Le feuilleton kenyan en Haïti (13)

(13e partie)

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À son arrivée à l’aéroport international Jomo-Kenyatta, le chef du gouvernement haïtien Ariel Henry a été reçu par des honneurs militaires.

Dès son arrivée à Georgetown, celui qui était encore chef de gouvernement et chef de la Transition politique en Haïti, Ariel Henry, avait multiplié les rencontres avec différents partenaires d’Haïti dans le cadre du dossier du déploiement des troupes dont le Kenya devait prendre le commandement. Le dimanche 25 février 2024, il a eu un entretien avec l’ambassadrice des USA aux Nations-Unies, Mme Linda Thomas-Greenfield, à la tête de la délégation américaine à ce 46e Sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté des Etats de la Caraïbe.

D’emblée, elle annonçait que plusieurs pays de la région se disaient prêts à envoyer des militaires ou policiers dans l’effectif de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité en Haïti (MMAS).

Elle a aussi évoqué le cas du Bénin avec ses 2000 hommes disponibles, de la Jamaïque qui servira de base d’entrainement pour les militaires étrangers avant leur départ pour Port-au-Prince. Elle confirmait que le Chili, l’Argentine et d’autres Etats de l’Amérique du Sud seraient de la partie. Rien que de bonnes nouvelles pour un Ariel Henry aux anges sans le moindre doute de ce qui est en train de se tramer dans son dos en Haïti par les groupes armés qui allaient surprendre plus d’un. A l’ouverture de la 46e Session ordinaire de la Communauté caribéenne, son nouveau Président qui est à la fois chef d’État de la République de la Guyana, Irfaan Ali, avait mis l’accent sur le drame haïtien tout en disant qu’il fallait utiliser la force pour contrer le mal sécuritaire d’Haïti.

« Parfois, en tant que région, quand nous nous trouvons dans des positions difficiles, nous devons prendre des mesures sévères. Mais la dureté de la région est toujours dans l’intérêt des habitants de la région ; c’est fondamental pour la région. Nous sommes déterminés, en tant que région, à garantir que le peuple haïtien puisse également réaliser son plein potentiel dans la paix, la sécurité et une bonne gouvernance. Nous le devons au peuple haïtien » devait avancer le Président de la CARICOM à l’ouverture du Sommet le 25 février 2024.

Avant lui, son prédécesseur à la tête de cet organisme régional, le Premier ministre de la Dominique, Roosevelt Skerrit, devait déclarer que la Communauté des Etats de la Caraïbe doit son soutien au peuple haïtien et ceci sans perdre de temps. « Haïti a besoin du soutien de tous dans ce monde ; tous les pays du monde, et je ne crois pas que nous ayons le temps ou le luxe de continuer à parler de l’aide à Haïti, nous devons aider Haïti maintenant ».

Toujours serein, le mardi 27 février 2024, le ministre des Affaires Etrangères de la Transition, Jean Victor Généus, annonça fièrement au quotidien Le Nouvelliste que le Premier ministre Ariel Henry devrait participer à un autre Sommet au Kenya s’agissant de l’Environnement en marge des rencontres avec le Président du pays. « Le PM se rend au Kenya pour participer à un sommet sur l’environnement. Une rencontre est prévue avec le Président Ruto. La signature d’un accord de réciprocité sur la sécurité se fera aussitôt que les deux parties se seront mises d’accord sur le document final » informait Généus.

Le mercredi 28 février, à la fin de cette réunion de la 46e session ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la CARICOM, les dirigeants, notamment Phillip Davis, le Premier ministre des Bahamas, ont donné une longue conférence de presse dans laquelle Haïti était au centre des intérêts des journalistes et, y compris, semble-t-il,  de la CARICOM. « Une grande partie des Sessions a été consacrée à la crise haïtienne et à la recherche d’une solution. Je pense qu’il est important de noter que dans nos délibérations, en particulier avec le Premier ministre Ariel Henry, un certain nombre de mesures et de concessions majeures ont été faites pour faire avancer le processus politique, y compris, ce que nous considérons comme un pas en avant significatif, la tenue d’élections générales pour restaurer le gouvernement et l’autorité constitutionnels au plus tard le 31 août 2025. 

