Le Président du Sénat haïtien et sa résidence de prestige!

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Le Président du Sénat, Joseph Lambert

La semaine dernière, les commentateurs et observateurs de la politique haïtienne ont été à leur corps défendant gâtés en révélation et information sur le train de vie des « Princes » qui gouvernent Haïti. Particulièrement les parlementaires. Historiquement, cela nous rappelle le règne de Jules César et les sénateurs romains. Jamais la Nation n’a été si bien documentée pour pouvoir se faire une idée de la vie quotidienne d’un parlementaire haïtien par rapport à la grande majorité de ses compatriotes vivant en-dessous du seuil de pauvreté. Tout part d’un conflit d’intérêt politique entre deux sénateurs du département du Sud-Est. Le premier se nomme Joseph Lambert, Président du Sénat et proche du Président de la République Jovenel Moïse. C’est lui qui a lancé les premières salves contre son collègue qu’il a accusé d’avoir détourné une génératrice de sa destination d’origine pour la mettre à son service quand celui-ci était Questeur du Grand Corps. Réplique immédiate du second, qui se nomme Ricard Pierre, un proche du chef de l’opposition, Jean-Charles Moïse.

Ce sénateur du Parti Pitit Dessalines en a profité pour faire une révélation concernant son collègue qui va mettre la République KO débout tant l’effet est choquant pour le grand public et ayant une portée nationale tant les conditions de vie des Haïtiens sont insupportables. En effet, Ricard Pierre qui apparemment en avait sur le cœur cherchait une occasion pour lâcher dans les médias une petite bombe en pleine période de contestation contre la vie chère qui, depuis, ne cesse d’alimenter les conversations et provoquer la colère dans la population. Accusé d’avoir en sa possession un bien public ne lui appartenant pas, le sénateur Ricard Pierre informe la population que son collègue Joseph Lambert dort chaque soir depuis le mois de février 2018 dans une résidence qui coûte à la Nation la bagatelle somme d’un million de gourdes par mois à titre de Président de l’Assemblée Nationale. Lorsque l’information est apparue sur les réseaux sociaux, personne ne voulait croire à une telle aberration. Certains disaient encore un « fake news», ces fausses nouvelles  que n’importe qui balance sur Internet soit pour salir quelqu’un soit pour se donner de l’importance.

Mais le Président du Sénat, Joseph Lambert en fin politique ayant tout de suite compris le danger et la portée d’une telle information au sein de la population a toute de suite réagi. Tout d’abord sur la Radio Magik 9 à Port-au-Prince le lundi 16 juillet 2018 suivi d’une conférence de presse où il a confirmé la nouvelle. Enfin, une longue interview le lendemain avec le journaliste Valery Numa sur radio Vision 2000. Interview dans laquelle Joseph Lambert n’a pas gardé sa langue dans ses poches. Certes, le sénateur a apporté des nuances en tentant de s’expliquer sur ce qui est considéré comme un énième scandale enregistré au sein des institutions haïtiennes. Pour se défendre, Joseph Lambert, un peu paniqué, balance à tout vent sur tous ceux, les hauts fonctionnaires et autres élus, ayant bénéficié des largesses de la République. Une façon de dire qu’il n’est pas le seul dans cette situation à profiter des privilèges que l’Etat met à la disposition de ses dirigeants.

La génératrice qui aurait été détournée par le sénateur Ricard Pierre

De l’autre côté, le sénateur Ricard Pierre qui semble lui aussi gêné avec une génératrice qui n’est pas la sienne et qu’il a d’ailleurs gardée à Port-au-Prince a tenté en vain de rapatrier la génératrice à sa destination d’origine. Sauf qu’entretemps, les deux affaires ont pris une telle tournure que les deux sénateurs ont du mal à trouver une sortie de secours. Le vendredi 20 juillet, la génératrice est arrivée aux portes de Jacmel pour finalement faire demi-tour vers la capitale sous haute protection de l’Unité Départementale de Maintien de l’Ordre (UDMO), une unité spécialisée de la police nationale tant les hommes de main de son collègue Joseph Lambert, armés jusqu’aux dents, se sont opposés à l’entrée dans la ville de cette génératrice qui devait être dans un premier temps déposée à la Mairie de Jacmel. Mais ce n’est point la lutte pour le pouvoir régional entre deux sénateurs que la population a retenue. Ce qui attire l’attention ce sont les révélations sur la conduite et l’utilisation qui se font avec l’argent des contribuables dans un pays aussi pauvre.

