Mécontentement contre le salaire minimum!

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Dominique Saint-Eloi, coordonnateur de la CNOAH, annonce que: «Nous allons marcher dans les rues, en vue de porter l’État à respecter les droits des travailleuses et travailleurs »

Après une semaine de retard, le gouvernement Moise/Céant a finalement décidé le lundi 8 octobre de rendre public, au  journal officiel Le Moniteur, la grille salariale par un arrêté signé par Jovenel Moise, Jean-Henry Céant et la ministre des Affaires sociales Marie Elise Brisson Gélin.

Alors que les syndicats  réclamaient 1000 gourdes comme salaire minimum pour que les masses laborieuses reçoivent un paiement plus ou moins décent pouvant répondre à la vie chère qui ne cesse de grimper, c’est tout le contraire qui vient d’être fait. C’est la preuve palpable que changer des ministres au pouvoir ne change rien pour autant.

Comment un travailleur, peut-il vivre avec 420 gourdes par jour ? Quand les prix des produits de première nécessité ne cessent de grimper.

Il est absolument clair que le système capitaliste et ses mercenaires locaux n’entendent point payer convenablement les masses populaires qu’elles continuent à exploiter avec un salaire d’esclavage qu’ils ne peuvent en aucune circonstance répondre aux exigences du moment ; puisque, présentement,  il faut 88.00 gourdes pour un euro et 72 gourdes pour $1.00 US  et le taux ne s’arrêtera pas là. Il continuera sa course jusqu’à atteindre sans doute le plafond de 100 gourdes pour un dollar US.

Par cet arrêté gouvernemental, les entreprises ont été divisées par catégorie A, B, C, E, F, G, H de façon à diviser le salaire minimum par segment ou type de travail. Un projet tout à fait cynique puisqu’il divise non seulement le salaire mais dans un sens plus discriminatoire  les travailleurs eux-mêmes.

Les  entreprises faisant partie du segment A, tels que ceux de la Production privée d’électricité ; institutions financières (banques, maisons de transfert, sociétés d’assurance) ; télécommunications ; commerce import-export ; supermarchés ; bijouteries ; galeries d’art ; magasins de meubles, de mobilier de bureaux et d’appareils électro-ménagers ; magasins de matériel informatique ; entreprises de location de voitures ; entreprises de transport aérien ; entreprises de courrier, de transport de colis et de cargo ; entreprises de jeux de hasard (tenanciers de borlette, loterie, casino, etc.) ; concessionnaires d’automobiles ; communication, agence publicitaire et presse (écrite, électronique, parlée, et télévisée), sauf presse communautaire ; institutions scolaires privées ; institutions universitaires privées ; institutions de santé privées, cabinets de médecins, polycliniques, pompes funèbres ; agences maritimes et aéroportuaires ; cabinets de professionnels libéraux et de consultants ; agences de voyage ; hôtels avec 4 hibiscus et plus et agences immobilières recevront la valeur de 500.00 gourdes, par journée de huit heures de travail.

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Le syndicaliste Dominique Saint-Eloi marchant contre le salaire criminel

Le salaire des entreprises faisant partie du segment B, c’est-à-dire  les bâtiments et travaux publics (BTP) ; entreprises de location de camions et d’engins lourds ; entreprises de location de matériaux de construction ; entreprises de transport de matériaux de construction ; quincailleries ; autres institutions financières (coopératives / caisses populaires, institutions de microcrédit) ; commerce de gros ; magasins de produits cosmétiques et de vêtements ; commerce de livraison d’eau en vrac ; entreprises de transport terrestre ; hôtels avec 3 hibiscus et moins ; imprimerie, photocopie, infographie, lithographie et services informatiques ; salons de coiffure et de massage ; entreprises de nettoyage de vêtements (laundry and dry cleaning) ; industries extractives (mines et carrières) ; entreprises de transport maritime ; industries manufacturières tournées vers le marché local, industries d’embouteillage de boissons gazeuses, de jus, d’eau traitée, brasseries est passé lui-même à 400 gourdes par journée de travail.

