Peut-on sortir de ce marasme?

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La situation bouleversante qui prévaut dans notre pays se fait de plus en plus préoccupante depuis le passage de l’ouragan Matthew qui a cruellement dévasté  quatre Départements,  ne laissant place en nous qu’à une colère impuissante ; vu  que rien de définitif, de durable et de sérieux n’a jamais été réglé pour le salut de cette nation.  C’est un fiasco total sur toute la ligne, une faillite sans pareil à tous les niveaux tant politiques, sociaux qu’économiques. Mais, malgré toutes les épreuves aujourd’hui comme hier, les détenteurs de pouvoir, les décideurs, les dirigeants tiennent mordicus et intact leur gage de fidélité à l’égard des puissances impérialistes.

Nos bilans n’accusent que des zéros, puisque nos dirigeants nagent aveuglement à contre-courant disons mieux à contre-sens même de  notre histoire! Depuis le séisme de 2010, on espérait une rupture avec le passé pour apercevoir le cap du pays non seulement vers une lueur d’espoir, mais aussi vers une prise de conscience pouvant nous permettre de parer à toute autre catastrophe naturelle éventuelle. Mais il  n’en a rien été. Alors, on n’est nullement surpris que nos politiciens au pouvoir continuent de  poursuivre leurs tortueuses machinations, leur dessein sinistre qui les révèle à nu : des bandits particulièrement criminels et inhumains.

Cette situation nouvelle dans laquelle nous pataugeons n’est que la résultante du laisser-aller, de l’absence quasi-totale de l’autorité de l’Etat qui n’a même pas jugé bon d’adresser jusqu’à présent un message à la nation pour expliquer ses projets d’ensemble ou ses manœuvres de sortie de crise auxquels le peuple a droit. C’est  bien montrer qu’il n y’a pas d’alternative, puisque les mains se croisent et se recroisent, ne s’appuyant uniquement que sur le recours à l’international. On a pu bien  constater comment nos politiciens se sont tenus à distance de l’épidémie du choléra que les Nations-Unies en complicité avec l’Etat haïtien n’ont jamais voulu contenir, voire même éradiquer,  et qui commence à s’étendre dans les zones sinistrées du pays ! Une autre grande crise qui nous paralyse depuis belle lurette est celle des élections. Est venu s’y ajouter le scandale des évadés de la prison de l’Arcahaie, illustrant que le pays n’est pas dirigé. Par-dessus le marché, il y a même de grandes dissensions au sein du régime en place.

Alors, que faire face à cette grave situation aussi lourde de dangers ? Quel objectif prioritaire à atteindre de façon à sortir le pays de la grave crise structurelle dans laquelle il se débat depuis le parricide du Pont Rouge ? Face à tant de douloureux aléas, l’heure nous oblige, la force des choses aidant, à nous débarrasser de ce mal qui parait avoir bien possédé bon nombre de grands commis de l’Etat haïtien et qui a pour nom corruption.  N’est-il pas urgent de rompre avec le passé, de mettre un point final aux dérives discréditées d’antan de façon à éliminer sans pitié les fantoches, les mercenaires, les forces impies, les agents de malheur de tout acabit et de dire holà à certaines pratiques erronées et vermoulues qui ne font qu’encourager et entretenir directement  les formes les plus corrompues de pouvoir et d’exploitation des masses populaires ?

La réalité du pays devient cruauté quand l’Etat haïtien reste impuissant pour ne pas dire complètement passif et même indifférent face aux victimes de Matthew ; comportement qui démontre nettement comment la volonté du peuple et sa dignité se perdent dans la cruelle indifférence des politiciens ; alors qu’ils prétendent toujours et pompeusement être à son service.

Ces pratiques de façade, en trompe-l’œil, comme distribuer de la nourriture, des planches et des tôles aux victimes, ne nous surprennent pas. On y est même habitué. Nous en avons déjà vu bien d’autres. Elles illustrent davantage la nette démission de toujours de l’Etat haïtien et son manque de vision de construire quelque chose de solide pour parer à la prochaine mauvaise saison.  En effet, les cris de détresse et de ras-le-bol qui s’élèvent de partout dans les communes, les villes, les départements, ne devraient-ils pas être un catalyseur pour une véritable épuration des pratiques m’en-foutistes délétères, de façon à amorcer une sorte de grand bond en avant ? Un véritable élan  vers un avenir positif n’est-il pas une obligation indispensable pour sortir le pays du  marasme dans lequel l’ont plongé politiciens et affairistes de tous bords ?

Nous voulons bien croire que le peuple et le pays passent avant tout. Mais à ce carrefour de tous les dangers, nul ne doute qu’aucun des candidats n’est capable d’apporter une réponse positive, concrète, à l’actuelle crise. Même parvenus au pouvoir, ils seront aussi mal pris que Privert. Ils pourraient faire même pire.

Peut-on sortir de ce marasme ? Oui, nous le pouvons, à condition que nous  ayons vraiment la volonté de vouloir et de savoir renforcer ou mettre l’accent sur les tâches d’organisation et d’encadrement, de défense et de sécurité du peuple et du pays. Il n’est pas trop tard pour nous mobiliser. Il est donc impérieux que toutes les forces saines du pays,  particulièrement les forces progressistes s’unissent autour des victimes de sorte que nous arrivions à transformer nos faiblesses en force, nos malheurs en bonheur. L’essentiel est que nous sachions qu’il s’agit d’un combat commun contre l’ennemi des peuples. A l’heure qu’il est, le seul moyen pour nous d’en sortir est de cimenter nos forces en enterrant les haches de guerre dans le camp populaire et du changement.

Haiti Liberté Vol 10 # 16

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