À la recherche du compromis introuvable sur la Transition!

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Le docteur Gethro Louis-Jean, confirme avoir été approché pour représenter le groupe des signataires de l’Accord Montana au Haut Conseil de Transition (HCT) et se dit prêt à servir la République à ce niveau.

L’on peut n’être jamais d’accord avec le professeur Rosny Desroches sur son positionnement sur la scène politique haïtienne, mais sa déclaration sur la conjoncture politique d’Haïti ne peut être contestée. En tout cas, elle est d’une criante réalité pour ne pas dire une vérité tout court. Qu’a dit le Président de l’OCID (Observatoire Citoyen pour l’Institutionnalisation de la Démocratie) ? Dans un long entretien accordé à des médias de la capitale la semaine du 15 novembre 2022, Rosny Desroches estime que l’absence d’un attachement réel en Haïti de tous les secteurs à la démocratie hypothèque presque l’avenir du pays et de ce fait, l’on se rapproche plus de l’anarchie compte tenu de ce que nous vivons depuis des années. A en croire le dirigeant de l’OCID  « Il n’y a aucun respect de l’alternance ni de l’équilibre du pouvoir dans le pays, c’est pour cela que la violence, qui a toujours caractérisé la politique haïtienne, a pris le dessus. Nous sommes aujourd’hui, en fonction de la conjoncture, plus proche de l’anarchie que de la démocratie » avance-t-il.

En effet, au vu de la situation chaotique dans laquelle évolue le pays, personne ne peut dire le contraire même si certains acteurs font semblant de ne rien voir. D’où, d’ailleurs, cette nouvelle série de démarches entreprises par un certain nombre d’organisations politiques bidons ou totalement creuses et des personnalités qui ne représentent, en vérité, qu’elles-mêmes. Au point que la Transition a pris une tournure ridicule dans la mesure où chaque individu ou groupuscule cherchant à exister propose sa propre contribution, ses propositions ou son Accord tout en sachant que ces propositions ne changeront pas un iota dans la crise et ne feront aucun consensus parmi les acteurs. Au cours du mois d’octobre 2022, en moins de deux semaines, le pays a eu droit à au moins trois nouvelles propositions ou approches selon leurs promoteurs susceptibles d’apporter une solution à la crise que traverse la Transition que dirige le Premier ministre de facto Dr Ariel Henry depuis plus d’une année.

Le Dr. Louis Gérald Gilles, signataire de l’Accord du 11 septembre, est partie prenante du Haut Conseil de Transition (HCT)

Pour commencer, les observateurs ont reçu un document de la part d’un mystérieux groupe  ayant pour titre : « Regroupement des non-alignés » tandis que le document en question s’intitule « Pacte d’engagement des non-alignés ». Dans ce texte, les signataires ou membres de ce nouveau Regroupement appellent tous les autres acteurs à trouver un Accord dont le but est de s’asseoir sur un consensus national sans exclusion. Un appel qui n’a rien d’original puisque l’ensemble des Accords déjà en circulation ou qui sont en débat s’accorde sur ce même principe : trouver un consensus pour avancer. Qu’est-ce qui différencie le « Pacte  d’engagement des non-alignés » des autres Accords existant ? Aucun. Même si, d’emblée, ce nouveau regroupement nous annonce que  « Nous ne sommes pas un Accord en plus. Il s’agit d’une formule unique capable de tirer des propositions de tous les Accords». La seule différence qu’il faut mettre au crédit des membres du « Regroupement des non-alignés », c’est qu’aucune des organisations ou individus ayant signé ce nouveau Pacte n’appartient à aucune des entités liées aux précédents Accords ou n’en a signé aucun.

D’ailleurs, c’est l’argument suprême des signataires du Pacte pour se démarquer des autres et même prétendre apporter du sang neuf dans le débat. Mais, certains leaders et autres entités politiques émettent de sérieux doutes sur cette affirmation quand ils ont pris connaissance des noms de la plupart des organisations signataires du « Pacte des non-alignés ». En effet, certaines structures sociopolitiques qui sont à l’origine de cet énième Accord qui ne dit pas son nom ne sont pas des inconnues ou sont de pure fiction pour le grand public. Certes, la plupart d’entre elles portent des noms donnant envie de sourire tant ils sont imagés, c’est le cas de : Merci et Edem. Les autres ne sont pas moins rassurants. Outre Merci et Edem, il faudra rajouter : Gesna ; USC ; Graph ; Collectif des anciens maires et le Parti des Travailleurs Révolutionnaires pour l’Intégration des Masses (Patrim), soit un nombre de huit organisations que la population aurait aimé connaître le lieu de leur implantation.

Cette nouvelle structure politique entend convaincre tous les autres acteurs, Secteurs et autres Accords de signer une résolution afin de résoudre la crise haïtienne post-Jovenel Moïse. Sauf que les signataires du « Pacte d’engagement des non-alignés » ne sont pas au bout de leur peine. Avant même que leur démarche soit connue de tous, elle était déjà concurrencée par une autre initiative encore plus solide compte tenu des poids lourds qui en font partie et qui sont à l’œuvre bien que ni l’un ni l’autre n’ait aucune chance de faire mieux que les Accords de Montana et leurs alliés ou du 11 septembre, bras politique du pouvoir Exécutif.

Selon Jean Clarens Renois. Ce Haut Conseil de Transition aura pour mission de réorienter la gouvernance du pays, d’accompagner le gouvernement dans sa démarche d’améliorer la vie du peuple haïtien.

