La danse du GPS : Valser sur de pesantes sanctions au rythme d’une légère rédemption

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Les strates du gangstérisme polymorphe haïtien © Erno Renoncourt

Une tribune pour cartographier les postures managériales du modèle économique haïtien et éclairer la piste obscure de la nouvelle danse de l’imposture qui va se jouer dans le shithole. Le tempo est, comme en commune comédie des ratés, un air connu de l’errance : Occulter la gravité des sanctions internationales contre les réseaux de la criminalité par la légèreté d’une alliance pour la rédemption.

Pour bien saisir la portée de ce texte, il faut se rappeler du postulat de l’errance guidée par GPS qui oriente la trajectoire des espaces shitholiens comme Haïti. Dans ces espaces, la société est morcelée en des strates d’un gangstérisme polymorphe pour permettre, à chaque saison de grandes incertitudes, de modifier la position des strates et laisser une impression de changement en surface, sans jamais changer les structures de ce qui est une vraie géostratégie de la déshumanisation séculaire.

C’est dans ce contexte que la communauté internationale vient de prendre une salve de sanctions contre de puissants acteurs politiques et économiques haïtiens, au motif de leur implication manifeste (entre probabilité absolue et certitude) et leur participation active (évidence depuis longtemps connue) dans la corruption, le financement des gangs et la promotion des activités criminelles depuis ces 20 dernières années en Haïti. Des sanctions qui résonnent de manière ambivalente, car tout en restant symboliques et formelles, elles ne sont pas moins graves et porteuses de nouvelles ondes d’incertitudes pour le shithole haïtien. Dans cette nouvelle tribune, nous tentons de voir quel changement est à portée d’avenir pour Haïti dans l’ombre projetée de ces sanctions.

L’onde de choc ambivalente des sanctions

D’abord, il y a lieu de rattacher ces sanctions à la matrice structurante qui caractérise la géostratégie de la communauté internationale : le processus du double standard. Un processus que l’on peut formaliser ainsi : ce qui est promu en amont est toujours un apparent pour mieux structurer ce qui est occulté dans les profondeurs. Sous cet angle, ces sanctions ont avant tout une finalité pragmatiquement fonctionnelle : émonder les branches inutiles et gênantes de l’arbre du gangstérisme haïtien pour éclaircir la vue et faciliter la croissance de nouveaux feuillages pour la perduration de l’écosystème indigent. Ainsi, elles ne visent qu’à apaiser un climat politiquement chaotique et incertain depuis 2018 et assurer le minimum insignifiant acceptable pour permettre de nouvelles élections. Élections qui de toute certitude ne feront, en raison de l’improbable intégrité du système électoral haïtien et de la stratification de la société en gangs, que reconduire la gouvernance de l’errance avec de nouveaux acteurs plus sympathiques.

Pourtant, ces sanctions ont quand même un caractère grave, en ce qu’elles apportent de nouvelles incertitudes qui pourraient, avec des acteurs intelligents, être mises à contribution pour oser une rupture d’avec le modèle d’affaires qui entretient l’errance du pays. En effet, au-delà des puissantes personnalités politiques qu’elles touchent, ces sanctions s’étendent aussi à de puissants hommes d’affaires que la presse haïtienne n’a jamais osé critiquer. Ce qui atteste la véracité de l’adage laissant croire que : ‘‘pour connaître qui dirige vraiment un pays, il suffit de trouver ceux que la presse officielle ne critique jamais. En Haïti, on peut, sans crainte de se tromper, citer, par ordre d’indigence décroissante, les chefs de file de cette presse officielle : Le Nouvelliste, Radio Métropole, Radio Vision 2000, Radio Télé Caraïbes, Radio Télé Ginen, Magick 100.9). Il y en a des dizaines d’autres, mais tous n’ont pas la même puissance symbolique dans l’enfumage qui étouffe la pensée en Haïti que ces 6 médias sus-cités.

