Durant son audition devant 5 membres de la commission anti-corruption du Sénat, Dimitri Vorbe, propriétaire de la compagnie Sogener, a révélé par devant les sénateurs Hervé Fourcand, Jean Renel Senatus, Dieudonne Etienne Luma, Youri Latortue et Francener Denius que son entreprise n’a jamais reçu aucun juteux contrat de 12 millions de dollars US par mois pour produire de l’électricité pour la compagnie Électricité d’Haïti comme l’avait annoncé l’ancien Premier ministre Laurent Salvador Lamothe.
«J’étais venu pour prouver que l’ancien Premier ministre a menti. Il a dit qu’il savait nous payer avec de l’argent du PetroCaribe, ce n’est pas vrai », Vorbe a indiqué que le coût mensuel du contrat signé entre l’Etat haïtien et sa compagnie, varie entre 3 à 5 millions de dollars US en fonction de la quantité de mégawatts d’électricité produite pour l’EdH qui, elle se charge de la distribution, de la commercialisation et de la facturation.
Selon l’ancien conseiller du président Michel Martelly et allié de son parti PHTK, le sénateur Youri Latortue actuellement président de la commission éthique et anti-corruption au Sénat a dans le cadre de ce dossier signalé à la presse qu’un membre du cabinet particulier de Lamothe en la personne de M. Devarennes aurait essayé de soutirer en contrepartie une forte somme de la part d’un autre membre de Sogener, Jean-Marie Vorbe, au nom de Lamothe en 2011 de façon à lui garantir le renouvellement du contrat de production d’électricité à Varreux.
Latortue quand il était un conseiller de Martelly se comportait en un subalterne de Lamothe. A présent, le sénateur ayant de hautes visées politiques n’a aucune reconnaissance pour ses anciens amis. Il va inviter Lamothe et le nommé Devarennes à venir rendre compte au Sénat et prouver que c’est 12 millions de dollars par mois que le Sogener gagne pour sa production de l’électricité dans le pays.
Laurent Salvador Lamothe aura beaucoup à expliquer non seulement sur l’affaire du Sogener mais également sur la rénovation de la ville de Port de Paix
Par ailleurs, toujours dans le cadre du dossier de Petrocaribe, la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA), dans un rapport préliminaire publié portant sur l’exécution de la loi de Finances de l’exercice 2013-2014 a rapporté ce qui suit sur la Rénovation urbaine de la ville de Port de Paix :
« Dans le cadre de la stratégie du Gouvernement de réhabiliter certaines villes du pays, Port de Paix a bénéficié d’un projet de rénovation qui devait coûter à l’Etat environ 12 millions de dollars américains dont 5 millions ont été avancés. Aucune autorité départementale n’était en mesure de fournir des informations sur le projet. La Cour a contacté, lors de sa visite de terrain, plusieurs Directeurs départementaux dont celui du Ministère des travaux publics qui a avoué sa méconnaissance de l’exécution de ce projet. Cependant, il a reconnu que seule la place d’Armes située en face de la cathédrale et la place Capois La Mort ont pu être réhabilitées.
Les travaux de réhabilitation de la place d’Armes de Port de Paix ont été confiés à une compagnie haïtienne dénommée SOHACO sur la base d’un contrat signé de gré a gré avec le maitre d’ouvrage. Les travaux ont pris fin au début du mois de décembre 2013. La place d’Armes rénovée offre un espace de loisir accueillant aux riverains.
Les autorités doivent s’assurer de l’utilisation efficiente des deniers publics en cherchant à obtenir le meilleur rapport qualité-prix. Elles n’y arriveront que si elles procèdent par appels d’offres pour les travaux publics. La réhabilitation d’une place en temps normal ne saurait être placée sous le coup d’une urgence qui ne peut pas attendre et coûter 5 millions de dollars, en tout cas pas celle qui a été visitée par la Cour. Force est de constater que cela est devenu une manière de faire du gouvernement qui consiste à entreprendre de nombreux travaux pour lesquels les contrats ont été signés de gré à gré sous l’égide de la loi d’urgence, sans solliciter du Parlement sa ratification.
Les critères retenus pour apprécier ce projet sont: a) l’amélioration des conditions de vie; b) la création d’emplois et la circulation des biens et des personnes.
- a) Malgré le constat des travaux d’amélioration de la place publique de Port de Paix, ce projet est frappé d’une opacité qui crée un malaise autour de son exécution.
- b) Les effets sur la création d’emplois n’ont pas pu être appréciés en raison de la façon dont les travaux ont été menés. La population constatait leur déroulement, sans comprendre ce qui se faisait, selon leur témoignage.
- c) Quant aux travaux de la route Jean Rabel Môle Saint Nicolas, la Cour lors de sa visite n’a pas pu retrouver aucune trace de travaux de construction.
La Cour estime que ce projet a été totalement inefficace. Les cinq millions de dollars avancés sur les 12 millions représentant le coût estimé pour financer la rénovation urbaine de Port de Paix et le financement de la route Jean Rabel-Môle Saint Nicolas n’ont pas été justifiés ni globalement ni partiellement. La Cour estime que ce projet en plus d’être inefficace devra faire l’objet d’une investigation pour clarifier la façon dont les ressources publiques ont été dépensées ».
Il est clair que l’ancien Premier ministre Tètkale ou Kaletèt Laurent Salvador Lamothe aura beaucoup à expliquer non seulement sur l’affaire du Sogener mais également sur la rénovation de la ville de Port de Paix que la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) dans son rapport préliminaire de la loi de Finances de l’exercice 2013-2014 a complètement dénoncé puisqu’elle a trouvé ce projet totalement inefficace qui devra faire l’objet d’une investigation pour clarifier la façon dont les ressources publiques ont été dépensées.