L’ouragan Matthew entraînera t-il le report des élections ?

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Les six candidats les mieux placés. Ci-dessus, de gauche à droite: Edmonde Supplice Beauzile, Jean-Henry Céant et Jude Célestin. Ci-dessous, de gauche à droite : Jean Charles Moise, Jovenel Moise et Maryse Narcisse

Jusqu’à  maintenant la date  pour la tenue du scrutin n’est pas encore changée ; mais il est presque certain que le Conseil Electoral Provisoire n’aura pas  d’autre choix. S’il ne veut pas être discrédité, il doit coûte que coûte renvoyer les élections présidentielles et législatives prévues pour le dimanche 9 octobre prochain.

Déjà,  les candidats ont tous été obligés de stopper leur campagne électorale qui devrait normalement se terminer le vendredi 7 octobre à minuit. Mais la raison majeure qui pousserait le Cep à reporter la date des élections serait la situation émotionnelle des victimes soit dans le Sud,  soit dans tout le reste du pays. Car d’un point de vue psychologique, on voit mal comment mentalement, après le traumatisme causé par l’ouragan, après les pertes de vie et de biens, la population aurait le cœur, l’esprit et la force de se soumettre à l’opération plus que stressante de se remettre «en état de vote» au milieu de tant de bouleversements, tant de douleur, tant de pertes, d’autant qu’à l’évidence elle se sent abandonnée par un État déficient.

Jocelerme Privert
Jocelerme Privert

Les candidats ne pourront ni maugréer ni accuser qui que ce soit, vu que la faute n’en incombe qu’à Mère Nature. Alors, ils n’auront également d’autres choix que d’accepter tout bonnement les décisions finales des autorités électorales qui seraient sans aucun doute dans leurs propres intérêts. Mis à part les dégâts matériels, nous ignorons encore combien de gens ont égaré ou perdu leur carte électorale et tout cela devrait être pris en considération par le CEP.

Dans le cas où le CEP déciderait le contraire, c’est-à-dire continuer le processus,  ce sera comme  un manque de respect absolu aux victimes, et de plus, ne faire preuve d’aucun souci quant  aux pertes de vie humaine, aux dégâts matériels et aux gens qui ont perdu qui leur logement, qui leur bétail, qui toute autre perte de valeur. Les autorités en place devraient être solidaires  de la douleur et du désespoir des victimes et non pas tourner la page afin de se brancher sur les élections. Cela équivaudrait sans nul doute à un coup monté contre certains candidats influents dans le Sud, puisque leurs partisans handicapés par le désastre ne seront pas en mesure de voter.

Le candidat de Pitit Dessalines, Moïse Jean-Charles
Le candidat de Pitit Dessalines, Moïse Jean-Charles

Avec douleur, nous voyons que toutes les autorités concernées se trouvent logées à la même enseigne d’absence de solidarité avec la population. En effet, Privert, après un conseil des ministres hier mardi a eu à déclarer :« Jusqu’à cette présente minute, les élections demeurent notre principale priorité […] J’ai eu une conversation avec le président du CEP sur la question. Jusqu’à aujourd’hui, nous maintenons notre engagement pour le 9 octobre». Ordre des sanmanman de Washington ? Ils s’en étaient bien fichus du sort de leurs propres compatriotes lors de l’ouragan Katrina qui avait dévasté la Nouvelle Orléans et toute la Louisiane en août 2015, comment s’inquiéteraient-ils de l’immense malheur causé par Mathieu à un minuscule satellite bien tenu en laisse par leurs chiens de garde locaux et par la MINUSTAH ?

Le Président du CEP Léopold Berlanger
Le Président du CEP Léopold Berlanger

D’ailleurs, certains secteurs se sont empressés d’annoncer les couleurs par crainte de voir le régime provisoire en place se maintenir au pouvoir jusqu’à une date indéterminée. C’est dans cette optique que le candidat de Pitit Dessalines, Moïse Jean-Charles, souhaite déjà que « Si les élections ne se tiennent pas, Privert va devoir partir ». De toute façon, c’est au CEP de jouer. A lui de décider s’il est solidaire des très nombreuses victimes de Matthew, solidaire de la nation lourdement éprouvée, ou s’il sert les intérêts de candidats eux-mêmes au service d’un impérialisme vil et dépravé.

 

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