Adolescent, Reynold aimait déambuler dans les avenues de Bolosse et les rues du Bas-Peu-de-Chose, muni de sa trompette ou du trombone, qu’il emportait comme un précieux trophée. Après de longues séances de clinique au centre d’apprentissage ou la fanfare du lycée ; pendant que les jeunes de son âge jouaient au foot ou traquaient les nanas. Engrangeant de plus en plus de la bouteille sous la rigueur académique ; il commence déjà à montrer la couleur à travers des ‘’stints’’, dans un petit groupe obscur de l’église St Gérard à Carrefour Feuilles. Passage obligé de tous les aspirants artistes du coin (incluant votre serviteur) : vocalistes, percussionnistes, guitaristes, claviéristes, mais toujours un seul souffleur : Ti Ménélas, qui s’est attelé à répandre sa marque pétaradante dans tout ce qu’on jouait.
Puis faisant du chemin, il rallie l’orchestre « Do-Ré-Mi – Simalo » qui se voulait l’héritier du « Jazz des Jeunes », lequel a depuis lors collectivement laissé le pays. Un groupe qu’on trouvait à l’époque, un peu démodé pour son jeune âge. Mais, juste une façon pour Reynold de continuer à se majorer dans la pratique au contact d’autres musiciens chevronnés. Et l‘opportunité de se faire plus transparent comme souffleur versatile, trompettiste averti et tromboniste inspiré. Une occasion qui s’est produite avec son admission comme membre-fondateur du « Scorpio », au sein duquel il a appliqué sa signature de souffleur extasié au trombone, pendant que Fritz Dorvilien s’adonnait à la trompette. Le temps d’un album de ce groupe post-mini, qui donne à nouveau aux divers souffleurs le droit au chapitre, avec leur armada cuivrée.
Et voilà que Ti Ménélas en profite pour étaler ses capacités de compositeur en association avec le maestro Robert Martino, avec : « Ansanm Ansanm », le titre du premier disque de l’ensemble et le succès qui en a découlé ; ainsi que la méringue carnavalesque Pakole, qui a fait tant de flots. Des tentatives qui l’ont bien vite propulsé sous les feux de rampe du show-biz antillais ; lui valant d’être convoité par les milieux ambiants de NY dont les groupes (Excepté les Déjean), sont pourtant à la mode de “brass- section’’ constituée de légions étrangères. C’est dans ce cadre qu’il est mandaté pour agrémenter de sa maitrise de souffleur avec le groupe « Astros de NY ». Pour dire, que les adhérents de Paul Ménard faisaient encore recette au pays de Raymond Sicot, Nelson Darico, Alphonse Chico, entre autres.
Cependant, pour Reynold l’épisode « Astros », malgré les rêves grandiloquents d’Arsène Apollon et la présence considérable de Ti Manno, n’a pas eu le résultat espéré. Ce qui lui a ouvert d’autres horizons avec le groupe « Thamad Fever », qui n’a pas aussi tenu sa prédiction, après un début prometteur. A l’escale subséquente, il rejoint le nouvellement formé « Accolade de NY », composé de quelques déserteurs du « Bossa Combo ». Au sein duquel il rejoint son ancien pote du « Scorpio » Jules Pagié. Exhibant en même temps ses facultés de trompettiste et de tromboniste. Tout en s’adonnant à cœur ouvert dans des ‘’riffs’’ éloquents et une exubérance à nulle autre pareille ; vêtu de son chapeau-melon qui l’identifie à son idole Chuck Mangione.
Avec l’ « Accolade », Pierre Reynold a su trouver la vraie affinité avec un ensemble qu’il servit à travers une dizaine d’albums de: “La foi’’ jusqu’à “Koze kredi’’. Lorsque le groupe eut finalement brulé les dernières étapes. Il est vrai, qu’entre temps, imbu de la fragilité du milieu, il a su ménager ses arrières en créant sa propre entreprise de déménagement et de transportation. En se faisant moins visible dans le cercle du show- biz. Jusqu’à cette tentative mort-née de « BossAccolade » avec ses anciens partenaires ; l’obligeant à mettre ses tubes cuivrés au rancart, à part quelques collaborations passagères.