Les déclarations à l’arôme de tafya de l’ex-général-président Henri Namphy

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L'octogénaire Namphy, décati, depafini, vieilli, racorni, fini aspirerait-il à devenir chef d'état-major des nouvelles forces armées de Jovenel le mal élu?

Lorsqu’un ami m’a rapporté que l’ancien général-président d’Haïti, Henri Namphy, le tafyateur, le  caravacheur, le jouisseur, le bambocheur était à l’honneur dans les colonnes du journal dominicain Listin Diario, j’ai trouvé étrange que le quotidien du pays voisin s’intéressait à ce militaire déchu, gaga, gâteux, décrépit, radoteur, amoindri, sénile, sorte de curiosité politico-zoologique qu’il faudrait faire empailler, pour en faire un lamayòt au prochain carnaval sous l’égide de Jovenel le mal élu, Jovenel l’inculpé.

Voilà que je me suis trompé. Le mec s’est mis en tête d’accorder une interview à un journal dominicain. D’entrée de jeu, comme pour se donner de l’importance, il pontifie: «Cela fait 29 ans depuis que je vis en République dominicaine sans accorder d’interviews ni participer à la politique». D’être resté terré dans son coin à caravacher, à tafyater, à s’envoyer rasade après rasade de whisky, de barbancourt ou de zodevan, Namphy ne peut s’imaginer comment, pour notre bonheur, il nous a épargné des moments pénibles que nous auraient occasionnés ces tafyatudes, gagatudes, banalitudes, médiocritudes, nullitudes, platitudes, pitreries, clowneries, paillasseries, conneries, niaiseries et âneries dont seul peut être capable un militaire inculte.

Après 29 ans restés hors du micmac politique haïtien, Namphy nous dit qu’il lui est devenu «très difficile de voir de loin» (sic). Ma parole, mais pourquoi est-ce qu’on fabrique et vend des longues-vues ? Pardieu, c’est bien pour rapprocher tout ce qui est éloigné. Et avec les puissantes lunettes d’approche made in USA en usage dans les ambassades américaines, on peut observer n’importe quel événement : le coup d’État de 1991, le kidnapping de 2004, les paons sur la cour du palais national emportés par un président malicieux et bonifacieux, les étapes de la reconstruction post-simique de 2010 « réussies» grâce à l’appétit de Bellerive aidé des « longs doigts » accapareurs de Bill Clinton, la visite chanpwellarde d’Hillary à un certain Gayot Dorsinville, la mystérieuse disparition  d’Evinx Daniel, sans oublier les pirouettades et voltigeades dans la salle de tabulation du CEP qui facilitèrent Jovenel le mal élu.

Mais même avec les longues-vues konsakonsa en usage en République dominicaine, on voit passablement bien, assez bien pour affirmer que «cela ne vous empêche pas d’évaluer en général la situation dans mon pays» : le parcours en dents de scie du courant lavalas aggravé par deux coups de dents de l’empire ; la pourianitude de Préval surtout après le séisme de janvier 2010 et ses « cours de  natation pour s’en sortir» ; les interminables plongées de la bande à Martelly dans les profondeurs de l’océan de pétrole vénézuélien à la recherche de leur dieu: le beau papier au reflet vert à l’effigie de Washington ; les virées et devire kidnappantes, criminelles d’un fils repu de la bourgeoisie dont on ne sait plus quand la Justice décidera de son sort..

Même sans avoir eu accès aux manman longues-vues made in USA, le tafyateur Namphy pouvait bien déclarer: « Comme Haïtien, je suis obligé de réfléchir et de chercher des solutions». Vingt-neuf ans à réléchir dans le vide, dans le vide d’un cerveau ramolli par l’alcool éthylique, vingt-neuf ans immergés dans l’alcool, il est aisé de croire que ce sont tous les tissus du général qui ont subi un processus de solidification cellulaire qui l’ont empêché de «chercher [et de trouver] des solutions». Quand les nuits se ramènent à d’interminables toulejou-m-sou, on ne peut pas «réfléchir». On ne peut que fléchir sous le poids de l’alcool.

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Dans l’obscurité éthylique de ses vaporeuses, brumeuses, fumeuses cogitations, Namphy estime   que les opinions concernant Haïti «sont émises sans une vraie connaissance de la réalité haïtienne, [sans] une compréhension approfondie pour pouvoir rechercher des solutions à nos problèmes». Maudit soit Prosper Avril qui, encouragé en sous-main par Bourik chaje, n’a pas permis à son «frère d’armes» de s’armer de plus de «vraies connaissances» qui feraient de lui une sorte de Sankara caribéen, haïtien pour mieux dire. Comme nous avons raté cette chance sankarate de trouver «des solutions à nos problèmes» ! Que l’enfer vous accueille, Prosper Avril, la nuit de votre dernier jour sur terre !

