Le «dégagisme» politique

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Dans bien des endroits, les salons de quelques officines diplomatiques par exemple, la réalité haïtienne est  vue comme correspondant à un monde d’exploitation à jamais des richesses du pays, un monde de sous-développés dépendant éternellement des autres. Bref, un monde mal organisé qui a failli à sa mission, et la nation est assimilée au stéréotype de pays failli, irrécupérable.

Il est un fait certain que beaucoup de pays ont réussi tant bien que mal à surmonter leurs problèmes soit par la voie révolutionnaire comme à Cuba, soit par une politique nationale de redistribution égalitaire des ressources allant de pair avec une planification rigoureuse dans le domaine économique afin de répondre aux besoins de leur pays et de leur population, comme en Bolivie. Cependant, nous autres nous ne pouvons pas encore atteindre ce niveau d’équilibre malgré tous les moyens et efforts déployés, tous les risques pris par les masses populaires pour y arriver. C’est plutôt un certain désespoir qui se profile dans ce corps à corps avec la vie.

L’un des problèmes majeurs auxquels les masses populaires haïtiennes n’ont pas cessé de faire face reste la constance de la classe moyenne à jouer sur plusieurs tableaux à la fois de sorte que les pendules de son horloge sonnent seulement l’heure de la bourgeoisie.  Le peuple est  victime de ces hommes et femmes aux mille couleurs politiques, prêts à changer de position de façon à même vous confondre. Les masses populaires continuent à faire cette mauvaise expérience avec les débrouillards de la politique. Certaines organisations ont pris de grands noms, pour la galerie, en utilisant le mot peuple, le mot révolutionnaire pour leur petite entreprise de façon à mieux trahir la cause et les aspirations populaires.

C’est par cet artifice que les classes dominantes continuent d’enfoncer le peuple dans l’abime social et le déclin salarial puisqu’elles n’ont jamais trouvé en face d’elles une réelle force populaire organisée, structurée ayant un objectif clair. En effet, le mouvement auquel des éléments faisant partie des masses ont pu adhérer  n’ont rien de substantiel, puisque constitué d’hommes et de femmes opportunistes rompus aux pratiques du degajèt  politique pour  se donner une certaine visibilité politique, et le cas échéant, faire fortune.

Beaucoup d’organisations portant même l’étiquette de parti politique s’inscrivent tout bonnement dans cette démarche pour créer la confusion et faire de l’amalgame politique. Elles ne sont que des racketteurs politiques, des courtiers vendant aux plus offrants, toujours impuissantes face à n’importe quelle initiative des forces réactionnaires contre le peuple. Elles sont plus aptes à pousser la ligne de la légitimité populaire vers un échec. C’est dans ce contexte que nous devons comprendre les raisons de l’absence de certains partis lors du soulèvement populaire du mois de Juillet dernier qui a levé maintes équivoques, démasqué certains usurpateurs, débusqué l’opportunisme des uns et mis en évidence la démagogie des autres. Cette révolte a mis à l’index leurs glissements et leurs déviations dans une lutte constante dans les intérêts des masses laborieuses exploitées. Ils ont tous condamné le fait par le peuple d’avoir déchouqué certains potentats de la bourgeoisie compradore.

Il nous faut éviter ces vers vivant dans le fruit de la lutte.

On  les découvre, on les reconnaît à leur présence, à leur fougue au cours de certaines manifestations de dénonciations des injustices et des actes arbitraires du système capitaliste; ils auront beau vociféré des slogans, pourtant leurs agissements n’iront jamais plus loin. En d’autres termes, voilà  leurs limites. Ils n’iront pas jusqu’à organiser les masses pour mettre un terme au pillage, à l’exploitation,  à la domination impériale dirigée par l’axe Washington-Paris-Ottawa. Mais non, au contraire, ils ont des comportements anti-organisation, n’acceptant aucune forme de discipline organisationnelle. D’ailleurs, ils sont toujours prêts à  favoriser leur petite chapelle, préférant la politique du pire au lieu de se soumettre à une dynamique de rassemblement des  forces populaires pour des changements sociaux fondamentaux dont seul un mouvement populaire est porteur.

Il nous faut éviter ces vers vivant dans le fruit de la lutte. Ils ne sont que d’authentiques traitres pouvant en un clin d’œil éclater un parti ou un mouvement de masse lorsque leurs petits intérêts sont menacés.

Ils sont beaucoup au sein de la lutte et ne font que s’agiter, ramper même dans certaines ambassades occidentales pour se procurer du fric. En fait, ce n’est pas tout hâbleur parlant haut et fort qu’on doit suivre. Tout mouvement populaire, parti révolutionnaire sérieux et conséquent est appelé à résoudre cette équation pour conjurer le danger opportuniste de façon à ne pas tomber dans les filets et projets des agents des puissances impérialistes.

L’avenir ne doit pas être incertain. Quand on lutte, c’est pour la victoire, de façon à transformer les rapports de production en faveur des intérêts des masses populaires. Ce n’est pas  pour être d’éternels courtiers prompts seulement à se débrouiller, à «se dégager» pour sa seule survie politique.

Gare au «dégagisme»!

 

 

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