Nous pensons qu’il s’agit d’un pas important dans la bonne direction. Et à cette fin, nous avons convenu de mettre en place une équipe d’évaluation des besoins électoraux. Celle-ci sera dirigée par la CARICOM, les Nations-Unies et d’autres partenaires dont le Canada. Un rapport est attendu le 31 mars 2024 pour identifier ces lacunes, afin que nous puissions décider comment faire avancer la situation. Des dirigeants du CARICOM, y compris le Premier ministre haïtien, Ariel Henry, des partenaires internationaux tels que le Canada, la France, les États-Unis, le Royaume-Uni et les Nations-Unies ont pris part à ces discussions. Nous avons eu une discussion franche et approfondie sur la situation en Haïti. Nous sommes profondément préoccupés par la détérioration continue de la sécurité, de la situation humanitaire et politique en Haïti. Le plus important encore, nous sommes préoccupés par le retard continu à surmonter l’impasse politique, qui a bloqué la possibilité d’élections libres et équitables. La Communauté caribéenne prévoit également d’inviter des Haïtiens clés à participer à une réunion. La CARICOM appelle tous les dirigeants en Haïti, y compris le gouvernement actuel, à pouvoir s’asseoir pour faire les concessions nécessaires afin d’arriver à une résolution sur l’impasse politique.

Rencontre de Ariel Henry avec le Président William Ruto

La Communauté caribéenne tente de ramener la normalité en Haïti depuis avant l’assassinat du Président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021 » déclarait le Premier ministre des Bahamas, Phillip Davis, le 28 février 2024 à l’issue de la 46e réunion ordinaire de la CARICOM à Georgetown, Guyana. Nous sommes à la veille de l’embrasement de la capitale haïtienne par les gangs du mouvement « Vivre ensemble », la coalition formée par les principaux groupes armés qui sèment la désolation et la peur dans la région de Port-au-Prince. Comme prévu dans le premier communiqué du Bureau du Premier ministre Ariel Henry, le jeudi 29 février 2024 depuis Georgetown, celui-ci s’envolait pour Nairobi au Kenya. Sauf que ce même jeudi, la bande à Jimmy Chérizier alias « Barbecue » avait quasiment pris le pouvoir à Port-au-Prince en s’emparant de plus d’une dizaine de Commissariats de police et d’autres institutions de l’Etat tout en instaurant un état d’insurrection dans le pays.

Ce 29 février, au moment même où le Premier ministre Ariel Henry traversait l’Atlantique, son pays, Haïti, sa capitale, Port-au-Prince étaient à feu et à sang. Dans un sauve qui peut incommensurable, la population livrée à elle-même et prise de panique courrait à la recherche d’un endroit sûr pour s’abriter. Tandis que le gouvernement intérimaire était aux abonnés absents. C’est en arrivant à Nairobi que le Premier ministre Ariel Henry appelé « Roi Henry » par la malice populaire, apprenait la terrible nouvelle. Son peuple s’est rebellé contre lui et l’a mis en déroute et surtout lui interdit de revenir au pays. A Port-au-Prince, quelques heures avant l’insurrection armée des gangs contre le pouvoir de la Transition, le Service de communication du gouvernement avait eu le temps de communiquer sur le départ du Premier ministre pour le Kenya. Sur un ton victorieux, le bureau de la communication annonçait ceci « À l’invitation du Président de la République du Kenya, Monsieur William Ruto, le Premier ministre d’Haïti, Ariel Henry, a entamé jeudi 29 février 2024 une visite officielle à Nairobi, la capitale du Kenya.

Cette visite vise à consolider les liens entre les deux nations, notamment, dans le domaine de la sécurité. »  Ça c’était pour informer sur le départ. Dès son arrivée sur le sol kenyan, le bureau de la Primature s’était empressé de nouveau de communiquer la nouvelle par une seconde note de presse ôtant toute ambiguïté sur le caractère triomphaliste de ce voyage en terre africaine sans se douter que ce sera un voyage sans retour, en tout cas, en Haïti, pour celui qui était en passe d’accomplir son dernier voyage officiel au nom de la République d’Haïti. On apprenait, en effet, par ce fameux communiqué que « Sur invitation du Président de la République du Kenya, Monsieur William Ruto, le Premier ministre, Dr Ariel Henry, est arrivé aujourd’hui à Nairobi, dans le cadre de sa visite de travail avec des autorités kényanes pour, entre autres, finaliser les modalités du déploiement de la Mission multinationale d’Appui à la Sécurité (MSAS).

