! Vive la lutte du peuple haïtien ! Vive la Révolution ! Vive le socialisme !
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