Tout d’abord, on a la confirmation que le Trésor Public ne sert finalement qu’à servir une catégorie de la population sous prétexte que ces gens font partie de l’élite politique du pays.  Selon les révélations du Président de l’Assemblée Nationale, pratiquement tous les hauts dignitaires de la Nation sont pris en charge par l’Etat qui leur paie leur résidence officielle et autres avantages. Cela va du chef de l’Etat au Directeur général de la police nationale.  Joseph Lambert qui ne cherche pas à se dédouaner dans l’affaire tant les fait sont véridiques a tenté d’expliquer qu’il est tout juste un des bénéficiaires du système. Pour lui, il est normal que l’Etat mette à la disposition du deuxième personnage de l’Etat une résidence de fonction et de prestige dans le cadre de ses responsabilités. Il trouve tout à fait normal que le Trésor Public dans sa maigre recette paie un loyer annuel de 7 280 000 gourdes pour le confort du Président de l’Assemblée Nationale comme il le fait pour le Commandant en chef de la police nationale, le Premier ministre, les Ministres qui perçoivent, en dehors de leur salaire mensuel, une allocation mensuelle de 5 à 6 000 dollars américains, tout comme les députés qui reçoivent chaque année la rondelette somme de 1 350 000 gourdes chacun pour leur seconde résidence dans la capitale y compris naturellement leurs collègues sénateurs qui eux perçoivent chacun 250 000 gourdes mensuel pour la même raison.

Le Sénateur Ricard Pierre

Sans compter d’autres avantages en nature qui arrivent à chaque période de fêtes de toute nature en Haïti (Noël, rentrée des classes, fêtes champêtres, Pâques, Carnaval, Rara, etc).Tout le monde connaît l’histoire du poisson au coût d’un million de gourdes pour les sénateurs à l’occasion des fêtes de pâques. Il y a une bataille de chiffres pour le coût de la location de la résidence officielle du chef de la police. Le montant joue au yoyo suivant le gouvernement en place. De Mario Andrésol à Michel-Ange Gédéon le montant varie. Tantôt il est de l’ordre de 8000 dollars américain mensuel sous Mario Andrésol, tantôt 6000 pour l’actuel chef de la police quand la résidence revenait à 7500 dollars à Godson Aurélus, prédécesseur de Gédéon à la tête de la PNH. Une avalanche de chiffres qui pourrait faire penser que Haïti roule sur l’or. C’est tout naturellement que l’Etat prend bien soin de ses hauts fonctionnaires et ses élites dirigeantes.  Sauf que la réalité et la vérité est tout autre.

Une fois ces chiffres livrés à la connaissance du public, essayons de voir plus clair dans une affaire dépassant le cadre du seul des hauts dirigeants. Mais mettant à nu l’état de fonctionnement d’un pays aussi appauvri que Haïti et surtout un fonctionnement capable de fortifier la corruption à grande échelle. Ce qu’il faut savoir c’est que personne ne peut et ne doit mettre en cause le fait que le Président du Sénat, de la Chambre des députés, le Premier ministre, le Président de la République, les ministres, les sénateurs et les députés, le Président de la Cour de cassation, etc  disposent d’une résidence officielle. Dans tous les pays développés et fonctionnant normalement tous ces hauts fonctionnaires bénéficient de certains privilèges. Et c’est normal que l’Etat permette à ceux qui le dirigent de pouvoir bénéficier d’un cadre de vie de prestige comme le disait le sénateur Joseph Lambert. La France, le Canada, les Etats Unis d’Amérique et même la République Dominicaine et tant d’autres pays du monde facilitent le temps que ces personnages occupent le poste dont la fonction demande de vivre à un certain niveau de standing. Il n’y a rien d’anormal ni de suspect.

Tout le monde serait d’accord qu’un dîner officiel ne doit pas se passer comme il se fait maintenant en Haïti dans un hôtel à Pétion-Ville. Ainsi de même qu’un dîner privé entre le Premier ministre haïtien et son homologue français en visite en Haïti devrait en principe se passer en la résidence privée du chef de gouvernement en signe de bonnes relations entre les deux peuples non pas dans un hôtel comme il se pratique depuis que le pays est tombé dans la déchéance à la suite des soubresauts politiques datant de 1986. En clair, certaines fonctions de la République demandent que leurs titulaires évoluent dans un certain décorum et de standing. D’où la nécessité que ceux occupant certains postes doivent habiter des demeures ayant un certain prestige car il ne s’agit pas de l’individu mais de l’image de la République.

