Chico a surtout évolué en musicien autodidacte, dans l’ambiance des seventies gorgés de toutes les fusions des paramètres traditionnels natifs aux rythmes d’outre-mer. Lesquelles sont amplement promues par les courants Merceron-Widmaïer et d’autre approche, des frères Dernts et Denis Emile. Ceux dont Yves Boyer en fut un adepte ; en se ressourçant bien à l’école du second ; lui ayant permis très tôt de s’imprégner d’un style à la fois particulier et innovant. Pour arriver à s’imposer à l’avant-garde du mouvement rasin qui allait prendre d’emblée l’avant-scène musicale du terroir natal et d’ailleurs dès la deuxième moitié des années 1970. Spécialement en multi-instrumentiste pouvant explorer les dessous des : basse, guitare, batterie, vaksen-banbou, kònè, lanbi et voix.
Mais c’est par-dessus tout comme colonne du rythme que Chico s’est le plus illustré de par son style caractéristique et de sa flamboyance qui propulse le bassiste à l’avant-scène, au lieu d’être un travailleur dans l’ombre. Une ascendance qui va le placer en pionnier, au cœur du mouvement rasin avec la formation du groupe « Sa » ; donnant le ton de cette révolution musicale avec le « Moun Ife », ci-devant « Boukman Eksperyans » qu’il rejoint brièvement. Avant d’aller cofonder le « Foula », qui allait catapulter le vodou-fusion dans l’arène musicale. Et Yves Boyer en fut, entre autres, bien pour quelque chose, grâce à son panache et à sa touche pluridimensionnelle. Tout ça, à partir d’une longue exploration des multiples rythmes et rites conventionnels locaux.
En plus d’exploitation hardie de modules allogènes tels : jazz, blues, bossa-nova, reggae et autres qui le définissent en musicien planétaire. Soliste de premier plan, c’est aussi un technicien habile qui s’est distingué de par sa tessiture métronomique, ses envolées allégoriques, son accompagnement soigneux et ses traits d’improvisateur qui lui ont valu un statut tout enviable. Cependant, le coup d’état de 1991 qui a vu la chasse aux sorcières des musiciens du rasin, par les militaires, marque une époque où des artistes comme Chico sont venus s’installer au state. C’est ainsi qu’en compagnie de Tido Lavaux et de Nikol Levy, il continue d’animer une version new-yorkaise du groupe « Foula », pendant qu’au pays Jean Raymond Giglio a maintenu la version originale active.
Implanté à Brooklyn, il s’est fait très entreprenant pour arriver à s’imposer à part entière, après l’épisode du « Foula » ; alors qu’il est déserté par Tido et Nikol qui retournent au pays. En se réintroduisant avec le groupe « Djevo », dans un brin de vodou-rock en plus sophistiqué. Mais, cette expérience malheureusement n’a pas fait tache d’huile. Malgré tout, il s’est acharné à faire part de sa prépondérance au gré d’une trajectoire diffuse de multiples percées collaboratives, encore immatriculées de son toucher exclusif. Et bien d’autres démonstrations qui l’ont installé en musicien d’avant-garde. Cet élaborateur patenté de la musique rasin s’est aussi mué en spécialiste de la sonorisation qu’il pourvoie, en plus d’autres expertises : arrangement, composition, production et autres ; dans son studio d’enregistrement à Brooklyn.
Lieu de passage de musiciens de différents horizons, où il s’est confortablement établi, en continuant à propager son apostolat qu’est la culture du vodou en dehors des frontières natales. Pour subséquemment mériter la révérence de ses pairs. Lorsque en 2016 le ‘’Center for Traditional Music and Dance’’ et ‘’Verite sou Tanbou’’ l’ont honoré au cours d’une soirée de célébration de musique traditionnelle haïtienne et de vodou-jazz, pour ses diverses contributions à la consolidation de ce mouvement. Avec encore la même ferveur d’hier, en plus de la sagesse d’aujourd’hui, tout en persistant dans sa mission de pourvoyeur ; en jouant et arrangeant dans les temps récents pour le jeune groupe « Zing Eksperyans ».