C’est deux jours après la présentation au pays du « Conseil de Transition du Peuple Souverain » de l’ancien sénateur Jean-Charles Moïse, qu’a été rendue publique cette nouvelle proposition de sortie de crise. Selon les organisations signataires de la nouvelle « Déclaration conjointe », il s’agit d’un « Compromis historique » qui permettrait à coup sûr une issue favorable à la crise. Dans la déclaration qui a été publiée le mardi 25 octobre 2022, nous apprenons que ce sont les membres des différents Accords et autres qui ont pris l’initiative de ce « Compromis historique ».

« Nous, signataires de la présente Déclaration, représentants d’Accords et d’Entités politiques de divers horizons, réunis à l’extraordinaire, avons convenu de conjuguer nos efforts pour juguler de façon durable et consensuelle, cette longue crise qui met en péril les fondements mêmes de la République et fait planer, une fois de plus, de lourdes menaces sur notre Souveraineté nationale. Nous voulons œuvrer, dans un élan patriotique, avec le souci de privilégier les intérêts supérieurs de la Nation, en dehors de toutes considérations partisanes et de tout esprit de sauvegarder des intérêts particuliers ou des droits indûment acquis. Nous confirmons des avancées significatives dans un processus de pourparlers avec les autorités constituées autour des points susmentionnés et la poursuite de nos discussions avec d’autres forces politiques, économiques et sociales qui partagent les vues exprimées dans la présente Déclaration », une note portant les signatures de certains acteurs, inattendus pour certains.

Patron d’un groupuscule dénommé « Lòd Demokratik », Jean Renel Senatus, tente de brouiller les cartes.

En effet, parmi ces signataires, l’on retrouve des organisations ou entités de proue telles que : l’Accord Unitaire d’Haïti ; le Parti RDNP de feu Éric Jean-Baptiste, avant son assassinat ; le Protocole d’Entente Nationale (PEN modifié) ; le PHTK de Liné Balthazar ; UNIR-Haïti de l’ancien journaliste Clarens Renois et enfin le Groupe de Concertation politique.

Tous des têtes de pont depuis le début de la Transition et même avant pour certains. Après plusieurs échecs essuyés face au Premier ministre de facto Ariel Henry et ses alliés de l’Accord du 11 septembre, certains signataires de cette nouvelle Déclaration cherchent finalement à rentrer dans les rangs, selon d’autres Secteurs opposés à cette  nouvelle initiative. La plupart croient même que ce mouvement est en quelque sorte un stratagème pour affaiblir l’équipe de l’Accord de Montana et ses alliés par le fait que « PEN modifié » est une branche dissidente de « PEN canal historique » qui tient à rester solidaire de leurs camarades de Montana.

Autres interrogations que ce « Compromis historique » soulève, c’est la présence du PHTK parmi ce groupe qui, semble-t-il, a pioché un peu partout dans les autres Accords opposés à Ariel Henry et l’Accord de Musseau. Certains responsables politiques ne comprennent pas la participation de Liné Balthazar aux côtés d’un Clarens Renois de UNIR-Haïti ou de PEN modifié si ce n’est pas une entente pour une participation dans l’actuel gouvernement dont PHTK est membre et surtout signataire de l’Accord du 11 septembre qui soutient sans réserve Ariel Henry dans sa ligne politique d’un Exécutif monocéphale. On sait aussi que le PEN modifié n’est pas trop exigeant sur un Exécutif dirigé par un seul chef. Une vision totalement opposée à ce que pensent leurs petits camarades de PEN canal historique restant fermement accrochés à la position de l’équipe de Montana pour un Exécutif bicéphale. Il reste aussi la position ambiguë de l’ancien sénateur de l’Ouest, Jean Renel Senatus dit Zokiki, sur la question de sa participation dans le gouvernement d’Ariel Henry.

Patron d’un groupuscule dénommé « Lòd Demokratik » mais membre de la nébuleuse qui a produit cette fameuse « Déclaration conjointe » avec PHTK, Concertation politique, etc, Jean Renel Senatus, suivant l’interlocuteur qu’il a en sa présence, tente de brouiller les cartes. Quand on lui demande de clarifier sa position sur une éventuelle participation de cette nouvelle structure au gouvernement conduit par Ariel Henry, Zokiki répond par une pirouette «  Les Partis signataires de cette Déclaration prioriseraient l’intérêt du pays et ils procéderont à un choix. L’objectif étant de trouver une entente inter-haïtienne pour mettre fin à la crise politique et aborder les différents problèmes qui paralysent le pays sans l’intervention d’une force armée étrangère » argumente-t-il sans nier pour autant vouloir intégrer l’équipe gouvernementale. Sommes-nous à l’approche d’une sortie de crise par le truchement de ce regroupent inattendu et improbable? L’avenir nous le dira.

Il est question depuis quelques semaines de la mise en place d’un « Haut Conseil de Transition » (HCT), un organe censé collaborer avec le pouvoir en vue, justement, de trouver un « Compromis historique » capable de « Garantir la protection des vies et la libre circulation des personnes et des biens, la reprise totale des activités; la stabilité et l’efficacité de la gouvernance intérimaire; l’amélioration des conditions de vie des couches défavorisées; la création des conditions pour l’organisation des élections démocratiques dans un délai ne dépassant pas 18 mois ». Ce qui est déjà beaucoup dans un pays où l’on s’éloigne de plus en plus de la démocratie en s’approchant davantage de l’anarchie.

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