Obsession, conscience et tripes de fourmis

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La globalisation imposée par les pays riches n'a jamais procuré de plein emploi comme les tenants de la mondialisation à outrance veulent nous le faire croire.

L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes.
Karl Marx

On a fini, au fil du temps, par associer globalisation, mondialisation, multinationales, entreprises transnationales et classes dominantes à Banque mondiale, Fonds Monétaire international, impérialisme: autant de mots et de noms qui évoquent l’idée de rapine, pillage, brigandage, saccage. Cette engeance de globalisateurs, mondialisateurs, saccageurs, pillageurs, elle a sa vision du monde: à savoir que les grandes compagnies doivent être libres d’accroître leur production à l’intérieur du plus grand nombre de pays du tiers-monde dont il faut profiter, user et abuser de la main-d’œuvre bon marché.

Ils ont pour obsession que leurs capitaux doivent circuler librement, aller où bon leur semble sans contrôle gouvernemental. Ne leur parlez pas de taxes, ils veulent en payer le moins possible, et si possible ne pas en payer du tout, car il est question avant tout de profit maximum. Dans cet ordre d’idées, l’émigration vers les «pays d’accueil» doit être strictement réglementée alors que l’argent doit être libre de se déplacer pour trouver les meilleures occasions possibles d’investissement. Manifestement, ils n’ont pas de conscience sociale, voire qu’ils pourraient avoir une conscience politique, une conscience solidaire des démunis.

Contrairement aux obsédés du tout-pour-moi-rien-pour-les-autres, nous avons, gens progressistes, une conscience politique portée par une vision du monde s’appuyant sur une pleine justice sociale et la conservation de la planète. Aussi, nous nous sentons solidaires de ceux et celles qui partagent cette vision: les mouvements paysans en lutte pour leurs droits à la terre; les organisations politiques à l’unisson des revendications des masses; les associations féminines conscientes de leur rôle d’œuvrer à l’établissement d’une société qui reconnaisse enfin le plein droit des femmes à être traitées dignement; les militants progressistes à l’intérieur des Églises; les syndicats authentiquement liés au combat des ouvriers pour des emplois et des salaires justes.

Nous sommes solidaires des associations d’étudiants au diapason des luttes populaires; des activistes des droits humains qui défendent vraiment la dignité humaine et ne sont pas des marionnettes à la solde d’intérêts réactionnaires; des organisations écologistes plaidant en faveur de la conservation de l’espèce humaine de plus en plus menacée par l’appétit féroce des obsédés du profit maximum à tout prix; de tous autres groupes et organisations progressistes intéressés au plein épanouissement de l’être humain dans un contexte de vraie justice sociale, précisément ceux-là qui luttent sur les terrains politiques, économiques et humanitaires contre la pauvreté, les inégalités dans le monde ainsi que pour un développement durable et équitable s’entendant de commerce équitable, de lutte contre la pauvreté, de réglementation des armes, d’éducation, de santé, de logement, de loisirs pour tous.

Nous avons, gens progressistes, une conscience politique portée par une vision du monde s’appuyant sur une pleine justice sociale et la conservation de la planète.

C’est à la lumière d’une conscience politique claire, aiguisée, que progressistes et révolutionnaires ont établi que la globalisation imposée par les pays riches n’a jamais procuré de plein emploi comme les tenants de la mondialisation à outrance veulent nous le faire croire. Les taux élevés de chômage et les conditions souvent marginales des classes travailleuses, même chez eux, sont là pour en témoigner. Les techniques avancées de télécommunication qui ont rendu l’argent plus mobile sont responsables dans une large mesure de la stagnation économique et de son corollaire, le chômage. Ainsi, une corporation siégeant dans la Silicone Valley peut déplacer d’un jour à l’autre des  centaines de millions de dollars, d’un continent à l’autre, au gré des perspectives de profit, jetant sur le pavé des centaines de travailleurs, sans crier gare, sans s’en soucier.

