L’indigence sous l’angle du projecteur d’un Passeur de lumière !

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Passeurs de dignité © Erno Renoncourt

Le mercredi 19 avril 2023 dernier, j’étais l’invité du Dr Jean Fils-Aimé (JFA), en qualité d’animateur d’une Classe de maîtres sur la thématique de l’indigence. Je veux par le biais de ce message remercier vivement le Dr JFA de m’avoir offert cette occasion de porter, plus loin que ma petite sphère d’influence, cette axiomatique que j’agite, depuis des années, comme une pédagogie de la provocation pour inciter le collectif haïtien à modifier ses rapports avec son écosystème ; et notamment avec le savoir et la connaissance.

 

L’indigence dans le prisme des passeurs

Je souligne que le Dr JFA ne me connait ni de peintre, ni de maître. Pourtant, cela ne lui a pas empêché de se montrer spontanément curieux et intellectuellement ouvert vis-à-vis de cette pensée innovante. Une pensée qu’il a découverte par le travail inestimable d’un réseau de passeurs qui s’active, silencieusement, à porter, plus loin que le regard de ses membres, le moindre reflet de pensée critique auquel il accède. Un réseau composé de gens d’ici ou d’ailleurs, venant d’horizons divers, et qui se sentent interpellés par l’invitation à l’introspection que lance à tout un chacun l’axiomatique de l’indigence. Je tenais donc à remercier vivement le Dr Jean Fils-Aimé d’avoir braqué les feux, étincelants de vérité, de courage et de dignité, de son puissant projecteur sur mon axiomatique de l’indigence, dont le livre, sous forme de manuel de transmission de valeurs d’engagement pour le changement, paraîtra sous peu cette année. Il est manifeste que par ce coup de projecteur, le Dr JFA m’a ainsi aidé à éclairer, pour ses abonnés et son auditoire, me donnant accès à un plus large public, les contours funestes de l’invariante obscurité qui assombrit Haïti. Mais au-delà du Dr JFA, c’est à tout le réseau des passeurs de lumière et de dignité, connu, anonyme, proche, lointain, que j’envoie mes remerciements. Je leur dédie ce texte dans lequel je dévoile les fondements de cette pédagogie insolente et innovante en questionnant le rapport de l’homme haïtien avec son environnement. Je propose un angle d’analyse plus systémique, plus contextuel et plus authentique, qui dépasse l’immédiateté des raccourcis simplistes, pour approprier, dans sa complexité, l’invariante errance dans laquelle Haïti patauge depuis 219 ans.

 

De la lumière pour empêcheur d’enfumer à fond

Comme sous les feux du projecteur de ce passeur de lumière qu’est le Dr JFA, je ne l’ai fait que sommairement, en prenant des exemples de cas, je viens ici approfondir les fondements de l’axiomatique de l’indigence. J’apporte ainsi une classification qui permet de voir la stratification de l’indigence dans la société haïtienne. Ce qui offre une cartographie de ce fléau méconnu, dont les ondes quantiquement médiocres, chargées de précarités, verrouillent Haïti sur la trajectoire d’une invariante errance.

Je me permets de préciser que l’invitation du Dr Jean Fils-Aimé participe de ce qu’on appelle la ronde flamboyante du passeur de relais. Ce geste synchronisé de bienveillance, par lequel quelqu’un projette un peu de son rayonnement sur ceux qui portent une parole de courage, de vérité et de dignité, est rarissime dans l’écosystème indigent haïtien. D’où mon rebondissement sur sa manifestation pour rendre un vibrant témoignage à ceux et celles qui, publiquement ou plus discrètement, à travers leur engagement, leur prise de parole et leur vécu, laissent briller un peu de leur lumière pour éclairer la route qu’empruntent ceux et celles qui, obstinément, s’entêtent à rester des empêcheurs d’enfumer à fond. Car l’enfumage nauséabond des insignifiants anoblis, qui se relaient en fumiers et étouffoirs communicants, commence par devenir insupportable et irrespirable. Il faut désenfumer ce fumier en cassant la cheminée qui lui sert de relais pour mieux montrer les monticules de médiocrités qu’il couve sous ses apparences d’élites.