Et de fait, c’est avec une éloquente prudence, mais combien pesante et gênante, que cette presse officielle analyse et commente ces sanctions, s’alignant ainsi sur l’impuissance angoissante de la justice. Mais quel silence encombrant que celui que laissent retentir la gouvernance publique et la gouvernance d’entreprise devant ce qui est, nominalement, pour ainsi dire sans effectivité certaine, une véritable hécatombe pour l’écosystème managérial haïtien.

Rappelons qu’au nombre des personnalités épinglées par les États-Unis et le Canada, on trouve un ancien président de la république, deux anciens premiers ministres, quatre anciens et actuels sénateurs de la république, trois puissants hommes d’affaires, dont l’un est un actionnaire de l’une des deux plus grandes banques privées du pays. Tous appartiennent à la grande famille indigente qui entretient de puissants liens d’affaires avec des intérêts transnationaux. C’est une vraie brochette de malfaiteurs et de gangsters qui se retrouve épinglée par ces sanctions. Pourtant, il n’y a pas lieu de s’inquiéter, et c’est pourquoi ces sanctions ne veulent rien dire. Car ces gangsters reconnus et avilis ne sont qu’un échantillon minime du réseau de malfrats, de crapules et de couillons qui peuple la gouvernance publique et la gouvernance d’entreprise haïtienne. C’est ce fumier abondant qui alimente les strates foisonnantes du gangstérisme polymorphe haïtien. De sorte que ces crapules épinglées savent qu’elles ne sont que la branche qui doit être émondée, l’arbre inutile qui doit être coupé, dans les saisons de résurgence de l’imposture, pour que l’écosystème de la criminalité se conserve, perdure et renouvelle ses feuilles et ses fruits.

Évidemment, en tout autre lieu sur la planète, là où prédomine un minimum d’intérêt national, tous ceux qui ont eu des liens d’affaires étroits avec ces personnalités épinglées, notamment ces 11 dernières, se trouveraient sur une longue liste de présumés complices de crimes contre la nation. Ils se verraient assigner à résidence et bannis de toutes activités sociales et humaines, en attendant qu’une enquête approfondie révèle leurs liens véritables dans la corruption et la criminalité. Mais comme Haïti est un pays improbable et que, depuis l’intronisation de ce président, que Le Nouvelliste avait présenté comme l’idole de la jeunesse haïtienne ([i]), le pays is open for (Narcotic) business, l’indigence semble être le climat normal du pays. Ainsi, malgré la fausse vraie tempête qui se couve dans l’onde de choc de ces sanctions, les affaires continuent de se brasser sans que personne ne s’en inquiète outre mesure. On eut dit un fait divers qui n’empêche pas les crapules et les couillons de continuer de fredonner l’hymne du prolongement de l’indigence en rose.

La valse des crapules

C’est si vrai, que les crapules médiatiques qui avaient célébré le gangstérisme ([ii]) instauré en Haïti depuis 2011, les ordures de la société civile qui s’étaient transformées en acteurs non étatiques ([iii]) pour soutenir ce pouvoir délinquant dans la dilapidation du trésor public, les espaces socioprofessionnels d’entre soi ([iv]), qui avaient envoyé leurs membres les plus illustres performer ([v]) auprès de ce gouvernement, revendiquant ouvertement le banditisme légal, sont les mêmes qui sont en train de dicter l’agenda du changement pour le pays.