Tandis que des milliers de ces travailleurs et travailleuses sont licenciés, livrés au chômage, une infime poignée de profiteurs continue d’accroître ses richesses. En terme de propriété des biens, les Américains les plus riches, soit 0.5 % de la population états-unienne, possèdent à eux seuls plus de richesses que 90% des plus pauvres du pays. Nulle part dans la Constitution des États-Unis il n’est écrit que de telles disparités doivent exister, encore moins doivent être acceptées. Faut-il aussi signaler, du même coup, que les mêmes énormes disproportions dans la répartition des richesses existent ailleurs, dans d’autres pays riches.

Selon l’organisation caritative Oxfam, 80 personnes dans le monde se partagent aujourd’hui la même richesse que 3,5 milliards d’individus. C’est révoltant. Selon les calculs de cette ONG, réalisés à partir de données fournies par le Crédit Suisse, la richesse cumulée des 1 % les plus riches de la planète dépassera bientôt celle détenue par les 99 % restants (Le Monde.fr / AFP.19.01.2015). Le rapport annuel (2017) de Oxfam indique que les huit personnes les plus riches sur Terre – Bill Gates, Amancio Ortega, Warren Buffett, Carlos Slim Helu, Jeff Bezos, Mark Zuckerberg, Larry Ellison et Michael Bloomberg – possèdent à eux huit autant que les 3,6 milliards de personnes les plus pauvres sur terre (express.live. 17 janvier 2017)

Selon Winnie Byanyima, directrice exécutive d’Oxfam International, «il est obscène qu’autant de richesses soient concentrées dans aussi peu de mains alors qu’une personne sur dix dans le monde doit se débrouiller avec moins de deux dollars par jour, que des centaines de millions de personnes ne parviennent pas à sortir de la misère et que la pauvreté divise notre société et mine la démocratie.»

Contrairement au système de profit maximum préconisé par les riches, détenteurs de pouvoir et d’argent, système incapable d’assurer le plein emploi, les courants progressistes, recherchent des échanges commerciaux justes, des investissements à caractère social responsable de façon à redistribuer le capital mondial et aider les populations appauvries à sortir par elles-mêmes de leur pauvreté. En terme d’assistance au développement, le but n’est pas d’avoir le contrôle des bénéficiaires pour en tirer profit. Le secteur progressiste vise plutôt à mettre les gens en mesure de prendre en main leur destin, à devenir indépendants, auto-suffisants, à sortir du cercle vicieux de l’«aide» permanente qui conduit à la dépendance.

Pour les promoteurs de la globalisation imposée par “le système”, c’est-à-dire les multinationales des pays riches, les banques et les milliardaires, la nature est perçue comme un facteur de production, non pas comme une mère nourricière. Ainsi, il leur faut extraire du sol et du sous-sol, jusqu’à épuisement de la matière exploitée, tout ce qui peut contribuer à la richesse des grands. Par exemple, il est commode pour une compagnie de déverser des produits toxiques dans la rivière toute proche, d’autant plus que c’est à portée de l’établissement et que c’est gratuit.

Peu importe au PDG de la compagnie pollueuse que l’eau contaminée tue les poissons, que les villageois autour soient éventuellement réduits à ne plus pouvoir vivre des produits de la pêche. Peu lui importe que des enfants s’alimentant à l’eau de la rivière puissent naître handicapés par une malformation congénitale d’origine chimique, toxique, voire même développer un cancer. Pour le grand capital, pour les globalisateurs, pour les extractivistes, de telles considérations humaines ne comptent guère, car la règle c’est le profit maximum immédiat, massif, à tout prix, y compris celui de la vie des autres.

À leur obsession du profit nous du secteur progressiste opposons notre conscience de justice sociale, et nous nous mettons en croix face aux grandes institutions financières internationales qui font pression pour l’application de mesures visant à intégrer les pays du tiers-monde dans le marché international à titre de fournisseurs de matières premières à leur seul bénéfice. Ces pays se voient forcés de dilapider leurs ressources naturelles de base, le bois par exemple, de façon à trouver les devises nécessaires à payer les intérêts sur une dette extérieure qui n’en finit pas. Et que dire de l’inconscience des mondialisateurs-pillageurs pour ce qui a trait au réchauffement climatique?