Un sénateur ou un député, ministre, sans parler du Premier ministre ou du chef de l’Etat qui reçoit chez lui c’est en partie la République qui reçoit. Ils doivent pouvoir bien se présenter pour accueillir leurs invités de marques. Le Président de la Chambre des députés ne peut se permettre de recevoir son homologue Dominicain ou Brésilien dans un « deux pièces cuisine » sous prétexte que la République est économe. Il est avant tout le représentant de la collectivité nationale. Ceci étant dit, voyons maintenant la réalité en face et ce qu’on ne peut et ne doit faire afin d’éviter tout et du n’importe quoi avec les fonds publics. Tous d’abord, afin de ne pas donner du champ à la corruption tout en gardant un certain niveau de standing de ces hauts fonctionnaires et de ces élus, il faut prévoir dans les constructions de nouveaux Palais et autres immeubles devant  abriter le siège de la plupart des institutions (Parlement, Palais national, Ministère, Cour des comptes, Palais de justice, Cour de cassation, Quartiers généraux de la police et des Forces armées), etc, un appartement de fonction de grand standing. Ainsi, le Trésor Public n’aura point à financer au prix de tout l’or du Pérou des appartements pour loger la ou le titulaire de telle ou telle institution.

En France par exemple, même dans les plus anciens Palais du pays, on trouve un appartement de fonction pour le fonctionnaire en poste. Sauf dans les cas extrêmes, le gouvernement peut se consentir à prendre en charge la résidence d’un fonctionnaire en dehors de l’immeuble en question si l’appartement de fonction  se révèle être trop petit pour accueillir sa famille ce qui est déjà arrivé. En revanche, les parlementaires (sénateurs et députés) disposent chacun d’un bureau pour travailler au Sénat et à la Chambre des députés et où ils disposent aussi d’un espace, certes assez spartiate, un lit et une douche pour pouvoir dormir quand ils sont en session et séances de nuit. En ce qui concerne les ministres c’est beaucoup mieux. Chaque Ministère dispose d’un vrai appartement de fonction. S’il le voulait, le ministre pouvait s’y installer avec sa famille le temps qu’il est titulaire de ce Ministère. En réalité, très peu occupent cet appartement qui, la plupart du temps, reste sans occupant mais toujours meublé par le Service de Mobilier National ou le Garde-meuble de la République.

Une institution datant de la royauté. Quant au Premier ministre, il dispose d’un hôtel particulier dénommé « Hôtel Matignon ». C’est l’équivalent de la Primature en Haïti. C’est aussi le siège du gouvernement comme la Villa d’Accueil à Port-au-Prince. Sauf qu’en France l’hôtel Matignon est aussi la résidence officielle du Premier ministre. Tout se passe à l’hôtel Matignon : Conseils de gouvernement, réceptions officielles, accueils des personnalités du monde entier, les syndicats, Garden party, etc. Outre l’hôtel Matignon, l’Etat met à la disposition du Premier ministre deux autres résidences officielles en dehors de Paris pour ses vacances d’été et d’hiver. Quant au Président de la République, en dehors du Palais de l’Elysée qui est un château faisant office de siège de la présidence et de résidence officielle. Le chef de l’Etat dispose de trois autres résidences officielles (Château et Fort militaire) en banlieue parisienne et en province pour ses vacances.

Copinage et accointance politique empêchent le bon fonctionnement des institutions.

Pour le Parlement qui se compose de deux Assemblées distinctes et logé dans des rues et bâtiments historiques séparés, là aussi le problème de logement ne se pose pas pour les deux Présidents. Chacun dispose d’un superbe château contigu à leur assemblée et les deux châteaux disposent chacun d’une immense cave à vin. Celle du Sénat est la plus réputée du pays. Enfin, d’autres hauts fonctionnaires disposent d’un appartement de fonction situé dans le bâtiment de leur institution. Les Présidents d’universités et autres grandes écoles d’enseignements supérieurs, les Directeurs de lycées, les Principaux de Collèges, etc, bénéficient de ce genre de privilège pour leurs fonctions mais toujours dans l’immeuble où ils exercent leur métier. Et l’Etat dispose aussi dans certaines villes de province et à Paris d’immeubles de prestige pour loger des hauts cadres qui sont disponibles vingt quatre heures sur vingt quatre. Ainsi, il n’y a aucun moyen pour que l’argent public serve à enrichir des gens qui sont là juste pour profiter d’un système tandis que le peuple corvéable à merci boit la tasse à chaque fois. En Haïti, les choses, comme d’habitude, se présentent différemment.