À son arrivée à l’aéroport international Jomo-Kenyatta, le chef du gouvernement a été reçu par des honneurs militaires. Ensuite, il a eu un tête-à-tête avec le Président William Ruto. Il aura à rencontrer d’autres personnalités du Kenya. Le Premier ministre Ariel Henry s’est ensuite rendu au Centre de Convention des Nations-Unies en vue de participer à la plénière de la 6e session de l’Assemblée des Nations-Unies pour l’Environnement (UNEA). Le chef du gouvernement interviendra ce vendredi à un panel de haut niveau dans le cadre de ces assises des Nations-Unies autour de l’Environnement », avait indiqué la Primature dans le communiqué ce même jeudi 29 février 2024. Pour sa part, son hôte, le Président kenyan William Ruto, depuis son Palais de State House de Nairobi, parlait de « l’expérience et l’expertise de ses policiers » en matière de sécurité dont il est fier de mettre à la disposition de cette mission de la Communauté internationale en faveur du peuple haïtien, « l’héritage commun » d’après lui du continent africain.

« Le Kenya s’associe au peuple haïtien en raison de notre héritage commun. Nous offrons l’expérience et l’expertise de nos policiers dans le cadre de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité en Haïti, conformément au mandat du Conseil de sécurité des Nations-Unies et aux directives de nos tribunaux », écrivait William Ruto sur son compte le jeudi 29 février 2024 alors qu’une partie de cet « héritage commun » partait en fumée sous les assauts répétés d’une horde de bandits sans foi ni loi. En effet, pendant que les officiels des deux pays se congratulent sous les lambris dorés du Palais présidentiel kenyan, en Haïti, notamment, à Port-au-Prince, les deux aéroports – Toussaint Louverture pour l’international et Guy Malary pour les vols domestiques – font l’objet d’attaques par les gangs à la suite de quoi les responsables de ces infrastructures ont dû vite les fermer au trafic aérien. Surtout, au cours de ces attaques, des aéronefs avaient été touchés dont l’un de la compagnie cubaine Cuba de aviacion. Tandis que les principales routes reliant la capitale, ses banlieues et les principales villes du pays sont fermées par les groupes armés.

La police nationale étant débordée par les évènements s’était soit repliée dans les Commissariats plus ou moins protégés soit abandonnait carrément les lieux quand ces Commissariats n’étaient pas littéralement pris d’assaut par les hommes de Jimmy Chérizier, « Barbecue » cet ancien agent de la UDMO (Unité Départementale de Maintien de l’Ordre), devenu le policier haïtien le plus connu et plus célèbre d’Haïti, voire de l’extérieur. Chef du mouvement « Vivre ensemble » la fédération des gangs opérant dans la capitale et dans l’aire métropolitaine, « Barbecue » avait décidé de déclarer le Premier ministre Ariel Henry personna non grata avec l’interdiction de revenir en Haïti tout en demandant sa démission. De fait, lui et ses hommes avaient maintenu la pression sur l’aéroport Toussaint Louverture afin que cette importante infrastructure aéroportuaire reste fermée jusqu’à ce que Ariel Henry annonce officiellement sa démission le 11 mars 2024 depuis Porto Rico où le gouvernement américain l’avait envoyé, une fois qu’il était interdit de débarquer en République dominicaine.

