Le symbolisme du Congrès de Bois-Caïman

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Disons-le tout net, la situation devient de plus en plus sombre dans le pays, puisque loin de montrer un semblant d’aboutissement. Elle persiste et devient même plus tragique, au sens le plus profond du terme, puisqu’aucun des protagonistes politiques sur le terrain ne semble être en mesure de proposer voire d’imposer une quelconque alternative à l’exception de celle du camp de l’impérialisme qui continue encore le renforcement de sa domination à travers ses agents locaux.

L’impérialisme américain, particulièrement, manie tour à tour et à son aise la majorité des forces politiques par l’instauration d’une démocratie fantoche pour faire vivre la classe dirigeante. C’est là une des sources du chaos actuel. Sans perspectives d’avenir, la classe politique haïtienne sans exception est toute soumise aux desiderata de Washington, l’architecte de la guerre de basse intensité entre les privilégiés et la grande masse des déshérités.

A ce compte, il ne faut pas se leurrer sur le sens de la crise. C’est la loi du plus fort qui règne en toute impunité. Cette crise politique qui, en effet, s’approfondit sans cesse ne trouvera jamais un réel dénouement à mesure que les classes dominantes, propriétaires terriens et compradores en lutte continuent à camoufler leurs échecs économiques derrière l’épouvantail conspirateur et complice d’une doublure, de sorte qu’elles ne soient pas combattues par la vigilance, l’action militante, le dynamisme inébranlable et la détermination farouche de la classe des ouvriers et des paysans en quête d’avenir.

C’est la loi du plus fort qui règne en toute impunité.

Dans ce contexte de résistance à la domination et à l’exploitation étrangères, le symbolisme du Congrès de Bois-Caïman, cet événement de haut niveau politique, exemple de solidarité, d’unification et d’organisation la plus parfaite revêt une importance toute particulière, indélébile dans l’inconscient collectif haïtien. La leçon à comprendre et à tirer est le désir des masses esclaves non seulement de se révolter contre l’injustice sociale mais aussi d’arriver à arracher aux mains des bourreaux du système esclavagiste et colonialiste, la liberté de forger une nation libre et souveraine.

Le congrès du Bois Caïman est la résultante d’un certain niveau d’organisation. Voilà pourquoi le peuple a trouvé en lui un projet, un guide capable de faire de lui une force irrésistible. Huit jours plus tard, il l’a manifesté, quand des esclaves des cinq plus grandes habitations se soulevèrent et entamèrent la lutte révolutionnaire. Dans ce dynamisme de lutte pour le changement, on peut conclure que pour peu qu’existent une volonté et un objectif politique clair et net, un véritable redressement peut se produire et la solidarité de classe peut mettre en échec tout projet impérialiste.

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Grâce à l’organisation qui l’a charpenté dans l’identification nette et claire des intérêts de classe, le symbolisme du Congrès de Bois-Caïman n’est-il pas toujours vivant pour remettre en ordre le désordre haïtien qui englobe à la fois pauvreté, exploitation, désespoir politique et absence de vision d’en sortir de cet imbroglio.

Le Bois-Caïman reste un atout formidable encore inexploité. Il exprime la volonté inébranlable, la fidélité envers les engagements pris par toute une classe d’ouvriers sans salaires, exaltés à travers une prise de conscience collective de «vivre libre ou mourir».

Le symbolisme du Bois Caïman reste une source d’inspiration

Le capitalisme à l’instar du système esclavagiste ne saurait résoudre aucun des problèmes d’un peuple sinon l’enfoncer davantage dans le désespoir, le sous-développement, le pillage à outrance de ses ressources et l’utilisation dépravée d’une main-d’œuvre servile. Une minorité s’enrichit et gaspille tout en pratiquant une politique d’emploi essentiellement dépendant de la sous-traitance.

Souffrant encore aujourd’hui des maux du système esclavagiste et colonialiste, le peuple haïtien n’est-il pas dépouillé par le capitalisme ravageant et destructeur de tout et ne vit-il pas dans des conditions précaires où dominent seuls les intérêts de la classe possédante.

L’ampleur de la crise est telle, il n’y a aucune issue autre pour un régime dont l’économie est totalement désorganisée que le déshonneur, l’abandon des ressources et la dignité du pays, allant jusqu‘à brader ses richesses et son indépendance à l’impérialisme international.

Face à un tel régime, quelle doit-être l’attitude à prendre ? En vérité, il s’agit, de nous engager dans une lutte de libération nationale basée sur un désir ardent de combattre l’impérialisme et ses laquais locaux pour la transformation radicale de notre société.

Le symbolisme du Bois Caïman reste une source d’inspiration, une boussole montrant la direction de classe à suivre vers la victoire des masses opprimées, pourvu que la volonté politique de se souder aux opprimés soit présente, même si le chemin doit être long. C’est dans ce sens que Vertières représente une sorte d’apothéose à l’incandescente nuit d’appel à la liberté du 14 août 1791.

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