L’opposition : une béquille du pouvoir !

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La crise politique haïtienne est une manifestation au grand jour d’une guerre silencieuse et sans merci entre deux équipes apparemment adverses mais représentantes d’une même classe sociale contre celle des masses défavorisées rêvant d’un pays à lendemain meilleur.

La lutte n’est certainement pas entre l’opposition et l’exécutif mais bien de préférence entre l’opposition et les forces populaires : celle-là flanquée de ses alliés réels, objectifs ou tacites du pouvoir en place formant un tout, un bloc contre les aspirations de celles-ci.

Depuis le mois de Juillet 2018, le pouvoir PHTK avait tout perdu, même le peu qui lui restait de sa crédibilité. L’année dernière, le pouvoir affaibli était à ce point coincé qu’il n’avait même pas les moyens de sa politique pour se rendre ni à l’ouverture du pouvoir judiciaire à la cour de Cassation, ni pour aller faire un hypocrite pèlerinage au Pont-Rouge, lieu d’assassinat du Fondateur de la Nation, Jean-Jacques Dessalines.

toutes ces contorsions et gesticulations ne cherchent qu’à entrainer le mouvement populaire des masses vers rien d’autre qu’un déséquilibre

Il faut le reconnaitre, le conflit se fait plus aigu et ceux qui agissent au nom de l’opposition sont en train de déshonorer la lutte du peuple. Bien des hypothèses ont été avancées depuis pour masquer les pas de danse harmonisés et orchestrés de cette opposition. Ce qu’elle trame n’est qu’une fausse partition qu’elle s’acharne à jouer uniquement au rythme de ses intérêts de classe.

Ainsi, elle porte aujourd’hui une très lourde responsabilité. De toute manière, quelle que soit la décision que l’on choisira d’adopter, il sera difficile de défendre la thèse selon laquelle les principaux acteurs de ladite opposition ne sont pas les principaux artisans de la situation qui prévaut à présent.

Force est de constater qu’un rideau de fumée ou de brouillard a entouré l’infâme façade de leur vrai objectif, tout cela pour protéger des intérêts mesquins au mépris des aspirations populaires conséquentes. Toutefois, sa lutte au lieu de se rapprocher de l’objectif visé s’en est au contraire éloignée et le pouvoir en profite pour gagner du terrain et améliorer ainsi sa position.

Difficile d’imaginer que le pouvoir de Jovenel Moise parviendrait à sortir de son pétrin jusqu’à ce que le président se déclare prêt à négocier et à se réconcilier avec ses frères de classe !

Il y a belle lurette au sein de ce journal, nous dénoncions les politiciens de l’opposition traditionnelle qui se sont transformés en masse de manœuvres et en force de soutien au PHTK tout en prétendant le combattre. Les preuves ne cessent de se multiplier pour le prouver. La semaine dernière, lors d’une intervention devant le Conseil de Sécurité de l’ONU, l’ambassadeur des États Unis à l’ONU Kelly Craft a révélé selon les confidences ou les mensonges du président d’Haïti qu’une rencontre aurait été prévue entre Jovenel Moise et l’opposition.

Pour rectifier le tir, dans une note signée par Edmonde Supplice Beauzile (FUSION), Youri Latortue (AAA), Paul Denis (INIFÒS), Nenel Cassy (SDP), Edgard Leblanc Fils (OPL), Génard Joseph (Verite), Kenol Mathieu (Veye Yo) et Sorel Jacinthe (INITE), ces dirigeants de l’opposition ont vite fait de clarifier « à la nation, à la communauté internationale en général et aux pays amis d’Haïti en particulier qu’il n’y pas de négociations en cours entre le pouvoir et les Partis Politiques de l’Opposition ».

Mais les révélations fracassantes faites lors du dernier scandale entre l’ancien sénateur Kelly C. Bastien  et André Michel, Nènèl Cassy et Marjorie Michel du Secteur Démocratique populaire en disent long du double jeu et du manque de crédibilité au sein de ce secteur.

En réalité, toutes ces contorsions et gesticulations ne cherchent qu’à entrainer le mouvement populaire des masses vers rien d’autre qu’un déséquilibre de façon à briser sa dynamique et sa résistance allant jusqu’à faire obstacle aux changements fondamentaux dont le peuple est seul porteur et qu’il ne peut guère réaliser que s’il se rassemble pour s’organiser.

Tout ce qui manque dans cette lutte, ce sont les conditions subjectives puisque toutes celles objectives sont totalement remplies. Voilà pourquoi, seul un mouvement populaire d’essence patriotique et anti-impérialiste peut réellement combattre ce régime, et réaliser les changements sociaux fondamentaux dont rêvent les masses laborieuses du pays.

Au fond plusieurs camps se sont lentement dessinés au sein de l’opposition défendant des privilèges coloniaux et néocoloniaux. En effet le 8 octobre dernier, réunis à l’occasion de la commémoration du 200e anniversaire de la mort du roi Henry, 35 partis et regroupements politiques d’une autre fraction de l’opposition traditionnelle ont présenté un autre manifeste de «transition ».

Que font-ils en somme sinon creuser de leurs mains propres le fossé pour y précipiter les forces de changement. Ils ne font que ranimer le cadavre inanimé du pouvoir PHTKiste. En un sens, l’opposition n’est autre chose qu’une bouffée d’oxygène au service du pouvoir en place.

Face à cette véritable guerre camouflée, les faits que nous venons d’évoquer montrent  qu’au fond, la politique de l’opposition traditionnelle est pour la poursuite de l’exploitation des richesses du pays et non pas  pour aider les masses à s’affranchir du sous-développement et de la dominance impérialiste.

Prenant l’exemple de l’ancien sénateur Moise Jean-Charles de Pitit Desalin. On pourrait même dire, qu’en ces temps derniers surtout avec la miraculeuse baisse du dollar par rapport à la gourde, il est sur la même position que le gouvernement de Jovenel Moise. En un sens, au lieu de dénoncer la pratique maffieuse du pouvoir, il fait la concurrence à Jovenel en applaudissant les tractations économiques en cours des propriétaires des banques en complicité avec l’exécutif comme l’une de sa réussite politique.

Cette opposition sert bien de béquille au pouvoir de façon à l’aider à continuer sa tâche et redorer son blason politique. Il faut être ou bien nul ou bien foncièrement malhonnête pour ne pas s’en rendre compte.

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