Le geste du Dr JFA, de m’inviter comme panéliste de sa Classe de maître, alors qu’il est dans la lumière, par sa prise de parole pertinente et convaincante, est d’autant plus digne d’hommage qu’il est totalement spontané et désintéressé. C’est un fait rare dans l’écosystème haïtien, car ici on est habitué aux enfumages des liaisons médiatisées entre crapules et couillons qui rejouent, comme dans une comédie des ratés, dans laquelle des médiocres à succès qui font la promotion de l’escroquerie, la saga indigente de ‘‘Ti Malice’’ et de ‘‘Gwo Bouqui’’.  Et c’est justement l’un des motifs qui révèle la structure de l’indigence : Derrière toute réussite en Haïti, il y a une liaison malsaine entre un Ti Malice et un Gwo Bouqui.

L’indigence en strates paradoxales © Erno Renoncourt

La chaine des passeurs de dignité

Donc, il est de bon aloi que je rende hommage à toute démarche qui ne participe pas de la reproduction de l’indigence. En regardant cette chaine de solidarité qui s’est faite spontanément autour de la thématique de l’indigence, je me dois de témoigner de la disponibilité intellectuelle et de la générosité d’âme de toutes ces personnes qui diffusent mes textes par le biais de leurs réseaux personnels ou par le biais des forums dont ils sont membres. Que je les connaisse ou ne les connaisse pas, qu’ils me le font savoir ou pas, importe peu. L’essentiel est que de part et d’autre la pensée critique et éthique, qu’elle vienne d’en haut ou d’en bas, de devant ou d’arrière, de la droite ou de la gauche, continue de germer et de fleurir plus loin que la portée de la petite étincelle qu’agitent leurs auteurs. C’est un petit pas, mais un pas résolu et courageux vers la structuration d’un éventuel Réseau Intègre d’un Collectif d’Haïtiens Engagés et Solidaires, qui, RICHE du courage, du savoir, de la dignité et de l’intégrité de ses membres, allumera la flamme du flambeau de l’intelligence collective.

À tous ces gens, je dis merci et je leur rappelle que ce rôle de pollinisateur, de passeur de relais, de phare et d’attracteur éclairant, qu’ils jouent, n’est ni banal, ni anodin. C’est un pilier de l’intelligence collective. Et c’est justement parce que ce pilier est rare dans le mur de l’action collective haïtienne que ce mur est si peu résistant face à l’indigence. Il y a urgence pour lancer le chantier de la construction de ce mur pour magnifier l’utopie de la régénérescence et entamer la grande marche vers la dignité reconquise. Car, il est certain qu’Haïti ne peut pas, sans assumer son extinction comme peuple, continuer de suivre ce glissement angoissant, qui érode son intelligence collective, met en berne sa dignité nationale et donne à ses institutions, tant privées que publiques, la putride senteur d’un shithole errant. Une senteur qui dégage les mêmes effluves qui émanent des élites de savoir, d’avoir et de pouvoir, autrement dit les réseaux d’entre soi où se logent les influents acteurs étatiques et non étatiques de ce pays, lesquels se structurent en strates culturelles, médiatiques, académiques, économiques et politiques gangstérisées.

 

L’indigence en strates paradoxales

Qu’on se garde de croire qu’il y a de l’arrogance et de l’exagération dans ces propos. Un pays vaut ce que valent ceux qui sont influents dans ce pays. C’est un postulat d’imputabilité de la réussite qui résonne dans l’écologie des valeurs de responsabilité qu’assument en tout pays toute couche sociale influente : on mesure la valeur de l’influence de ceux et celles qui sont au sommet de la réussite dans un pays par l’empreinte managériale, professionnelle, citoyenne qu’ils ou qu’elles laissent dans leurs rapports, interactions et rétroactions avec leurs institutions, leurs organisations et leur société.

Et c’est là le grand paradoxe de l’indigence : ce postulat de l’imputabilité de la réussite sonne creux et vide dans le shithole haïtien. Et pour cause ! Ceux qui sont influents ne se considèrent pas comme propriétaires et/ou actionnaires des ressources du pays. Les brillants universitaires, les influents dignitaires de la culture, les puissants adjudicateurs politiques du leadership national et les seigneurs anoblis de la société civile se contentent de jouer les portefaix des étrangers et binationaux qui monopolisent les ressources économiques et matérielles du pays. Mettant en hibernation leur dignité et leur savoir, ils renoncent à exploiter leurs ressources cognitives pour faire briller une brèche d’espérance dans l’obscurité. Ils préfèrent se dédier à la servitude volontaire vis-à-vis d’un secteur économique mafieux, crapule et criminel qui, lui-même ne vit que par sa dépendance, ses redevances et ses accointances avec l’escroquerie internationale, représentée par un BIG GANG que dirige un syndicat de diplomates appelé le Core Group (composé des Ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de France, de l’Union Européenne, du Représentant spécial de l’Organisation des États Américains et de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies) ou G9 diplomatique. Et logiquement, ce G9 diplomatique a créé son équivalent armé sous le nom de G9, une fédération de gangs parmi la multitude des gangs agissant comme bras armé de l’indigence pour terroriser la population haïtienne.