L’Onde de l’Errance © Erno Renoncourt

Une indécence qui n’est pas nouvelle. Car, elle rappelle le décor dans lequel, après la chute des Duvalier, en 1987, les mêmes, qui chantaient les louanges de la présidence à vie dans les médias privés et publics, s’étaient convertis en militants pour la liberté d’expression ; les mêmes, qui torturaient dans les prisons, étaient devenus militants droits de l’hommiste. Ces métamorphoses indigentes, entretenues par des liaisons entre crapules et couillons, ont laissé une empreinte putride qui s’est répandue sur toutes les strates sociales haïtiennes Une empreinte qui caractérise ce que nous appelons le modèle d’affaires de l’errance par la corruption et la criminalité. Et c’est le docteur Louis Naud Pierre, chercheur attitré de l’Institut d’Études Internationales de Montréal et grand serviteur du régime gangster de Jovenel Moïse, qui l’a certifié dans ses publications doctorales : « […] on assiste dans tous les secteurs à une criminalisation croissante des milieux économiques, politiques et financiers. Hommes d’affaires et tenants de la criminalité organisée se coalisent pour accroître la synergie entre économie conventionnelle et économie criminelle. Ils bénéficient, pour ce faire, de la protection des gouvernants en échange de leur soutien financier […] » ([vi]).

Une analyse qui montre l’évidente stratification de la société haïtienne en gangs. Le paradoxe de cette analyse est dans le fait que l’universitaire, doctoré et accrédité par les plus grandes universités européennes et nord-américaines, qui a révélé cette stratification du pays en gangstérisme politique, économique et social, entre 1994 et 2002, est aujourd’hui sur une des strates du gangstérisme le plus macabre que le pays n’ait jamais connu. Mais ce paradoxe, loin d’être encombrant pour notre réflexion, est au contraire éclairant. Car il permet d’attester que le rayonnement académique dans un shithole sert à anoblir ceux qui doivent dénigrer les projets et les gouvernements qui ne sont pas du goût de l’international, tout en apportant, sous forme de caution intellectuelle, un vernis aux régimes criminels soutenus par l’international.

Ainsi est façonné l’imaginaire du lettré haïtien. Formaté pour l’imposture, la malice et l’insignifiance, il est incapable de constance, de cohérence et de conviction. Ce qui lui donne des talents de virtuoses pour prendre part aux grandes chorégraphies et aux grandes messes bacchanales qui se donnent cycliquement dans le shithole. En Haïti, les réseaux médiatiques, de la culture et du savoir ne s’intéressent ni à la rigueur, ni à la vérité, ni à la méthode. C’est le label qui est derrière l’idée qui importe, et forcément celui qui se présente sous les attraits blancs attirent toutes les adhésions. C’est un membre influent de l’Association Nationale des Médias Haïtiens, directeur de média lui-même (Radio Ibo), qui avait, dans un fil de conversation sur Twitter, en 2018, défendu l’idée qu’il appartient aux médias de décider de l’opportunité de critiquer ou de dire la vérité sur la nature d’un régime politique. Vous comprendrez aisément que cette opportunité dépend du soutien international envers ce régime : si le blanc est aux côtés de ce régime, pas d’opportunité ; à l’inverse, si le blanc est contre ce régime, l’opportunité devient une nécessité absolue.

La chorégraphie de la nouvelle imposture

Voilà la posture crapule et indigne qui permet d’anticiper le mouvement et l’amplitude de l’onde qui est en train de se déployer à travers le shithole. Une onde qui va donner lieu à une chorégraphie indigente sous forme d’une nouvelle imposture, une nouvelle poussée d’enfumage pour le changement. Une onde qui va unifier toutes les strates sociales haïtiennes du gangstérisme en leur confiant chacune une mission à exécuter à un moment bien précis. Une onde annoncée par Alter Presse qui, après avoir publié largement l’appel à une alliance pour le changement lancé par le secteur privé haïtien des affaires, est revenu quelques jours plus tard demander : Haïti-Crise : Que veut réellement le secteur privé[vii] ?

Comme s’il existait un doute que le secteur privé haïtien puisse vouloir autre chose qui ne soit compatible avec son modèle économique d’affaires. Un modèle connu pour ses affinités mafieuses et criminelles.