Copinage et accointance politique empêchent le bon fonctionnement des institutions. Du coup, même ce qui est normal devient affaire d’Etat dans la mesure où il n’y a aucune transparence et que la corruption prend l’ascendance sur la bonne gestion des affaires de l’Etat. Une mentalité qui interdit tout fonctionnement rationnel jusqu’à déboucher sur des comportements totalement ubuesques et absurdes. Quand on voit la montagne d’argent dépensée par le gouvernement et le Parlement sans bien sûr parler du pouvoir judiciaire, il y a de quoi pousser un peuple à la révolte. Chaque année, le gouvernement et le Parlement concoctent un budget qui, le moins que l’on puisse dire, fait la part belle à leurs propres intérêts. En moins de dix ans, le seul budget du Parlement passe de 1 milliard à 7,2 milliards de gourdes cette année soit une augmentation de près de 10%. A bien regarder la gabegie financière du Parlement et du gouvernement, on a l’impression qu’ils se disent : le pays est à nous donc c’est aussi à nous le budget de la Nation.

Sinon, comment comprendre ce comportement qui paraît pour nous totalement irrationnel vis-à-vis des dépenses qu’ils effectuent finalement pour leurs propres comptes ? Restons sur le cas de cette résidence officielle du Président du Sénat de la République au coût de 8 à 7 millions de gourdes par an*. La version des deux antagonistes divergent dans la presse. Ce qui est certain le propriétaire de cette maison a fait une bonne affaire avec le Sénat. En fait, ce n’est pas le prix du loyer qui est choquant, c’est l’état économique du pays et cette somme gaspillée pour payer une résidence qui posent problème. La question que l’on peut se poser pourquoi dans le budget les sénateurs n’ont jamais pensé à faire construire une Résidence officielle pour le Président de l’Assemblée Nationale au lieu de lui payer chaque année un logement à ce prix faramineux compte tenu de la réalité économique du pays? Ce serait tellement plus avantageux pour le Trésor Public. Puisque autant pour le Président de la République, il y aura toujours un Président de l’Assemblée Nationale.

Va-t-on continuer à financer à l’infini une résidence de prestige pour le deuxième personnage de l’Etat à ce prix ? Alors qu’il serait plus simple d’envisager dans le budget de construire une fois pour toute cette résidence qui à l’arrivée reviendrait beaucoup moins chère aux contribuables. Non seulement cette résidence de fonction et de prestige pourrait service au Président du Sénat mais elle rentrerait aussi dans le patrimoine des biens immobiliers du Parlement et de la République. Au lieu de gaspiller à ce point tant d’argent 7 280 000 millions de gourdes chaque année, une somme qui finira par dépasser à un moment le budget lui-même de la République, il serait mieux que le Parlement investisse dans la pierre afin de posséder, comme d’autres institutions, des biens lui appartenant. Mais en Haïti, les dirigeants ne sont pas à une contradiction près. Et l’esprit de corruption les empêche de penser et de réfléchir bonne gouvernance et pour l’avenir. Prenons le cas de l’ancienne résidence de prestige de Jean-Claude Duvalier, la Villa d’Accueil à Musseau.

Va-t-on continuer à financer à l’infini une résidence de prestige pour le deuxième personnage de l’Etat à ce prix ?

En travaux depuis des années, personne ne peut expliquer pourquoi cette somptueuse demeure endommagée par le séisme de 2010 n’est toujours pas achevée. Certes, l’on va nous expliquer qu’il n’y a pas de fonds disponibles. Sauf que l’Etat dispose d’assez d’argent pour gagotter dans des dépenses futiles et éphémères alors que les patrimoines  du pays périssent et tombent en délabrement faute de porter une attention à ces biens collectifs. Depuis des années, le Trésor public paie à coup de millions de dollars une résidence officielle et même pas de prestige au Premier ministre. Or, si l’on avait pris tous ces millions pour achever les travaux de l’ancienne Primature, certainement l’Etat gagnerait en économie. Mais les dirigeants préfèrent squatter le vieil immeuble qui abritait jadis au bicentenaire l’ambassade américaine en Haïti vers les années 70, 80 abandonnée depuis pour s’installer dans leur nouvel immeuble flambant neuf à Tabarre. Qu’est-ce que c’est ce pays où les dirigeants préfèrent gaspiller les fonds publics en dépense inutile au lieu de concevoir la création d’un patrimoine immobilier ? Ce n’est un secret pour personne ces locations rapportent beaucoup, beaucoup d’argent à ceux qui sont chargés de les négocier.