Ce sont le ministre de l’Environnement, James P. Cadet, pour la République d’Haïti et le Secrétaire du Cabinet (ministère) de l’Intérieur, Kithure Kindiki, pour la République du Kenya qui, en présence du Premier ministre Ariel Henry et du chef de l’Etat William Ruto, avaient signé le document

Mais, avant d’arriver à cette étape ultime, Ariel Henry, toujours Premier ministre poursuivait son voyage au Kenya. Le lendemain de son arrivée à Nairobi, c’est-à-dire, le vendredi 1er mars 2024, comme convenu, c’est en grande pompe qu’a été annoncé le déploiement de 1000 policiers kenyans lors de la signature de l’accord de réciprocité tant réclamé par les magistrats de la Haute cour de justice avant d’autoriser des kenyans partir retrouver leurs cousins dans les Caraïbes, d’autres diraient dans le chaudron haïtien. Ce sont le ministre de l’Environnement, James P. Cadet, pour la République d’Haïti et le Secrétaire du Cabinet (ministère) de l’Intérieur, Kithure Kindiki, pour la République du Kenya qui, en présence du Premier ministre Ariel Henry et du chef de l’Etat William Ruto, avaient signé le document scellant les relations entre les deux Républiques sœurs. On note aussi la présence d’autres officiels kenyans, entre autres, Zachary Njeru, Secrétaire du Cabinet de l’Eau, Monica Juma, Conseillère à la Sécurité nationale et Japheth Koome, Inspecteur général de la police kenyane.

C’est la présidence kenyane qui, le premier, avait annoncé la nouvelle dans un communiqué émis à cette fin. « Aujourd’hui, 1er mars 2024, j’ai le plaisir de vous informer que le Premier ministre Ariel Henry et moi-même avons assisté à la signature de cet instrument. Nous avons également discuté des prochaines étapes pour permettre l’accélération du déploiement. Je profite de cette occasion pour réitérer l’engagement du Kenya à contribuer au succès de cette mission multinationale. Depuis le Kenya, nous sommes prêts pour ce déploiement, et je demande à tous les autres partenaires du monde entier d’intensifier leurs efforts afin que nous puissions apporter une réponse en temps utile. Nous pensons qu’il s’agit d’un devoir historique car la paix en Haïti est bonne pour le monde dans son ensemble » déclarait le Président William Ruto. Après les félicitations et les souhaits de réussite de son hôte, le Premier ministre Ariel Henry a, quant à lui, déclaré « Je remercie le Président Ruto et le peuple kényan d’avoir proposé de diriger la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité en Haïti destinée à stabiliser le pays. Cette mission apporte de l’espoir pour l’avenir de l’humanité, pour un peuple qui ne voit pas comment il vivra demain. »

De leur côté, à Port-au-Prince, les autorités haïtiennes plongées dans la peur et l’incertitude face à la tournure que prenaient les évènements en Haïti où la vie était quasiment arrêtée, le Conseil des ministres qui assurait la continuité de l’État sous l’autorité d’un Premier ministre par intérim en la personne de Michel Patrick Boisvert, nommé par Ariel Henry avant son départ pour la Guyana, tentaient de maintenir un semblant de vie pour ne pas affoler davantage la population. Pour laisser croire que le gouvernement tient encore la barque du pays, suite au communiqué de la présidence kenyane annonçant la signature du fameux accord de réciprocité, c’est le ministère de la Culture et de la Communication qui tenait à rendre public l’information selon laquelle, ça y est, Haïti est désormais liée avec son cousin africain, le Kenya, par un accord d’entraide et de réciprocité.

Document tant attendu par les autorités de la Transition afin de faciliter l’arrivée de la force multinationale en Haïti. « La signature de ce Mémorandum d’entente, à 5h15 a.m, heure d’Haïti, entre les deux Républiques, lance de fait le déploiement de l’aide internationale. Cette signature constitue un pas décisif qui répond à une exigence contenue dans la décision de la Haute cour du Kenya. Il lève également le dernier obstacle juridique pour la prise en charge par le Kenya du leadership pour le déploiement de la Mission Multinationale de Support à la Sécurité autorisée par la Résolution 2699 du Conseil de Sécurité. Ce Mémorandum d’entente couvre plusieurs champs de collaboration, parmi lesquels la lutte contre les crimes organisés, les enquêtes criminelles générales, la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme radical, la gestion de la sûreté frontalière, la protection des infrastructures stratégiques, la gestion des désastres, la lutte contre le kidnapping » annonçait le gouvernement haïtien à travers ce communiqué. Mais, après l’euphorie, l’on revenait à la réalité politique et les aléas diplomatiques dans le dossier.