Le forum du secteur économique haïtien n’est-il pas le plus puissant des partis politiques haïtiens, alors que ses membres se disent tous apolitiques ? N’est-ce pas le secteur patronal haïtien qui avait imposé en 2016 son représentant Pierre Louis Opont comme président du CEP pour diriger les élections après que celui-ci ait publiquement avoué avoir trafiqué en 2011 les résultats des élections sur ordre de l’OEA ? Et, alors que le pays dénonçait les irrégularités et les fraudes massives dans les élections de 2016 sous les ordres du même Pierre Louis Opont, n’est-ce pas le président de la puissante chambre de commerce haïtiano américaine (HAMCHAM) qui avait fait un plaidoyer pour la promotion des mauvais arrangements en demandant au pays de valider la fraude plutôt que de perdre du temps dans la recherche de la vérité électorale ? N’est-ce pas un puissant membre du secteur privé haïtien qui a été arrêté en 2012 comme chef de file du plus gros gang de la caraïbe, selon ce qu’avait révélé Réginald Delva, alors secrétaire d’état à la sécurité publique ? N’y a-t-il pas eu de 2012 à 2022 des dizaines autres d’affaires (plus ou moins connus) suspectés, poursuivis et parfois arrêtés par la DEA pour trafic de stupéfiants et autres crimes crapuleux ?

De sorte que l’appel au changement lancé par une partie du secteur privé haïtien rappelle le 14 ème chapitre de Zadig (la danse). Ce conte philosophique dans lequel Voltaire, avec une douce ironie, montrait, la nature crapule et corrompue des puissants et des courtisans de son époque, tout en livrant une vibrante leçon éthique sur la légèreté des postures qui, étant sans attache, peuvent rester cohérentes en toute circonstance.  En effet, dans ce chapitre, Voltaire décrit les postures graves, lourdes, disgracieuses, pesantes et indignes des prétendants trésoriers que le Roi avait convié dans ses appartements pour danser, afin de trouver, par la légèreté de leur danse, le plus honnête d’entre eux à qui confier sa trésorerie. Le piège consistait à les faire passer par une chambre qui contenait les trésors du Roi, et dans laquelle, chacun des prétendants devait rester seul pendant un moment, avant de regagner la grande salle de performance de la danse. On comprend aisément que plus les postures des danseurs étaient lourdes, graves et pesantes, plus les poches de leurs habits contenaient des parts de trésor subtilisées. Ainsi, seul celui qui a su danser avec légèreté a pu confirmer sa dignité pour devenir trésorier infaillible du Roi.

On peut donc s’inspirer de ce conte philosophique pour répondre à la question posée par Alter Presse.  Les postures managériales et professionnelles laissées, ces 35 dernières années, par le secteur privé haïtien, dans sa reliance attendue comme gouvernance d’entreprise responsable (Référentiels de management : ISO 26000, la responsabilité sociétale) pour aiguiller la gouvernance publique, sont trop pesantes d’irresponsabilité, d’indignité, d’insignifiance, d’inconstance, d’incohérence, d’inconscience, d’insouciance et d’indigence pour pouvoir survoler avec légèreté ces lourdes sanctions pour espérer une rédemption par un simple appel au changement. En évangile comme en affaires, la rédemption se mérite par repentance sincère et pénitence sévère.

Toujours est-il que cette nouvelle imposture qui est en train de se jouer est pour le moins scandaleuse. Vouloir passer de la gravité de ces sanctions à la légèreté d’une rédemption, par une improbable alliance pour le changement, sous le patronage de ce secteur privé qui a escroqué le pays en 2004 est un affront pour l’intelligence éthique. Notamment, parce que ce secteur a en 2004 insulté la dignité nationale, en mettant en avant un faux contrat social pour déstabiliser le pays, avec l’appui des intellectuels portefaix, et des médias couillon de service, alors qu’il ne cherchait qu’à avoir le monopole sur les maigres ressources du pays en obtenant le droit de choisir le leadership politique qui convient à ses intérêts. Ainsi, de 2004 à 2022, le secteur privé haïtien s’est taillé la part du lion dans tous les domaines, en obtenant, tour à tour, le monopole sur les ports, une franchise totale et sur les importations de produits alimentaires et des biens, le droit exclusif de fixer les prix de ses produits à sa guise, sans équité. Sans oublier ce privilège injuste socialement de fixer ses prix en dollars américains tout en confisquant les dollars des citoyens pour ses transactions privées.

