La mémoire au service des luttes : le génocide des peuples Héréro et Nama

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Il y a 116 ans, le 11 janvier 1904, les peuples Herero et Nama du Sud-Ouest Africain allemand (la Namibie actuelle) se révoltaient contre les colonisateurs allemands. A l’origine de cette révolte populaire est la confiscation des meilleures terres par les colons, une confiscation qui empêche les Hereros de pratiquer la transhumance (migration périodique du bétail), ce qui peut causer la disparition de ce  peuple nomade.

Sous la direction de Samuel Maharero (1856-1923), les Herero attaquent une garnison basée à Okahandja et parviennent à détruire les lignes de communication allemandes, le chemin de fer et le télégraphe. 

Berlin réagit avec une sauvagerie exceptionnelle. En juin 1904, une troupe de 15 000 soldats débarquent, accompagnée de 6 vaisseaux de guerre. Pendant 5 mois un véritable carnage est mené méthodiquement avec bombardements et massacres n’épargnant pas les femmes, les vieillards et les enfants. Les Hereros sont contraints de fuir dans le désert du Kalahari. Pour empêcher toutes possibilités de survie, les Allemands empoisonnent les points d’eau.

En fait ils sont plus de 65 000 à périr dans ce génocide.

Un plan d’extermination est mis en place et les ordres sont précis : « Chaque Herero trouvé à l’intérieur des frontières allemandes, armé ou non, en possession de bétail ou pas, sera abattu ». En quelques semaines, ce sont des dizaines de milliers de Hereros qui meurent de soif et de faim dans le désert. 

Les autorités allemandes reconnaissent un nombre de morts allant de 25 000 à 40 000. En fait ils sont plus de 65 000 à périr dans ce génocide. Les survivants sont enchaînés et parqués dans 6 camps de concentration. Les détenus sont tatoués des lettres GH (Gefangener Herero : prisonnier Héréro). Plus de la moitié des prisonniers meurent en détention, soit près de 8000 personnes). Ils sont contraints aux travaux forcés pour la construction du chemin de fer.

 

Samuel Mahaharo, principal dirigeant herero de la lutte contre
le colonialisme allemand.

Le jeune généticien et futur nazi Eugen Fischer (1874-1967) procède sur les détenus à des expérimentations médicales et à des mensurations sur les cadavres dans une optique anthropologique et eugéniste. En 1911 il reste officiellement 15 000 Hereros soit moins de 20 % de la population initiale. 

Au début de l’année 1905, c’est au tour des Namas de se révolter. Un nouveau massacre se met alors en place avec des méthodes identiques à celles utilisées sur les Hereros. Plus de 20 000 Namas sont ainsi massacrés.

le ministre allemand des Affaires étrangères (SPD) Frank-Walter Steinmeier reconnaît publiquement « un crime de guerre et un génocide ».

Il faudra attendre 1985 pour que le génocide soit reconnu, sous la pression de la Commission des droits de l’homme des Nations unies. En 2004, cent ans après les débuts des massacres, l’événement refait une nouvelle fois surface dans la presse allemande suite à une demande namibienne d’indemnisation. Le 10 juillet 2015, le ministre allemand des Affaires étrangères (SPD) Frank-Walter Steinmeier reconnaît publiquement « un crime de guerre et un génocide ».
Comme on peut le constater, les méthodes mises en œuvre par les nazis ont d’abord été utilisées contre les colonisés. La colonisation est toujours et partout une barbarie.

 

Dans son livre Discours sur le colonialisme Aimé Césaire écrit:  Oui, il vaudrait la peine d’étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d’Hitler et de l’hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXe siècle qu’il porte en lui un Hitler qui s’ignore, qu’Hitler l’habite, qu’Hitler est son démon, que s’il le vitupère, c’est par manque de logique, et qu’au fond, ce qu’il ne pardonne pas à Hitler, ce n’est pas le crime en soi, le crime contre l’homme, ce n’est pas l’humiliation de l’homme en soi, c’est le crime contre l’homme blanc, c’est l’humiliation de l’homme blanc, et d’avoir appliqué à l’Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique. 

Texte: FUIQP et Alain Saint-Victor

 

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