«Le problème d’Haïti n’est pas essentiellement politique» (souligné par nous). Ah ! Une chance qu’il n’est pas «civilisationnel», un truc qui serait lié à une quelconque hyperfécondité des femmes haïtiennes, comme aurait pu le penser l’hexagonal Emmanuel Macron. Non, « le problème réside dans l’éducation. Haïti a trois problèmes: éducation, éducation et éducation», bégaye Namphy qui, lui, n’a pas souffert de cette malédiction qu’est l’absence d’éducation, puisqu’il a fait toutes ses études à St. Louis de Gonzague. Ce qui a fait de lui un fizolòf, pardon, un filozòf, et il peut, aujourd’hui, philosopher, disserter, palabrer, ergoter, pérorer, divaguer sur la notion du «citoyen [qui]n’existe pas, sans éducation». Ah, si je pouvais m’approprier la pierre philosophale de Namphy !

Parlant de ce problème lié à l’absence d’éducation, jal Namphy nous dit qu’«il s’agit d’une question très complexe» si on n’en a pas une bonne comprenure. Est-ce une flèche malveillante en direction de Martelly et de son PSUGO-fiasco ? Est-ce un coup de griffe porté à l’enthousiasme indéhiscent de Mesmy Manigat, l’ancien ministre de l’Éducation sous le gouvernement de l’a-cervelé Micky ? Namphy semble insinuer que pour résoudre cette «question très complexe», ces «trois problèmes» qui en fait n’en sont qu’un, il faut des  cerveaux d’homme, non pas des cerveaux de crocodile. Ces propos trop insinuatifs et incisifs n’ont pas dû être du goût des concernés.

Haïti, un État failli ? Une question «très complexe» dont la réponse s’avère «très difficile». Dans une rare seconde de non-ébriété, Namphy lâche : « La plupart du temps, il n’y a pas de gouvernement, pas d’État, pas d’institutions pour former un État. On devrait créer des institutions fortes afin de penser à un État de droit». Y a-t-il eu velléité de pareilles institutions pendant le règne du général-président ? Pas avec la disparition de Charlot Jacquelin. Pas avec le refus de s’expliquer sur cette disparition. Pas avec une deuxième disparition, celle d’un jeune canado-haïtien disparu aux alentours du Quartier Général de la police lors d’une manif réclamant qu’«on leur rende» Jacquelin. Pas avec une fusillade dirigée sur les locaux de Radio Soleil, à l’intérieur du Petit Séminaire Collège Saint Martial.  Pas avec le massacre de la ruelle Vaillant. Pas avec l’élection frauduleuse de Manigat.

Durant l’interview, Namphy nous en apprend une bonne: il était « commandant de toutes les régions du pays, y compris le commandant de la frontière (sic). À ce moment-là, les problèmes ont été résolus entre les deux pays, à même la frontière» (resic). Dommage que les diverses administrations post-7 février 1986 n’aient fait appel à celui qui fut « commandant de toutes les régions du pays» pour régler, «à même la frontière », les expulsions régulières et intempestives d’Haïtiens vers Haïti par les Dominicains. Aujourd’hui, Jovenel l’inculpé, Jovenel le mal élu aurait pu dormir tranquille.

L’origine de la migration des Haïtiens sans papiers? Question facile à répondre: «Cela réside dans l’asymétrie existant dans le développement entre les deux pays». Asymétrie, un euphémisme pour masquer le rôle dévastateur de Washington au fil du temps, la veulerie des classes possédantes haïtiennes collaborant goulûment avec celles de l’autre côté de la frontière. «Il y a aussi un autre facteur

affectant les populations qui émigrent: la dégradation de l’environnement, la déforestation [qui] a détruit Haïti à cause de l’irresponsabilité des autorités». Les autorités : un mot passe-partout, nébuleux, vague, flou, creux, pour s’affranchir de responsabilités auxquelles les zotorite, justement, ont manqué. Les autres, irresponsables ? Oui. Moi irresponsable ? Jamais.

Le général dans son labyrinthe d’ébriété nous en raconte des vertes et des pas mûres: « Haïti a toujours connu l’occupation étrangère». Sans doute depuis Alexandre Pétion tonbe nan petren, tout bab li plen farin. N’empêche, «lors de la première occupation de 1915, le gouvernement du président Louis Borno, comptant sur une solide équipe de négociation avec les occupants, a obtenu l’organisation des services publics dans le pays». Était-ce vraiment pour faciliter le développement du pays ou bien pour faciliter une implantation bien ordonnée des intérêts américains en Haïti ?