S’il y avait un vrai front pour l’intérêt national, avec une majorité de gens dignes, cela devrait révolter les consciences et provoquer un vrai soulèvement contre ce réseau de crapules et de couillons qui se donne la main dans le secteur privé, dans les médias, dans les réseaux académiques, dans les réseaux de droits humains pour prolonger l’errance du peuple haïtien. Car cette immonde indécence est de trop ! Voir continuellement, au bout de chaque crise, les mêmes ordures, confinées dans les espaces d’entre soi mafieux et putrides, animées des mêmes dispositions pestilentes de malice et d’indignité, se relayer, selon un cycle bien programmé, pour enfumer la vie, empester la dignité, occulter l’intelligence, en s’érigeant en modèles de vertu et en potentiels éclaireurs du changement est une insulte pour la dignité de l’homme haïtien. Il est temps que tous ceux qui ont œuvré, célébré, cautionné et financé l’avènement du PHTK soient mis au banc des crapules de la nation, il est temps que ces fatras humains soient bannis de toute prise de parole publique et de fonctions où prédomine l’intérêt public et de toute activité sociale. Et ce qu’ils fussent ministres, sénateurs, conseillers, et même qu’ils soient cardinaux, évêques, dignitaires, universitaires, intellectuels, banquiers, entrepreneurs, éditorialistes, journalistes, ‘‘écri-vains’’, ‘‘écri-vend’’ ou académiciens.

Il est quand même choquant, sidérant, voire inquiétant pour l’avenir d’Haïti, de savoir que ces sanctions qui, en d’autres ailleurs, non moins peuplés de crapules et de corrompus, auraient induit de multiples instructions judiciaires, des faillites économiques, des démissions dans les entreprises privées (médias, banques), des ruptures de liens d’affaires, des arrestations à la pelle, des licenciements à n’en plus finir pour protéger la réputation des institutions ayant eu affaire avec ces crapules, n’ont provoqué aucune disposition pour un apprentissage profond dans les milieux concernés.  Alors qu’un tel apprentissage aurait pu révéler la portée de l’onde de ces sanctions et mesurer l’ampleur des liaisons putrides entre gangs, médias, secteurs privés, églises, ONG, agences internationales, réseaux socioprofessionnels et foyers culturels dans tout le pays. Une démarche indispensable qui doit aider à une refonte totale du logiciel managérial haïtien pour réinventer de nouveaux processus d’affaires et ensemencer ainsi les ferments d’une écologie de la responsabilité comme valeur indispensable d’une potentielle cohésion pour une Haïti digne.

Mais, au lieu de cela, on sent une certaine précipitation d’en finir au plus vite avec le scandale pour protéger le système en passant à autre chose. Comme ce fut le cas lors du rapport de la commission indépendante d’évaluation et de vérification électorale en 2016 qui avait révélé de profondes aberrations et d’incohérences dans les processus d’affaires électoraux, pourtant toute la société, sous l’influence des mêmes réseaux d’enfumage (médias, droits humains, académiques), poussait pour aller au plus vite vers les élections. Et on connaît la suite : l’institutionnalisation du gangstérisme. Rappelons à ceux qui répètent, avec une grande et fière insignifiance, les injonctions du blanc, qu’il faut des élections pour remettre le pays sur la bonne voie, que ce sont trois élections galvaudées en 2011, 2015 et 2016 qui nous ont conduit dans cette impasse indigente. Et qui connaît les liens que les personnalités épinglées dans les sanctions actuelles ont eu avec les réseaux médiatiques, droits-de-l’hommiste, académiques et culturels ? D’ailleurs ne sont-ce pas ces réseaux qui se sont regroupés en acteurs de la société civile pour former les trois dernières structures administratives des institutions électorales qui ont livré le pays au gangstérisme ? Ne sont-ce pas ces mêmes réseaux, qui après ces ‘‘S-élections’’, s’étaient transformés en acteurs non étatiques pour supporter ceux qu’ils avaient aidé à accéder frauduleusement au pouvoir comme acteurs étatiques. Encore une trame des liaisons putrides entre crapules et couillons.

