L’idée des autorités américaines de classer plusieurs groupes armés haïtiens, dont la coalition Viv Ansanm, comme organisations terroristes, relève du non-sens. Une telle solution est l’alternative d’un fou, d’un malade, d’un arrogant. C’est une réaction excessive de l’impérialisme américain, qui ne répond pas à la souveraineté du peuple haïtien et à ses aspirations à un changement fondamental. Ce projet cache d’autres objectifs, d’autres plans machiavéliques encore inconnus ou du moins un nouveau terrain d’essai pour d’autres expériences impérialistes. Applaudir une telle manœuvre, comme le font certains médias, relayant les propos auto-satisfaits d’André Michel, de Pierre Espérance et d’autres de leur acabit, tant en Haïti qu’à l’étranger, pour finalement en tirer profit aux dépens du peuple, relève de considérations malveillantes.
Un tel comportement est caractéristique de ceux qui manquent de bon sens et qui se précipitent de catastrophe en catastrophe avec un enthousiasme insensé. Cela prouve clairement la propension de certains réactionnaires, tant de droite que de gauche, à agir contre le peuple et le pays en général. Comment peut-on croire à de tels propos vide de sens, si ce n’était pour soutenir le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et son gouvernement rejeté et vomi par la majorité de la population, face aux conditions d’une émeute générale qui sont depuis longtemps réunies. L’enjeu est clair, il ne s’agit pas pour le peuple haïtien de vivre en paix. Loin de là ! Il s’agit plutôt d’une prétention à vouloir détruire les bases d’une œuvre marquant la résistance haïtienne. Il n’existe objectivement aucun lien entre les tragédies qui se déroulent de nos jours en Haïti et des actes terroristes.
Si l’on considère quelques échantillons d’actions soutenues et financées par certaines puissances impérialistes, elles s’apparentent davantage mieux aux actes terroristes. Prenons comme exemple la diffusion de substances toxiques dans l’environnement, capables de contaminer et d’éliminer un grand nombre d’êtres humains, comme ce fut le cas les 6 et 9 août 1945, lorsque les États-Unis firent exploser deux bombes atomiques au-dessus des villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki. Rien de comparable à ce qui se passe actuellement en Haïti ! Sans parler du soutien américain aux forces d’occupation israéliennes et de leurs attaques criminelles contre le peuple palestinien, dont le bilan à Gaza du 7 octobre 2023 au 8 avril 2025 a atteint plus de 50 000 morts et plus de 115 000 blessés. On pourrait prendre bien d’autres exemples, soit contre Cuba, soit contre le Venezuela.
Faut-il se garder de ne pas confondre dans la crise actuelle du pays, la portée du phénomène de l’insécurité ? Au-delà de la tragédie humanitaire, il s’agit là d’une expression de la faillite morale et politique d’une classe politique traditionnelle, alliée des puissances tutrices. Seuls des fantaisistes et des démagogues en Haïti, voire des agents à la solde des criminels occidentaux, pourraient applaudir le fait qu’un tel empire, pratiquant une justice sélective, avec un passé de terrorisme des plus cruels et une multitude d’accusations fondées de crimes de guerre commis contre des innocents, puisse aujourd’hui se montrer concernés de notre sort. Quelle hypocrisie !
Ce n’est guère l’insécurité que l’impérialisme souhaite combattre en Haïti ; si tel était le cas, cela se verrait facilement à travers ses investissements dans divers secteurs sociaux pour nous sortir des ténèbres du sous-développement. Or, c’est tout le contraire qui est à l’œuvre : ce sont les mouvements des masses défavorisées, réclamant une rupture avec le système capitaliste qui les effraie tant qu’il continue de piller, de dominer et de coloniser le pays.
Il ne fait aucun doute que cette mise en œuvre tient compte de la détermination des laissés-pour-compte à bloquer cette politique destructrice. Les États-Unis ne sont pas mieux placés pour nous suggérer, ni même nous imposer quoi que ce soit, car ce sont eux qui ont mis en danger la vie de la population. Ce sont simplement des spécialistes les plus convaincus de la stratégie des déstabilisations. Le grand complice des assassins notoires pour l’exécution des sales besognes. Si nous sommes arrivés à ce carrefour, les principaux coupables ne sont autres que les gouvernements démocrates ou républicains des États-Unis, qui ont boycotté le pays au point de nous contraindre à détruire les Forces armées haïtiennes, principal bâtisseur de la République d’Haïti.
En d’autres termes, si la pauvreté et le chômage finissent par s’abattre sur le peuple, c’est parce que les Américains nous poussent vers la privatisation de nos entreprises, entraînant ainsi la destruction systématique des infrastructures, des hôpitaux, des écoles et des usines, avec de nombreuses ruelles détruites, défoncées et encombrées, et des maisons démolies et en ruine. Tout cela est dû aux politiques imposées par Washington à ses marionnettes au pouvoir à Port-au-Prince.
La stratégie de qualifier les groupes armés de terroristes ne changera rien à la situation et ne nous offrira pas un pays différent, libéré de l’exploitation, de la pauvreté et de la corruption. La véritable source de l’insécurité réside dans les actions capitalistes dans le pays. Quiconque souhaite combattre l’insécurité doit également combattre la source de l’insécurité, à savoir la politique capitaliste d’exploitation des classes ouvrières. On ne peut combattre l’un sans combattre l’autre. C’est le sort auquel un peuple en quête de libération nationale ne peut échapper ni ignorer. Au gré de son intérêt actuel, Washington craint que le peuple ne renverse la situation. Il se sert de l’insécurité pour essayer de verrouiller la résilience des masses.
Il faut dénoncer ce projet puisque c’est notre avenir qui nous sera volé, sous l’étiquette d’État terroriste. Pourquoi Israël massacre-t-il sans cesse d’autres peuples et l’empire occidental demeure son plus fidèle allié et n’a jamais accepté sa condamnation en tant qu’Etat terroriste ? Permettre aux États-Unis de qualifier les conflits internes du peuple haïtien d’actes terroristes reviendrait à nous enterrer vivant, et pourrait constituer le plus grand obstacle à la reconstruction de notre pays. Et, que cela nous plaise ou non, il se révélerait à notre désavantage, à l’avantage et la bénédiction de Washington à tout prix.
Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi les États-Unis nous proposent de telles servilités à l’égard d’un pouvoir moribond ? Le seul but est de parachever notre destruction et notre désolation. Washington n’a pas la capacité morale de juger un pays ravagé par des conflits internes et de le qualifier d’État terroriste. De plus, il réussit à nous dresser les uns contre les autres, comme l’avait souhaité le feu Président américain Franklin Delano Roosevelt. Cette approche nous mènerait plus rapidement à une fin prévisible et inévitable. C’est une stratégie néfaste de l’empire terroriste visant à saper les fondements mêmes de notre société. Celle qui consiste à voir Haïti agenouillée indéfiniment aux pieds de l’empire. Cela conviendra à notre classe dirigeante, pour qui la souveraineté, l’indépendance et la dignité d’un peuple libre ne sont pas une priorité absolue. A ce compte, le peuple haïtien doit continuer à se battre et à résister pour enfin donner à ses ennemis locaux et étrangers une leçon inoubliable de conviction et de sacrifice de soi !