Très souvent, ces transactions se font sans aucun appel d’offres publics. Les marchés se passent entre amis ou entre l’ami d’un ami dans le plus grand secret. Même la presse a du mal à prendre connaissance de ces transactions qui se passent dans l’illégalité la plus complète et qui évidemment rapportent de très grosse commission aux négociateurs. L’opacité entourant ce genre d’affaires est la preuve que les gens de l’appareil de l’Etat dans toute sa composante font leurs fortunes sur le dos d’une population saignée à blanc. Puisque c’est avec les impôts payés par les citoyens que le Trésor Public finance ces locations qui coûtent définitivement très chers aux citoyens. Comment imaginer une minute que c’est l’Etat qui paie un appartement pour un Directeur général de la police nationale ? C’est plus qu’un scandale, c’est inadmissible. Le Directeur général de la police gagne suffisamment bien sa vie pour qu’il puisse se payer un appartement digne de sa fonction sans que ce soit le Trésor Public qui, en plus des frais de toute sorte, lui paie  encore un logement juste pour être plus près du centre du pouvoir et des centres de décision. C’est absurde et intolérable !

On a l’impression qu’au niveau des dirigeants de ce pays personne ne se rend compte du gâchis et du gaspillage qui s’opèrent dans le budget d’un pays dont les professeurs d’école travaillent durant des mois, voire des années, sans recevoir le moindre salaire. Les simples fonctionnaires de police, des employés de voiries et de places publiques, des employés des mairies courent sur des mois sans toucher la pitance à laquelle ils ont droit. Tandis que chaque mois le gouvernement paie plus d’un million de gourdes de loyer pour le Président du Sénat dont le salaire n’est pas le plus bas du pays. Que dire des ministres qui en plus de leur salaire et de frais dépassant largement leur salaire reçoivent jusqu’à 6000 dollars américains tous les mois pour une résidence secondaire ? Alors qu’ils habitaient depuis toujours dans la capitale où dans sa périphérie avant qu’ils ne deviennent ministres.

Or, si l’on avait pris conscience de ce gâchis et fait construire une résidence de fonction pour le Premier ministre, le chef de l’Etat, le Président du Sénat et de la Chambre des députés et tous ceux ayant droit à ce privilège, aujourd’hui, l’Etat haïtien aurait disposé d’un parc immobilier qui donnerait peut-être des idées aux entrepreneurs des Travaux Publics pour se lancer dans la construction des logements sociaux pour mettre à la disposition de la population qui a du mal à s’abriter en période de pluie. Enfin, si l’on énumère le nombre de loyers que l’Etat paye chaque mois pour ses ministres, sénateurs, chef de la police, chef de gouvernement et naturellement le chef de l’Etat, le gouvernement a largement les moyens pour se payer un complexe résidentiel sur les hauteurs de Pétion-Ville en vue de donner un pied à terre à tous ses hauts fonctionnaires qui en vérité coûtent beaucoup plus cher au pays que l’ensemble de la population compte tenue  de la situation économique réelle de la Nation. Enfin, notre dernière interrogation sur cette affaire est simple.

Compte tenu des relations de consanguinité qui existent entre le pouvoir exécutif et législatif en matière de gestion des fonds publics, y-a-t-il vraiment une possibilité de porter un jugement, de critiquer, d’interpeller et encore moins de sanctionner le gouvernement par des parlementaires qui sont en réalités les grands bénéficiaires du budget de la Nation ? On connaît la réponse. Il suffit de voir comment se comportent les sénateurs et les députés même ceux qui se disent dans l’opposition face au pouvoir pour se faire une idée. Ce sont eux qui décident de leur budget et comment l’utiliser. En plus de leur proximité avec le pouvoir exécutif dans l’utilisation des fonds publics, les parlementaires se sont révélés pires que le gouvernement puisqu’ils n’ont de compte à rendre ni au gouvernement, ni à la Cour des Comptes et ni à la population. Bref à personne. De fait, ce n’est pas le peuple qui est souverain en Haïti mais tout bêtement les sénateurs et les députés. Drôle de démocratie !

C.C

Ndlr
7 000 000 Gdes /an = $104 265 /an = $8 668.75/mois
8 000 000 Gdes /an = $119 160/an = $9 930.00/mois

 

 

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