L’indigent laisse toujours l’empreinte d’un paradoxe sur tout ce qu’il touche. Étant, par nature insignifiant, indigne et irresponsable, il ne jure que par l’invariance et l’errance. Toujours, il laisse invariant ou aggrave et empire le problème qu’il veut résoudre. Il y a trois grands groupes d’indigents : les opulents, les talentueux et les mécréants, Ainsi, vous reconnaitrez chacun d’eux par leurs marques paradoxales distinctives : l’opulence à grandeur pestilentielle, le talent au rayonnement spectral indigent, l’insignifiance à sursauts d’impostures militantes

L’indigent opulent et mécréant a des ressources économiques puissantes, mais l’effondrement de sa conscience ne lui permet pas de les utiliser pour produire une valeur à finalité collective. Ses ressources, il les utilise pour intimider, précariser, snober, humilier, exclure, déshumaniser. Il ne se sent bourgeois que s’il règne sur une majorité déshumanisée. Son opulence s’accommode toujours de la pestilence. Comme les vers reluisants qui grouillent sous les monticules d’ordures et renoncent à la propreté pour se gaver de pestilences, l’indigent opulent a besoin de détresse, de précarités et de désespoir pour se sentir grand bourgeois.

L’indigent talentueux et pompeux accède à la culture et au savoir, mais l’indignité dans laquelle il vit le condamne à ne pas les exploiter selon le mode d’emploi qui leur donne de la valeur. Il a des diplômes prestigieux et de gros titres académiques, il occupe des postes influents dans le privé ou le public ; mais, il met ses connaissances, ses ressources culturelles et sa dignité en hibernation pour survivre à la précarité et obtenir un succès minimal insignifiant confortable qui lui donne un sentiment de supériorité sur une majorité qui désespère et agonise. L’indigent talentueux n’a pas vocation à utiliser sa pensée critique et éthique. Il ne cherche qu’à être utile à l’indigent opulent pour avoir un SMIC (succès minimal insignifiant confortable), quitte à devenir futile. Le paradoxe laissé par les indigents talentueux est symbolisé par cette image : alors que le nombre des universitaires diplômés et doctorés augmente, les institutions du pays n’ont jamais été aussi défaillantes, pestilentes de corruption et dépendantes de l’assistance internationale.

Quant à l’indigent militant et insignifiant, il égrène le chant de sa militance comme un évangile révolutionnaire imposable à tous. Il ne jure que par les organisations, pourtant il ne cherche que son profit personnel. Il rêve de changer les conditions sociales du peuple, et s’autoproclame son porte-parole, mais une fois recruté par l’indigent opulent ou enrôlé par l’indigent talentueux, il se contente de changer sa petite condition de vie et se transforme en verrou qui bloque tous les autres possibles humains. Le paradoxe de l’indigence mécréante est dans son incohérence et son agile flexibilité : Macoute au temps des Macoutes, Chimè au temps des Lavalas, GNBiste au temps de Grenn Nan Bounda, Grand Supporteur de Martelly au temps du PHTK, mercenaire et gangster au temps des Apre Dye et des Shampwèl, il plante toujours le fanion de ses allégeances là où se lève le camp de ceux qui contrôlent les ressources du pays.

Voilà les 3 grands groupes de l’innombrable armée des indigents anoblis dont la mission consiste à enfumer le radar de l’intelligence collective pour verrouiller le pays sur sa face médiocre et putride. Mais à l’intérieur de ces trois grandes strates qui vont de la militance à l’opulence, on trouve encore des subdivisions. Les classes moyennes offrent la plus grande gamme de subdivisions sous la strate des indigents à talent.

Contrairement à ce qu’on ne cesse de raconter, le problème de l’invariante défaillance haïtienne n’est pas exclusivement politique. Il est essentiellement une défaillance humaine. C’est une panne de la conscience qui empêche à ceux qui ont l’avoir, le savoir et le pouvoir d’assumer la dignité et la vérité comme repère éthique pour trouver les postures de responsabilité, en recourant à la boussole de l’intelligence complexe. La dimension politique n’est que la strate émergente qui, par sa médiocrité criante, unanimement reconnue, est mise en avant pour occulter les dimensions culturelles, académiques, économiques, qui offrent la réussite à ceux qui apportent toujours leur renommée comme adjuvant pour assurer le succès de ceux qui se bousculent sur la strate politique.