Moins d’une semaine plus tard, le Représentant du Kenya à l’ONU, Martin Kimani, avait tout de suite mis un bémol et ramené tout le monde sur terre à commencer par le gouvernement haïtien qui pensait qu’il suffisait d’une signature ou d’un accord d’amitié pour que tout s’arrange et que l’expédition commence. En effet, lors d’une réunion à huit clos sur la crise haïtienne tenue par le Conseil de sécurité le mercredi 6 mars 2024 à l’ONU, le diplomate avait posé la question du financement de la mission et s’interrogeait sur qui fait quoi. Il insistait surtout pour que les bureaux du Secrétaire général Nations-Unies, Antonio Guterres, veillent et pressent les Etats à verser les fonds qu’ils avaient proposés, sinon, disait Martin Kimani, point de déploiement dans l’immédiat. « Un premier contingent de police d’élite composé de 400 soldats kenyans est prêt à partir pour Haïti, cependant son déploiement dépend de la logistique américaine et des ressources attendues par les autorités kenyanes. Le déploiement et le succès de la mission dépendent des ressources nécessaires, y compris le financement, l’équipement et la logistique.

La situation en Haïti s’est détériorée de manière alarmante, passant de l’état d’urgence au bord d’un effondrement catastrophique (…) Nos pires craintes se réalisent. Mais cela ne fait que nous rendre plus déterminés à aider Haïti et son peuple » avançait l’ambassadeur kenyan auprès de l’ONU, le mercredi 6 mars 2024. Entre-temps, les choses pour le Premier ministre Ariel Henry qui n’a pas encore démissionné officiellement ne s’arrangent point. Pourtant, il y croyait encore. Nous sommes dans la semaine du 8 mars 2024. Il envoie même un message pour les femmes haïtiennes à l’occasion de la journée internationale des droits de la femme. Le chef de la Transition se baladait de pays en pays, du Kenya il s’était retrouvé aux Etats-Unis d’où il devait s’envoler pour Haïti. Mais voilà, tous les aéroports du pays sont hermétiquement fermés. Alors, il tentait sa chance en affrétant un aéronef à New-Jersey et peut-être par chance il s’imaginait atterrir en République dominicaine avec l’espoir de pouvoir traverser la frontière à pied ou en voiture soit par Malpasse soit par Ouanaminthe. Mais, tombé entretemps en disgrâce auprès de ses tuteurs américains, Washington ordonnait au Président Luis Abinadair de lui fermer son espace aérien ce qui le contraint de faire demi-tour et d’aller atterrir à San Juan, Porto Rico.

De cet exil forcé, Ariel Henry était quasiment prisonnier des américains qui l’enfermaient dans une base militaire loin de la capitale San Juan. Sous pression, il finit par officiellement démissionner de la tête du gouvernement et de la Transition le dimanche 11 mars 2024, soit deux jours après que Antony Blinken, le Secrétaire d’État américain, avait dit qu’il n’avait pas d’autre alternative. Une démission pourtant qui va très vite avoir des conséquences négatives sur le processus du déploiement de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité en Haïti dans la mesure où le gouvernement kenyan venait à poser d’autres conditions pour que ses policiers ou militaires débarquent en Haïti.

Le lendemain de l’annonce officielle de la démission du Premier ministre, en effet, soit le 12 mars 2024, les autorités kényanes avaient réagi sur le dossier. C’est le journal américain The New-York Times qui avait rapporté les propos du porte-parole du ministère kenyan des Affaires Etrangères, Salim Swaleh, suite à un entretien à ce quotidien « Le déploiement de 1 000 policiers kényans en Haïti pour aider à réprimer les troubles alimentés par les gangs est suspendu jusqu’à ce qu’un nouveau gouvernement soit formé dans le pays des Caraïbes. On ne peut pas déployer la police dans les rues de Port-au-Prince sans une administration en place. L’accord qu’ils ont signé avec le Président tient toujours, même si le déploiement n’aura pas lieu maintenant car nous aurons certainement besoin d’un gouvernement en place pour collaborer également » faisait savoir le porte-parole de la diplomatie du Kenya.

(A suivre)

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