Selon Namphy, Borno était intraitable sur la question de l’éducation des Haïtiens: « L’éducation doit être l’apanage des Haïtiens, ceci n’est pas négociable, a déclaré le président Borno». À notre connaissance, il n’y a pas eu de progrès enregistré dans le domaine de l’éducation, particulièrement au plan rural, durant les huit années de Borno au pouvoir. Si je me trompe, je tire tout de suite mon chapeau d’excuses.D’ailleurs, avec un Borno, représentant attesté et attitré d’une bourgeoisie et de féodaux arriérés, imperméables à l’idée d’éduquer les masses paysannes, le pays en dehors, on comprend mal cette déclaration de Namphy pour le moins embuée de vapeurs éthyliques.

Le Listin Diario demande au mec «Quelle autre situation empêche le développement ?» d’Haïti, bien sûr, affligée d’«asymétrie» développementale. La «situation» empêchante – on s’en doutait –  n’est autre que la constitution de 1987, «un costume taillé sur mesure contre les Duvalier». À en croire Namphy, la constitution psychologique des constituants devait être des plus fragile puisque ces derniers « ont agi avec émotion». On est tenté de conclure que «le sentiment partagé en grande partie par le peuple haïtien contre Duvalier» relève, aux yeux de Namphy, d’une rare ingratitude envers le «mal-aimé» François, dont le règne du fils Jean-Claude à l’«ingénuité captive» fut «une chance galvaudée». Rony Gilot doit être bien fier que ses trois ouvrages de réhabilitation de l’infâmie macoute aient inspiré Namphy, le duvaliériste honteux.

Namphy, l’analyste politique averti et blindé a conclu que « maintenant Haïti est en train de payer cher cette erreur», kidonk son émotionnalité, son exaltationnalité, son excitationnalité, son impétuosité, sa passionnalité, pourquoi pas son embrasement, son bouillonnement, son déchaînement,   son enivrement, son égarement pour une constitution mal taillée, trop ample pour un corps maigrichon, rachitique, famélique, squelettique, d’ailleurs «sans éducation».

Même dans les pays développés, nous apprend le politologue, démagogue, charlatannologue et tolalitologue Namphy, «un gouvernement à deux têtes fonctionne mal», entendez un PM et un président. À ses yeux, une  bicéphalie ne convient pas à Haïti. Une multicéphalie, comme au temps de François, ferait mieux l’affaire. Entendez un gouvernement comprenant une tête «pensante et dirigeante», François Duvalier par exemple, assistée de multiples têtes agissantes et, surtout, exécutantes, tels Zaccharie Delva, Abel Jérôme, Astrel Benjamin, Luc Désir, Madame Max Adolphe, Franck Romain, Roger Lafontant, Boss Pent, Ti Bobo, Abel Jérôme, Jean Valmé, Samuel Jérémie, William Regala et autres grigri macoutes.

On peut se demander ce qui a pu pousser Namphy, cet octogénaire décrépit, décati, danpouri, vieilli, flétri, rabougri, racorni, amoindri, fini, depafini, à sortir de son trou dominicain pour se livrer, toute ignorance bue, à l’attention du Listin Diario. Il doit se croire un candidat valable au poste de chef d’état-major à la tête des nouvelles forces armées préconisées par Jovenel le mal élu, Jovenel l’inculpé. Les épaulettes, aiguillettes, cordelettes, cordonnettes, plaquettes, médaillettes gagnées sur le champ de bataille de la répression duvalieriste, personne ne les lui a encore enlevées. Alors, au moindre akasan présidentiel il sera prêt à siroter tout appel qui lui sera lancé du palais national. «La nation est prévenue, le monde entier est averti», ont rappelé les mânes de l’ancien président Élie Lescot.

Combien de secrets voudra révéler le général? Qui «a disparu» Charlot Jacquelin et comment ? Qui avait  ordonné le mitraillage des locaux de Radio Soleil, à l’intérieur du Petit Séminaire Collège Saint Martial ? Qui, où, comment a été plannifiée la sanglante 29-novembrisade de la  ruelle Vaillant ? Où ont été jetés les cadavres ? Qui a crevé les yeux à notre beau soleil Jacques Alexis et où a-t-on jeté son cadavre ? Même si le 7 janvier 1991, le jal était déjà en République dominicaine et même s’il lui était devenu «très difficile de voir de loin», des tourbillons de poussière politique ont pu lui parvenir d’une certaine ambassade et qui lui ont dit dans quelles circonstances exactes est mort Roger Lafontant et ce qu’est devenu son cadavre. Que de secrets ! Que de mystères ! Que de namphytudes !

Ah ! vieux singe Namphy. La nuit est jeune encore et la nouvelle aurore d’une justice populaire devant laquelle devront se présenter les derniers dinosaures de l’infâmie macoutarde pourrait se lever de façon inattendue et brutale. Continue de te terrer en République dominicaine, vye kòk san bèk ni krèk.. C’est moi qui te le dis. Meurs ta poule et surveille tes os.

 

22 juillet 2017

 

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