Nous vivons sur Terre comme dans une serre. Notre atmosphère joue le rôle d’une vitre. Les gaz dits «à effet de serre», ou GES (le dioxyde de carbone: CO2, le méthane: CH4 et le protoxyde d’azote: N2O) captent et retiennent la chaleur. Grâce à eux, la température de notre Terre est favorable à la vie, en moyenne 15°C (59º F). Sans eux, il ferait un froid invivable: -18°C (-0.4F)! Un effet de serre naturel, c’est donc vital. Or, depuis 150 ans environ, à cause de la pollution, la concentration des GES dans notre atmosphère augmente. Par exemple, entre 1850 et 2012, les émissions annuelles de CO2 issues de la combustion d’énergies fossiles ont été multipliées par 160. Or, ces GES retiennent la chaleur. Il s’ensuit que la température moyenne globale de notre planète s’élève, conduisant au réchauffement planétaire qui à son tour  entraîne des bouleversements du climat.

Par exemple, l’amplification des phénomènes d’évaporation et de précipitation ainsi que le bouleversement   de ces énormes courants de haute altitude que sont les jet-streams sont autant de facteurs qui accroissent déjà la fréquence et l’intensité des sécheresses comme celle qu’à connue la Californie en 2016 et des inondations. De même l’augmentation, en fréquence et en intensité, des phénomènes météorologiques extrêmes (tempêtes, pluies torrentielles, etc.) représente une vraie menace pour les populations qui en sont déjà victimes, comme en témoignent les ouragans Harvey au Texas, Maria à Porto Rico et Matthew en Haïti.

Or, l’actuel président des États-Unis, deuxième pays pollueur du monde semble convaincu que le réchauffement de la planète tient du canular, au point où il a jugé bon de se retirer de la COP21, la “21e Conférence des Parties” (“21th Conference of the Parties” en anglais). Celle-ci réunissait les représentants de 196 pays rassemblés à Paris, en 2015 pour négocier un accord dont l’objectif est justement de limiter le réchauffement planétaire à 2°C (35.6 F) d’ici 2100 par rapport à 1850 !                      Porte-parole non-déclaré de la haute finance mondialisante-globalisante, l’impact de l’ensemble des modifications probables de l’environnement sur les sociétés humaines importe peu à M. Trump. Ainsi, on sait que la production agricole et halieutique (concernant la pêche)  sera affectée ainsi que les ressources en eau. Conséquences, selon la Banque alimentaire et l’ONU : plus de 100 millions de personnes pourraient basculer dans l’extrême pauvreté et près de 600 millions pourraient souffrir de malnutrition d’ici 2080.

Alors, pour reprendre le mot de Lénine, “que faire?” Justement, nous autres progressistes, humanistes, environnementalistes cherchons, dans les limites de nos moyens, à être partie prenante des efforts et initiatives entrepris pour freiner la folie de destruction de l’environnement largement liée à l’irresponsabilité, l’incongruité, l’absurdité, l’insouciance criminelle des dirigeants et mondialisateurs  des pays riches. Nous appuyons sans réserve la formation et la tenue d’assises internationales qui établissent des normes de protection des terres, des eaux et de l’air.

Nous, intellectuels conscients, travailleurs et travailleuses d’usines vendeurs de leur force de travail mais campés sur des revendications justes, paysans et paysannes luttant pour arracher leurs terres aux mains de latifundistes dépourvus de conscience sociale, étudiants conséquents des universités, professionnels soucieux de l’avenir de l’humanité, devons continuer à faire pression, à manifester, à travailler d’arrache-pied pour contribuer à changer les règles du jeu, pour que les riches, les transnationales, les élites au pouvoir n’aient plus à imposer aux pauvres, aux pays pauvres, leur obsession du profit et leur vision déshumanisante du “développement” à leur avantage.

Bien sûr, le combat à mener sera long, mais il ne doit pas effrayer les progressistes de bonne foi, déterminés, combatifs, armés d’une conscience de classe et de profonde conviction idéologique. Ceux-ci ne doivent pas reculer devant ce combat à mener et, surtout, à mener à terme.  À chacun de nous le soin d’apporter sa petite pierre à la construction d’un monde véritablement axé sur la dignité humaine,  non pas sur le profit maximum avant tout et à tout prix. Ce n’est pas déraisonnable de le vouloir. Il faut seulement la conviction de pouvoir y arriver. Comme le dit si bien un proverbe haïtien: ak pasyans, n a fini pa wè trip foumi.

10 décembre 2017

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