Il n’y a pas de troisième voie!

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Selon toute vraisemblance en Haïti, la situation politique au sein de l’opposition plurielle est justement bloquée. La maladie de l’ancien sénateur Moise Jean-Charles ne va-t-elle pas lui jouer un mauvais tour à savoir réduire en peau de chagrin l’édifice combien fragile de la mobilisation en cours contre le pouvoir?

L’évolution de la situation nous a permis de faire toute la lumière sur le rôle sinistre que pourraient jouer certains dirigeants. De plus, bon nombre d’entre eux et surtout parmi les plus fougueux et les plus virulents peuvent être directement ou non à l’origine de bien des erreurs et même des excès inutiles. Et puis, il y a ceux qui, délibérément, ont, de par leur position de classe, amorcé la crise puisqu’ils ne pouvaient rien présenter aux masses populaires ni même leur proposer une alternative fiable et idéale de pouvoir. Aucune démarche tendant à le susciter ou à le rendre catalyseur d’un projet clair de façon à identifier un objectif, un choix valable qui aurait pu transformer ses faiblesses en force irrésistible et victorieuse de façon à briser irréversiblement certains mythes et même le caractère tabou du régime pourri et corrompu et surtout du système politique et idéologique sur lequel il s’appuie.

Il ne s’agit pas tout simplement de prendre le pouvoir ou de rejeter un président. C’est trop facile. L’essentiel pour ne pas dire le mieux, c’est de construire la bataille. Le changement ne se fait ni ne se donne. On le construit, mieux, on l’organise!

Toute lutte politique a ses méthodes, c’est à dire ses caractéristiques propres. Pour le reste, nous sommes de ceux qui au terme d’une expérience amère entre 1990 et 91, mais pourtant combien féconde, n’ont jamais hésité à avouer que le seul fait politique qui peut provoquer un sursaut de changement chez les masses populaires haïtiennes reste la capacité de ses organisations ; si elles sont conformes à la liberté, au progrès, à la justice sociale, à l’indépendance et à la dignité. Nos ancêtres esclaves le savaient bien; puisque pendant seulement 13 ans, ils ont fait l’expérience heureuse et victorieuse justement de cette règle sans exception pour combattre le système inhumain, rétrograde d’esclavage, à savoir que seule une force organisée, structurée, disciplinée, hiérarchisée est capable d’aboutir à un résultat tangible, positif, efficient, utile.

Ce n’est point simplement une question de rendez-vous pour des manifestations par-ci, par-là. Celles-ci ne sont pas suffisantes. Elles doivent s’accompagner inévitablement et de façon indispensable d’un travail de réflexions idéologiques de façon à cimenter l’idéal collectif des forces populaires, démocratiques et progressistes. L’opposition peut-elle s’y astreindre ? That is the question.

A ce stade de la lutte pour le changement, certes personne n’est indispensable; n’empêche, on doit savoir, on veut savoir la vraie orientation d’un courant politique: est-il patriotique, progressiste, ou ne l’est-il pas ?

Persister dans une démarche autre sans essayer de rectifier le tir revient à se demander si ce n’est pas duper le peuple; puisqu’il n’y a que deux camps; ou bien l’on est dans le camp du peuple ou bien dans celui de ses adversaires. Se présenter dans une manifestation contre le gouvernement ne donne à personne pour autant un certificat de progressiste. Il en faut plus.

Pour en avoir le cœur net et se mettre vraiment à l’œuvre, il est important et indispensable de discerner et de reconnaitre quelles sont les vraies orientations du peuple quand il revendique dans les rues. C’est uniquement quand la rue est identifiée en tant que force organisée, qu’on peut espérer d’elle quelque chose de constructif, de positif. Pourquoi ? Parce que dès lors elle représente non pas seulement un simple «rouleau compresseur» sans boussole, mais un parti d’avant-garde, un secteur bien déterminé ayant non seulement une vision, un agenda clair, mais un objectif à atteindre.

A ce stade de la lutte pour le changement, certes personne n’est indispensable; n’empêche, on doit savoir, on veut savoir la vraie orientation d’un courant politique: est-il patriotique, progressiste, ou ne l’est-il pas ? Tout le monde doit pouvoir le discerner et le cerner pour ne pas avoir à applaudir des imposteurs. Car ce n’est par l’argent de la bourgeoisie qui nous aidera à sortir du pétrin qu’est l’absence d’organisation, encore moins le hasard. L’important est que la force organisationnelle découle clairement d’un Manifeste d’Unité Populaire.

Reculer devant ce devoir ou jouer à l’incompréhension; c’est ouvrir la voie à d’autres aventures, d’autres déboires malheureux voire même de multiples orientations les unes plus mauvaises que les autres en embrassant sans doute des routines opportunistes.

L’important reste à savoir qu’il nous faut de toute urgence nous affranchir de la domination impérialiste. Pour parvenir à nous libérer de cette mise sous tutelle dont nous sommes victimes, il n’y a pas de chemin en dents de scie ou inconnu; il n’y a qu’un seul choix celui de l’organisation d’un objectif concret au sein de la classe laborieuse comme moyen de réaliser un vrai changement suivant les aspirations des masses exploitées. La seule voie qui peut conduire à une conscience révolutionnaire et briser le pouvoir d’inertie des structures semi-féodales.

Il n’y a pas de troisième voie capable de constituer une force motrice pour le changement et la révolution sociale. Cela n’existe point. L’absence d’un cadre ou d’un dirigeant fût-il même valable ne saurait être un handicap ou un obstacle majeur à poursuivre la lutte jusqu’à la victoire finale.

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