Les compétences reliantes de l’intelligence collective © Erno Renoncourt

Se relier pour MATHÉR l’indigence

De ce diagnostic, conduit sans concession, découle l’éternelle question que faire : comment sortir de ce fossé indigent ? À l’évidence, la question n’est pas ‘‘évidente’’, d’autant plus qu’il s’agit d’un diagnostic complexe. Mais comme le dit la démarche scientifique, tout problème bien posé est à moitié résolu, car il oriente vers des leviers d’action qui sont des lieux générateurs de lignes de fuite vers l’innovation. Si notre diagnostic stipule que le problème est dans la conscience individuelle et collective, alors, c’est là qu’il faut agir pour remonter dans la nuit inconsciente du marronnage hybride et délier les verrous de la réussite précaire. Mais comme rien ne se transmet de manière inchangée dans la nuit intergénérationnelle, il faut bien veiller à trouver le code du verrou qui doit donner à la génération future l’illusion de sa réussite. C’est donc sur les fondements qui fondent la réussite indigente qu’il faut creuser pour se donner des degrés de liberté hors de l’invariance.

Si le phare enfume, au lieu d’éclairer, c’est parce qu’il est élevé sur l’emplacement d’un fumier.  Et le paradoxe est que ce fumier est alimenté par les défaillances individuelles et collectives qui permettent aux uns et aux autres d’accéder à la réussite. Quelque chose s’est effondré au niveau de la conscience du collectif haïtien, et maintient sa dignité au ras le sol. Un certain inconscient grégaire fait régner une indisponibilité qui pousse à prioriser la survie à la qualité de la vie. Là, on oublie, qu’au-dessus de la vie, il doit y avoir une valeur qui pousse à vouloir rester digne. Partout, où le collectif subit la loi de cet inconscient, émerge une déformation de la conscience qui rend le savoir impuissant et les réussites, insignifiantes.

Il faut d’abord régénérer la conscience collective, l’élever vers les hautes sphères de l’intelligence complexe, là où foisonnent les vibrations éthiques, pour désenfumer le fumier foisonnant et faire de la place pour ensemencer une nouvelle écologie de responsabilité. Quand tous les bricolages et les rafistolages aboutissent au même enfumage invariant, il faut du courage pour reprendre l’ouvrage sur des bases plus systémiquement dimensionnées. Cela nécessite de conduire de nouveaux et profonds arpentages sous les strates occultées sur lesquelles s’élève le phare de la réussite nationale.

En situant le problème haïtien sur la mauvaise qualité des liens que le collectif développe avec son environnement, ses institutions, sa société, ses organisations, l’axiomatique de l’indigence veut amener chaque Haïtien, chaque Haïtienne, à se soumettre à une introspection pour qu’il ou qu’elle trouve en lui ou en elle la clé qui doit déverrouiller ses postures cognitives sur les lignes fumantes des basses eaux culturelles de l’insignifiance, de l’irresponsabilité et de l’indignité. Chacun, chacune doit s’engager authentiquement à devenir un pilier, droit, fier et résistant, une brique reliante du mur de l’intelligence collective. MUR qui doit Magnifier l’Utopie d’une Régénérescence de la dignité pour lancer l’assaut qui doit mater l’indigence. Cela demande de fortifier la conscience de l’avant-garde des passeurs, car ce sont eux qui codifieront, par leur engagement éthique, le Manuel de l’Apprentissage et de la Transmission Hybrides pour cette Écologie de la Responsabilité (MATHÉR).

Pour l’axiomatique de l’indigence, c’est en termes de tissage de nouveaux liens qu’il faut penser l’extraction d’Haïti sur la trajectoire de cette invariante errance. Voilà pourquoi, il faut se débarrasser des verrous qui déshumanisent le collectif pour lui proposer de nouveaux liens qui humanisent. Dans cette perspective, chacun, riche ou pauvre, diplômé ou non diplômé, scolarisé ou non scolarisé, lettré ou non lettré, peut devenir un acteur potentiel de cette co-construction d’une Haïti débarrassée de l’indigence. Chacun étant détenteur de compétences potentielles, personne ne peut plus se contenter d’être performante sur son domaine et encore moins se montrer satisfaite de sa petite vie.

