Ariel jette de l’huile sur le feu

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Dans la conjoncture actuelle, une telle déclaration d’augmentation des prix du carburant, c’est sciemment, consciemment et volontairement jeter de l’huile sur le feu populaire alors que la population fait face à une misère atroce.

Depuis le 231e anniversaire du soulèvement des esclaves du Nord, le 22 août dernier, une série de manifestations permanente a été lancée dans plusieurs villes du pays non seulement pour dénoncer la vie chère, l’augmentation vertigineuse du taux du dollar américain par rapport à la monnaie haïtienne, l’insécurité grandissante, la rareté de carburant mais aussi la démission du Premier ministre Ariel Henry, jugé par la population incapable de gouverner le pays.

En effet, le dimanche 11 septembre ramenait le premier anniversaire de la formation de son gouvernement de coalition et de son Accord Musseau ou Accord du11 septembre pour un apaisement social.  Au lieu de se mettre à l’écoute du peuple, Ariel a choisi le contraire en se positionnant justement à l’encontre des masses défavorisées. Il a choisi de ne pas se plier aux revendications des masses mais de provoquer davantage ces dernières.

Dans son discours de circonstance, dans la soirée du dimanche, comme une sorte de provocation à l’encontre du peuple, il a osé, malgré des semaines de mobilisations antigouvernementales sur le coût de la vie, annoncer une hausse de l’essence. Il a déclaré : « L’Etat a besoin de 3 milliards de gourdes pour lancer quelques programmes sociaux alors que l’on dépense plus de 50 milliards de gourdes pour subventionner le carburant au profit de ceux qui auraient pu le payer au prix du marché international. Fort de tout cela, le carburant se vendrait à un prix inférieur à celui fixé par le marché informel. Nous allons ajuster le prix des produits pétroliers et nous allons les rendre disponibles dans toutes les stations du pays dans un bref délai »

Le Premier ministre de facto Ariel Henry, lors de son discours le 11 septembre dernier

Pour rendre plus claire ses idées qui sont une attaque contre les masses défavorisées, dont la majorité vivant dans le chômage à perpétuité il a ajouté : « Nous allons augmenter le prix de l’essence pour nous assurer que le gouvernement collecte suffisamment d’argent pour faire fonctionner le pays. Nous ne pouvons pas continuer à subventionner le gaz pour les personnes qui peuvent payer le prix fort et acheter le gaz pour le vendre sur le marché noir ».

Le Premier ministre sait très bien que ce qu’il vient de faire, n’est autre qu’une attaque frontale dirigée contre le peuple car il a bien pris le soin, de façon maligne, de souligner dans son discours que « La violence n’est pas la réponse, la violence ne nous aidera pas à faire avancer le pays. J’exhorte tout le monde à rester calme et à travailler ensemble pour résoudre nos différends ».

Dès le lundi 12 septembre, le peuple lui a rendu la monnaie de sa pièce et cela dans plusieurs villes du pays par de grandes manifestations montrant une participation massive du peuple. Le transport en commun a été paralysé et des barricades de pneus enflammés ont été remarquées dans plusieurs coins à Delmas, à Pétion-Ville, au centre-ville de la capitale, Port-au-Prince et dans certaines villes de province telles que Petit-Goâve, Cap-Haitien, Gros Morne, Carrefour, Léogane, Cabaret et Arcahaie pour ne citer que ceux-là.

Ariel en tant que représentant authentique d’une classe bien déterminée, ennemi déclaré du peuple, n’a jamais éprouvé les mêmes sacrifices, ni ressenti les mêmes douleurs que les masses populaires. À l’entendre pérorer, il semblerait vouloir laisser croire que ses déclarations osées ne sauraient en aucune façon soulever le peuple pour faire déborder le vase des mobilisations. Le peuple n’aurait pas, selon lui, la finesse de voir clair à travers ses mesquineries, voire même qu’il se laisserait manipuler : « Je sais que certains vont tenter de vous manipuler, vous inviter à gagner les rues pour empêcher que le carburant soit vendu au prix normal. Ils vont essayer de faire leur capital politique et vont faire perdurer la rareté. Ils ne vont pas accepter les solutions durables puisqu’ils gagnent beaucoup d’argent dans l’instabilité » Quelle aberration !

En réalité, ce n’est pas le peuple qui n’a pas les capacités de comprendre mais c’est bien le Premier ministre de facto Ariel Henry qui, dénué de conscience, refuse de faire face à la réalité du pays, est-ce par myopie politique ? Il n’a pas pu discerner que dans la conjoncture actuelle une telle déclaration d’augmentation des prix du carburant, c’est sciemment, consciemment et volontairement jeter de l’huile sur le feu populaire alors que la population fait face à une misère atroce.

Des barricades de pneus enflammés

Le mardi 12 septembre, une grève générale a été annoncée et respectée. Les rues ont été désertes. De rares véhicules ont été remarqués dans les rues, même les mototaxis ont amplement respecté le mot d’ordre de grève.

Certaines entreprises privées et publiques ont gardé leurs portes fermées par mesure de précaution. La note triste de cette journée de grève en protestation contre le gouvernement en place est la mort, à Delmas, d’un manifestant et d’une dame enceinte.

Des plaintes doivent être portées contre le gouvernement, particulièrement le Premier ministre et tous ses alliés de l’Accord du 11 septembre tels que le Secteur démocratique populaire, le MTVAyiti, La Fusion, Inite etc…pour la mort de Misterline Charles, cette dame enceinte qui a été tuée chez elle, le mardi 13 septembre 2022, á Delmas 3 où elle a été atteinte par trois projectiles.

L’autre victime, un manifestant identifié par les riverains comme un certain Rodrigue, a été abattu à Delmas 17, non loin du bureau de l’Office National d’Assurance Vieillesse (ONA). Des protestataires ont témoigné que le crime a été commis par un agent de sécurité de l’ONA.

Par ailleurs, le gouvernement, impitoyable malgré les protestations, a au cours du Conseil des ministres de cet après-midi décidé de maintenir sa décision d’augmenter le prix des carburants, la deuxième en moins d’une année. Et sans annoncer la date de mise en vigueur de sa forfaiture d’augmentation, il enfonce déjà le poignard dans le cœur du peuple quand il fait savoir que le prix de la gazoline pourrait passer à 750 gourdes, le diesel à 670 et le kérosène à 665 gourdes. Pourtant, la pitance de salaire des travailleurs reste telle quelle. Cela ne nous regarde pas nous dirait sans doute le Dr Ariel Henry.

N’est-ce pas Xi Jinping, le président de la Chine, qui, à la fin du mois de juillet dernier, mettait en garde son homologue Joe Biden: « ceux qui jouent avec le feu finissent pas se brûler » ? Prenez garde, monsieur le neurologue ! Votre nouvelle spécialité de pyromane pourrait vous cuire les couennes…

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