Ainsi, en attendant de cartographier l’ensemble de ces liaisons et décrire ainsi les prismes stratégiques des processus crapuleux du modèle managérial haïtien ; nous publions cette illustration qui décrit le déploiement de la nouvelle chorégraphie d’enfumage qui va se performer dans le shithole pour un nouveau cycle de l’errance.

Une chorégraphie tout en imposture. Elle se déploie comme une onde sinusoïdale avec trois cycles, c’est à dire 3 périodes bien définies chacune par un creux et une crête pour retrouver l’équilibre de l’alignement du shithole sur le point d’inflexion voulu par la géostratégie de la déshumanisation. Équilibre qui a été rompu par relative autonomie accordée aux multiples strates du gangstérisme polymorphe piloté par le Big Gang. Les gangsters impunis de la communauté internationale, ont promus à la crête de l’onde du shitholes des gangsters reconnus pour faire régner la terreur, tandis qu’au creux de la vague, ils sont soutenus par des gangsters d’affaires peu connus qui alignent leur modèle d’affaires sur la criminalité. Le chaos atteignant son comble, le démiurge du shithole intervient sur la seconde crête pour changer de strates certains gangsters avilis. Tandis qu’au creux, ils dictent aux virtuoses de la société civile, qui forment une partie des gangsters méconnus, le script de la chorégraphie du changement pour préparer le banquet de l’alliance pour la rédemption. Banquet que les réseaux médiatiques et académiques, formant l’autre partie des gangsters méconnus, publie déjà les invitations en relayant les échos. Le décor est ainsi planté pour introniser les gangsters convertis qui viendront rétablir l’alignement de l’axe d’oscillation du mouvement de l’errance.

Une manière TIPÉDANTE de prouver une fois de plus que : tout ce qui objective le réel avec clarté, rigueur et objectivité se dit avec des mots d’intelligence qui se bousculent en mille représentations éloquentes, mettant des images en action pour magnifier le pouvoir de l’imagination et offrir des leviers pour l’action par un modèle de données probantes et mathématisables. Car, comme le disait Galilée, la nature est écrite en langage mathématique. Et pour cause, si la pensée qui porte une problématique contextuelle ne peut pas être mise en équation, c’est parce qu’elle mutile et simplifie le réel.

A bientôt pour révéler le système d’équations qui modélise les liens du modèle d’affaires du secteur privé haïtien avec la criminalité.

Références

[i] https://lenouvelliste.com/article/90986/michel-martelly-lidole-des-jeunes-va-devenir-president-dhaiti

[ii] https://lenouvelliste.com/article/142643/bravo-messieurs-et-dames

[iii] https://www.haitilibre.com/article-3668-haiti-politique-edouard-paultre-du-conhane-a-rencontre-le-president-martelly.html

[iv] https://lenouvelliste.com/article/158067/mcjm-dame-de-fer-et-femme-de-coeur

[v] https://lenouvelliste.com/article/129809/vingt-ans-a-vulgariser-linternet-en-haiti

[vi] https://www.cairn.info/revue-droit-et-societe1-2007-1-page-123.htm

[vii] https://www.alterpresse.org/spip.php?article28888

Mediapart, 18 décembre 2022

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