Une écologie de valeurs par l’engagement de SOI © Erno Renoncourt

La complexité de la vie nous interdit de nous maintenir dans une de confort, car elle amène toujours à baisser la vigilance de l’intelligence et à endormir la conscience.  Si on veut comprendre et agir sur les défaillances résilientes, il faut apprendre à vivre dans une agile intranquillité et penser la vie en termes de liens et d’engagements. C’est le temps de la reliance et ce sont les valeurs reliantes qui font germer l’intelligence collective. Au centre de toute vie digne et au cœur de toute personne éthiquement intelligente, il y a avant tout des valeurs ; et ce sont elles qui donnent les vibrations et les radiations pour performer toute action. Sans valeurs au centre d’une vie, c’est l’effondrement. Sans soleil au centre du système solaire, c’est l’effondrement de tout ce qui gravite autour. Si comme le dit Simone Weil, partout où il y a effondrement, c’est qu’il y a à la base déshumanisation. Alors, pour combattre l’effondrement, il faut délier les verrous de l’indigence qui déshumanisent pour relier par-delà les distances, les divergences et les différences.

C’est dans les saisons indigentes qu’on parvient à distinguer ceux qui ont l’intelligence anticipative (la vraie) de ceux qui ont l’intelligence adaptative (la fausse). Au temps de l’indigence, la vraie intelligence se met en danger, en mobilisant ses savoirs, ses connaissances et sa dignité pour résister et faire luire une brèche d’espérance pour ceux qui agonisent. Tandis que l’intelligence adaptative met en hibernation ses connaissances et sa dignité pour obtenir un minimum confortable lui permettant de survivre. C’est donc dans le rapport avec le savoir que l’on peut identifier les personnes intelligentes.

Le savoir et la connaissance sont des arbres saisonniers. Ils ne fleurissent et ne laissent mûrir leurs fruits que dans la bonne saison qui convient à leur cycle. Et ils ne donnent des fruits de qualité et de parfaite utilité que s’ils s’enracinent écologiquement dans l’écosystème dans lequel ils ont été introduits. Leur germination, leur floraison et leur maturation doivent globalement permettre de protéger l’écosystème et de valoriser le climat dont ils sont les gradients naturels et écologiques.

Pour être globalement utiles, la connaissance et le savoir doivent donner des fruits qui permettent de compenser les carences et les déficiences nutritives présentes dans l’écosystème où ils fleurissent. Hors de cette adéquation écologique, la connaissance et le savoir restent futiles, même s’ils sont utiles à ceux qui les possèdent, leur offrant un moyen de gagner leur survie.

La nature n’a pas inventé les arbres pour permettre de survivre, mais pour que les hommes et les femmes, qui les consomment, vivent en bonne santé et dans une dignité et une responsabilité qui leur permettent de donner du sens à leur vie, en magnifiant la beauté et le miracle de la vie.

Il y a toujours une reliance écologique entre les éléments d’un écosystème. Sans cette reliance systémique, tout est insignifiant, tout est condamné à l’effondrement ou à l’errance. L’enseignement de ce message est limpide : celui qui possède le savoir et la connaissance doit être, par son engagement éthique, un pilier du mur de la reliance de son écosystème. Une reliance entre Société, Organisations et Individus basée sur l’engagement de SOI ; une reliance qui doit magnifier l’utopie de la régénérescence humaine pour faire briller de nouveaux possibles humains.

C’est cette petite flamme d’intelligence insolente que je cherche à vulgariser avec les textes sur l’axiomatique de l’indigence. Ce sera une manière d’inciter les Haïtiens, les Haïtiennes, notamment les plus jeunes, à cultiver d’autres rapports avec le savoir, la connaissance pour vivre et agir autrement vis-à-vis de leurs compatriotes, leur environnement, leurs organisations, leur société. Ce sera une manière de réensemencer dans la conscience collective les ferments d’une nouvelle écologie de valeurs pour une assumation de la vérité, de la responsabilité, de la complexité, de la dignité et de l’intégrité comme ultimes gradients de l’intelligibilité propre à la nature humaine.

La clé du changement est en nous, il suffit de trouver les passeurs qui doivent faire briller ceux qui par leur courage, leur prise de parole et leur exemplarité professionnelle et humaine codifient le manuel de l’apprentissage et de la transmission hybrides pour magnifier cette écologie de la responsabilité qui nous fait tant défaut.

 

Erno Renoncourt

23 avril 2023

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