Il est absolument clair que le système capitaliste et ses mercenaires locaux n’entendent point payer convenablement les masses populaires qu’elles continuent à exploiter avec un salaire d’esclavage…

Pour le segment C, le salaire minimum est fixé à 350 gourdes par journée de huit heures de travail, pour les secteurs suivants : restaurants ; agriculture, sylviculture, élevage et pêche ; industries de transformation de produits agricoles ; commerce de détail, sauf supermarchés, bijouterie, magasins de produits cosmétiques et de vêtements ; boutiques d’artisanat et maroquinerie ; presse communautaire ; autres services non marchands (organisations à but non lucratif, telles des organisations non gouvernementales d’aide au développement (ONG) nationales et internationales, des fondations, des associations, des coopératives de production et de services non financiers).

Pour une raison autre mais indépendante de l’alphabet français, il n’y a pas eu de segment D. Cependant à l’article 4 justement au Segment E relatif au personnel de service à domicile (travailleurs de maisons), ces infortunées qui le plus souvent n’ont aucun repos et travaillent comme des esclaves de maisons sans heure supplémentaire, recevront la bagatelle de 215 gourdes par journée de 8 heures.

Les entreprises suivantes telles que agences de sécurité privées ; entreprises de distribution de produits pétroliers ; écoles professionnelles privées ; institutions de santé privées employant plus de dix personnes et qui offrent des services d’hospitalisation ont été classées dans les segments Fet G et auront pour huit heures de travail par jour un salaire de 400 gourdes.

Les membres du Conseil Supérieure des Salaires

Enfin, le secteur le plus revendicatif  celui de la sous-traitance, les industries d’assemblage tournées vers l’exportation et autres industries manufacturières tournées vers l’exportation classés dans le segment F ont été humiliés avec un salaire de 420 gourdes. Le conseil supérieur des salaires croupion (CSS) avait proposé au gouvernement de passer de 350 à 400 gourdes.

Par pitié, le gouvernement trouva la suggestion tellement ridicule, qu’il ajouta un petit 20 aux 400 gourdes.  Les syndicats de  ce secteur n’ont pas tardé à réagir et de manifester leur ras le bol,  Dominique Saint-Eloi, coordonnateur de la centrale nationale des ouvriers haïtiens (CNOAH),  qualifie de révoltante cette décision qui n’est selon lui qu’ un complot bien orchestré entre le gouvernement, le CSS et les patrons contre les ouvriers.

« Comment un travailleur, peut-il vivre avec 420 gourdes par jour ? Les prix des produits de première nécessité ne cessent de grimper. Les frais de transport, les frais scolaires et des loyers, tous ont été revus à la hausse. 420 gourdes ne suffisent même pas pour nourrir un chien chez Apaid, voire une famille» (ndlr. Apaid: un bourgeois de la sous-traitance).  A fait savoir Saint-Eloi qui annonce entre autre que dans les prochains jours des manifestations seront organisées dans tout le pays pour contrecarrer cette agression du patronnât en accord avec le gouvernement contre le peuple. « Nous allons marcher dans les rues, à Tabarre, Clercine, aux environs de la Société nationale des parcs industriels (Sonapi) et sur la route de l’aéroport international de Port-au-Prince, en vue de porter l’État à respecter les droits des travailleuses et travailleurs », a laissé entendre Saint-Eloi. Pour ajouter ensuite « Nous déplorons ce niveau de salaire minimum, criminel et méchant, qui n’a d’autre objectif que continuer à exploiter les travailleuses et travailleurs au profit des patrons, à travers une main d’œuvre à bon marché ». Depuis cet arrêté on n’a rien entendu ni de Boulos ni de Vorbe, puisqu’ils sont eux-mêmes satisfaits que leurs intérêts n’ont pas été lésés et que le gouvernement et le CSS n’ont pas osé dépasser le barème qu’ils leur avaient dicté.

À Ouanaminthe les ouvriers de la Compagnie de développement industriel (CODEVI) ont eux-mêmes entamé le même jour le lundi 8 octobre leur mobilisation par un arrêt de travail « Nous avons commencé aujourd’hui, nous y serons encore demain jusqu’à ce que nos revendications soient prises en compte », a déclaré le syndicaliste Luckny Toussaint responsable de la Confédération des forces ouvrières haïtiennes ( (CFOH) qui revendiquent entres autres «  …un salaire minimum de 1000 gourdes, une nette amélioration dans la distribution de l’électricité, de meilleurs services de l’Office d’assurance vieillesse (ONA) à l’égard des ouvriers, le paiement des arriérés de salaire et la réhabilitation de l’hôpital de Ouanaminthe ».

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