C’est sûr, tout va mal dans un Etat où fleurissent la corruption et le népotisme. Il y a longtemps qu’on aurait dû monter les barricades pour dénoncer tous les crimes atroces perpétrés au pays par les régimes vassaux des puissances impérialistes qui créent toujours les conditions favorables à la contrebande, source de la corruption impunie. Mais, maintenant enfin, une résistance pacifique s’est constituée ; un cri est en train de s’élever du monde des haïtiens de partout contre les nantis corrupteurs.
Dans la longue histoire de notre pays, l’utilisation de l’argent de Petro Caribe est un autre échantillon de vol au niveau de nos dirigeants. N’oublions pas l’histoire. C’est une situation politique créée depuis la colonisation. De telles pratiques ont été encouragées par la féodalité, à savoir que les biens de l’Etat sont la propriété privée d’un Chef d’Etat et de son entourage. L’objectivité politique nous amène à dire que cette initiative entreprise de poursuivre les coupables du détournement de l’argent de Petrocaribe est noble et doit être poursuivie jusqu’à son aboutissement.
Depuis quand Boulos et Lambert sont-ils devenus subitement des humanistes soucieux du pillage des ressources du pays?
Cependant après des semaines de mobilisation à l’issue d’une question qui s’étend jour après jour à la manière d’un tourbillon étourdissant, les voleurs n’ont pas fui le pays ou pas encore. D’où cette question que nous exprimons avec beaucoup de courage et d’inquiétude : que va-t-il advenir de cette mobilisation ? Quelle sera le résultat au bout de cette mobilisation ? La vie politique après cette mobilisation sera-t-elle la même, confuse, les gens ne sachant sur quel pied danser ? Ou bien débouchera t-elle sur un résultat concret dans l’intérêt national du pays et du peuple en particulier? Va-t-elle tracer un exemple inédit de briser une fois pour toutes et de façon irréversible l’appétit des escrocs à faux-col et en complet-veston?
A ce sujet, nous ne nous faisons aucune illusion. On ne peut pas mener une lutte dans l’abstrait et penser à sa réussite. Ceux qui ont pillé l’Etat n’arriveront jamais à prendre conscience de leur forfaiture et rendre leur tête à la justice, et quelle justice !
La vérité est que sans un objectif précis on n’arrivera jamais à un résultat précis. Et cela doit être clair. Il nous faut donner un délai, un ultimatum même à ceux à qui nous demandons où est passé l’argent de Petro caribe. Il nous faut sortir du slogan pour rentrer dans un réel mouvement qui veuille aboutir à quelque chose ; sinon c’est peine perdue. C’est se laver les mains pour les essuyer dans la boue même de la corruption. Il faut que cette engeance faite de délinquants sache qu’on ne va pas les attendre éternellement à tourner comme une toupie de façon à ne pas répondre aux questions posées.
Déjà au lieu de formuler quelques éléments positifs de réponse, ils recourent à des tentatives de manipulation, des manœuvres scélérates en coulisse, des activités glauques de lobbies, des subterfuges, auxquels le pouvoir et ses tentacules se livrent avec une ardeur sans égale pour essayer de remédier à leur triste sort. Quand le président Jovenel Moise confie haut et fort à son Premier ministre nommé Jean-Henry Céant la mission d’intervenir auprès de la justice pour que la « lumière » soit faite sur l’utilisation du fonds PetroCaribe, c’est du pur mensonge puisque Céant est du même sérail, il est de la famille (par alliance) du PHTK qui risque de se retrouver sur le banc des accusés.
Le fait politicien consiste à provoquer une espèce de choc psychologique favorable que l’on peut mettre à nu, lorsque par exemple le sénateur du Sud-Est Joseph Lambert, président de l’Assemblée nationale, de façon sinistre et presqu’ironique, se demande «où est l’argent du PetroCaribe?». Quelle ironie quand des voleurs crient au voleur. « Désormais PetroCaribe constitue une affaire nationale qui interpelle tout et chacun ! » s’est-il empressé d’ajouter. C’est une façon cynique de se moquer de la voix revendicative des victimes vivant sans hôpital, sans aucun soin de santé, sans l’eau potable, sans école, sans farine, sans sucre et sans pain. C’est dépouiller de sa force le slogan qui commence à prendre racine dans la société, c’est le détourner de son vrai sens, de façon mesquine à dévier sa trajectoire.
Quand on entend de la bouche de Reginald Boulos réclamer « la lumière sur l’utilisation du fonds PetroCaribe », quand on le voit après les émeutes du 6-7 juillet dernier distribuer des cadeaux à nos jeunes sportives U-20 de la FIFA, France 2018, on devrait se méfier à en avoir peur puisqu’il est l’un de ces loups méchants et sauvages qui à cause des circonstances du moment, se sont déguisés en agneau pour essayer de rentrer dans la bergerie populaire. Ils sont des avocats plaidant en faveur des voleurs et des bandits du système capitaliste, les artisans du détournement des biens publics et maîtres des malversations financières. Depuis quand Boulos et Lambert sont-ils devenus subitement des humanistes soucieux du pillage des ressources du pays? On croit rêver.
La vérité, c’est qu’ils ont noté quelque part une quelconque faiblesse dans l’entreprise revendicatrice en marche qu’ils essaient par tous les moyens de neutraliser, de façon à récupérer le mouvement. Ces ennemis du peuple peuvent recourir à diverses ruses puisqu’ils ont plus d’un truc dans leurs manches de prestidigitateur de façon à épater les masses et transformer la réalité au service des classes dominantes qui continuent à accaparer et à se partager nos richesses.
Les questions sont les suivantes: allons-nous passer tout notre temps à leur poser les mêmes questions: où est passé l’argent de Petrocaribe? A quand la main de la justice au collet des criminels ? Pourquoi ne pas mieux organiser la mobilisation ? Que va-t-il advenir de cette mobilisation ? A quand la lumière d’une vraie justice au bout du tunnel des frustrations populaires ? Questions qui ne doivent pas rester sans aucune réponse valable.
Debout fière Haïti! Debout fils et filles de Dessalines! Exigeons des frileux partis politiques, de la timorée société civile une authentique mobilisation soudée aux masses pour déraciner le mal d’un brigandage effréné au sein des dirigeants ! N’est-il pas temps de finir avec les corrompus!