La mise en scène de l’insécurité

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Une panique psychologique règne à travers le pays autour d’une dégradation de la situation sécuritaire dans  un contexte de crise politique  marquée d’une violence criminelle inouïe. Les causes de ces menaces sécuritaires sont multiformes et ne sont pas pour autant tirées de l’actuelle crise comme veulent nous faire croire certains. Elles révèlent, à des différences près, d’une certaine construction d’un phénomène à rendre impuissant, stérile, la défaillance totale l’Etat haïtien. Une prescription sur mesure pour tenter de rabaisser le peuple rebelle pour le ramener à sa plus simple expression et entraîner sa frustration politique.

C’est un constat troublant, ce n’est nullement une affaire de délinquance de rue comme le symptôme d’une société décadente, loin de là. Au vu de la progression et de la rapidité avec lesquelles l’insécurité s’est développée, elle a sans doute des préoccupations de manière plus générales, plus fondamentales.

La dimension politique de l’insécurité a pris naissance depuis la dernière occupation militaire des impérialistes français, canadiens et américains en 2004, puis le suivi assuré sous  l’ombrelle des Nations-unies sous la forme de différentes missions : la MINUSTAH, MINUJUSTH et BINUH (2004 à aujourd’hui).

Depuis, le drapeau de la violence sur notre territoire a été hissé bien haut pour ne jamais descendre. Incluant également la carence sécuritaire de toutes nos institutions  qui par la suite allaient être, justement, affaiblies et désorganisées. Ajouter à cela, le rôle néfaste des acteurs de la classe politique traditionnelle avec leur culture antinationale de cambriolages politiques, celle de saboter sinon de nuire, même au détriment du pays, tel ou tel dirigeant ou adversaire politique en poste.

il ne faut pas sous-estimer les liens étroits existants entrent une certaine presse qui privilégie des informations à émotions et l’un des principaux artisans résolus de l’insécurité : l’oligarchie dirigeante, une minorité de privilégiés alliés aux intérêts étrangers.

Enfin, il y a cet autre fait courant qu’est l’émergence de la violence comme manifestation politique ou châtiment pour montrer l’incapacité ou l’inaction des autorités de l’Etat. Le cas le plus cynique est l’utilisation de la violence lors des joutes électorales et la délinquance utilisée pour imposer un candidat ou faire accepter l’inacceptable par la force. Cela ne fait que disloquer davantage l’appareil sécuritaire en établissant ainsi une défiance profonde dans les institutions ou les autorités.

La violence électorale  demeure  un leitmotiv promouvant catégoriquement l’insécurité  surtout dans un pays de précarité où le peuple est déjà privé de son droit au travail, à l’éducation et à la nourriture. L’insécurité alimentaire uniquement rend déjà vulnérable et dénie toute sécurité de vie à ceux, chaque jour plus nombreux, qui continuent à être victimes pour ne pas dire condamnés à perpétuité.

Bien souvent, certaines de ces actions s’accompagnent d’un projet clair de l’affaiblissement des institutions démocratiques et le dysfonctionnement criard des forces de défense et de sécurité du pays, surtout dans le contexte actuel de désengagement de l’Etat face à l’inflation galopante.

Nous vivons maintenant dans un état de terreur en Haïti, l’insécurité n’est pas uniquement le fait de se faire enlever contre rançon ou la guerre entre les bandes armées pour le contrôle d’un quartier. Sur la scène politique du pays, elle se manifeste sous différents aspects parfois l’un beaucoup plus tragique que l’autre. Evidemment, c’est une entreprise juteuse, lucrative rapportant gros et faisant même une place de choix à certains individus malhonnêtes dans le projet des forces réactionnaires.

L’insécurité n’est pas simplement une mise en scène médiatique pour faire peur. Pour certaines organisations de droits humains, elle est une poule aux œufs d’or. Elle leur permet de pondre des rapports bidon au contenu mensonger  pour vendre au marché noir international de la corruption.

Le Réseau National des droits humains, de Pierre Esperance et de Marie Rosy Auguste Ducéna, sans oublier leurs homologues Marie Yolène Gilles et Samuel Madistin du JKL qui se consacrent à inventer des dossiers dont ont été victimes de nombreuses personnalités. Le jeune Sherlson Sanon qui vient de passer dix ans en prison est un exemple concret de ces marchands de fausses enquêtes dans la mesure où il a été victime d’un  bluffeur, d’un trompeur, d’un mystificateur, d’un entrepreneur de l’insécurité, d’un mythomane authentique qui vit de ses fabulations criminelles.

Quelqu’un qui, à bon escient, s’adonne à tromper l’opinion publique avec des informations fabriquées par son imagination est une source d’insécurité aussi terrible que les kidnappeurs criminels. De même que les actions malhonnêtes de ventes d’armes de certains dirigeants de l’Eglise Episcopale d’Haïti font partie de cette entreprise de déstabilisation macabre et ont tous une très large part de responsabilité dans cet état de fait que nous vivons. Car la violence est liée justement par la libre circulation des armes à feu illégales de haut calibre dans les quartiers  populaires, les bidonvilles et les ghettos.

Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer les liens étroits existants entrent une certaine presse qui privilégie des informations à émotions et l’un des principaux artisans résolus de l’insécurité : l’oligarchie dirigeante, une minorité de privilégiés alliés aux intérêts étrangers.

Si l’insécurité est mise en scène dans le pays, la justice réparatrice aussi a sa part de responsabilité, car elle est non seulement paralysée, absente, mais est vendue aux plus offrants dans toutes les « boutiques judiciaires » de la République. N’en parlons pas de la police, qui est l’auxiliaire de la justice. Cette police est, elle-même, fragmentée en miettes pièces distinctes et  un certain nombre de ces pièces fait partie intégrante du patronat par le biais des puissances impérialistes qui alimentent cette insécurité humiliante.

Cette mise en scène de l’insécurité ne saurait se résoudre sans une prise de conscience populaire ou par des scénarios de vengeance et de rupture de classes qui finiront par prendre  le dessus sur l’injustice sociale et l’impunité. Il est plus que certain, l’insécurité que vit la population et sa mise en scène politique s’inscrivent dans la ligne d’une lutte de classe acharnée entre la bourgeoisie « patripoche » et les masses défavorisées.

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