« Haïti Top 10 Héritiers/ères Musicaux Modernes » Numero 2

Ex-aequo Jean Richard ‘’Richie’’ Hérard et Arly Larivière

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Jean Hérard ‘’Richie’’ Hérard (Port-au-Prince, 1969)

« Pourvoyeur de tubes et de multiples sonorités périphériques » 

“Richie” s’est bien révélé en représentant distingué de son époque, et en conséquence, ses premières randonnées dans un petit groupe nommé « Power X » du Cap, sa ville d’adoption. Il finit par prendre son envol dans les milieux de Miami, spécialement au sein du groupe «Zenglen» dont il s’est avéré le chef influent, en compagnie de l’original bâtisseur J. Brutus Dérissaint .Notablement comme : compositeur, chanteur, batteur inspiré et leader naturel. Percussionniste, il a mis sa marque, ses “breaks”, roulements et saccades qui en ont fait un percuteur spectaculaire de son ère. Ses ressources inventives et sa sonorité preste l’ont accrédité en patron rythmique de l’environnement sonore, ayant permis d’évaluer son jeu éclectique tout en densité. Il s’est avéré un rythmicien subtile dans un style kadéïloscopant l’environnement sonore moderne, tout en s’illustrant avec verve dans un tempo multiple et une prépondérance tous azimuts, au comble d’un langage excessivement foisonnant.

Artiste flamboyant et polyvalent, “Richie” s’est aussi attesté en pourvoyeur vocal, au gré d’une expressivité esthétique. Notamment, à travers ses compositions colorées qu’il asperge de ses vocalises impromptues, telles : Sexy lov, Body & soul, Pou manman’m, Yon ti bo, Mwen renmen w, Super-star maker, Li la, Papa, Suk sale, Linite, Cap-Haïtien, Pitit deyò, I am sorry etc ; mettant à nu une tessiture singulière, agrémentée de bonds félins et d’un soul épinglé; susceptibles de faire rougir les vocalistes attitrés (ou auto-proclamés ?) .Mais, Jean Richard, c’est aussi l’éminence grise de sa génération qui s’active à tenir le konpa post-cinquantenaire au chaud et inventif. Faiseur de tubes, en veux-tu ? En voilà !:’’5 dwèt, 5 kontinan, 5 etwal, 5 vitès, 5 sans +1,Flannè femèl, B.S production, Fich bòlèt, Lanmou pa konn diaspora,Child support, FKD, Zenglen for ever, Pal kokal, Le konpa, Mizikanou, Defi, Fòk sa chanje , Alanvè, St. Valentin, Fè l vini anvan, Priyorite, Mizik sa, Pitit deyò, Move siyal, etc. Arrangeur et star-maker; s’attelant à projeter des aspirants à l’avant-scène, pendant qu’il s’active à l’arrière scène à concocter des merveilles épatantes. Autant d’atouts qui ont permis au groupe « Zenglen » de Miami de résister à tant de remue-ménages, tout en faisant l’offrande du plus délicieux konpa de ces dernières décades.

Pourtant après plus d’une décade à être la plaque tournante, incluant trois productions en solo, ‘’Le konpa’’, ‘’Back to the future’’, ‘’Dix ans plus tard’’, ‘’Richie’’a décidé d’amener ses actes à un niveau supplémentaire, et emmener le konpa en dehors d’autres frontières. Comme l’avaient fait ses devanciers : Nemours, Sicot, Des Jeunes, Septent, Tabou etc ; qui ont emballé les ballrooms étrangers de leur musique qualitative. C’est ce qui le motive à sillonner les Antilles et d’autres parties du monde en général ; lesquels continuent de se bercer aux sons et rythmes de la musique haïtienne, dont ‘’Richie se veut un étalon. C’est ce qu’il persiste à exhiber avec « Klass », son nouveau groupe. Avec les tours magiques qu’il détient dans ses manches. En justifiant sa renommée avec l’opus:’’Fè l vini avan’’, orné de die hard hits attestant de sa vision et de ses capacités à rebondir. Spécialement, en observant autour, tout en nous permettant de nous rappeler :’’Nou se Ayisyen’’ …Frè m ak sè m piga nou reziye n/ An nou chache konn s ak bloke n/ Se vre chenn nan te soti nan pye n/ Men nou toujou esklav nan panse/…Nan almanak on n chache yon dat/ Nou bezwen yon lot 1804/Zansèt nou te fè li deja/ Li nesesè pou n refè l jodi a…’’.

Autant d’arguments qui rassurent que:’’ Depi ‘’Richie gen lavi, konpa a pap peri’’. Peux, un autre cd. « « Fè’l ak tou kè’w’’’ qui rassure que J.H.R demeure un minutieux, sachant toujours injecter des excentricités qui propulsent en dehors de la normalité. Et comment condenser plusieurs genres, dans la pratique des jeux de l’amalgame. Expert en excursions tonales instillées de tours schématiques, et diseur d’aventures qui ramènent tout au lieu commun dans la distillation de tournures dramatiques sur fond de chorus exaltés ; incluant des textes réalistes qui convoquent au réveil, dans ‘’Anmwe sekou’’…Peyi a pa ka pi grav /Pase pi mal se kadav…’’ .Tout en s’appliquant à maintenir le momentum en propulsant la bande à ‘’Richie’’, (mais aussi lourdement flanqué de Pipo et de Pozo), poursuivant sa dominance dans l’arène musicale ambiante. Raison de plus d’être rassuré que Jean Hérard Richard nous gratifie d’autres créations pittoresques pour le bien-être de la musique haïtienne.

Arly Larivière (Cap-Haitien ?)

« Crooner et novateur de marque »

Ne soyez pas étonnés qu’il soit l’un des épigones de marque de son temps. Ayant été élevé sous l’influence d’un père musicien et ‘’hit-maker’’lui-même de son époque. En l’occurrence Daniel Larivière, percussionniste du « Tropic », pour lequel il a pondu tant de tubes. C’est fort de cet environnement que Arly Larivière apprit très vite ses sujets musicaux. Subséquemment, il fut repéré à ses débuts au sein du groupe «Lakol» du Cap -Haïtien, de parcours succinct. Pour être confirmé par la suite à la tête du groupe «Dzine» de Miami, en s’appliquant à donner la mesure de son flair. Dans un ensemble où il s’ingénia à la fois comme compositeur, arrangeur, décideur, vocaliste singulier, claviéristes& keyboardiste électro-synthétique. Véritable agent buissonnier, il a su disposer à sa guise de ces engins aux dissonances extravagantes. Plus entreprenant que bouche-trou, faisant montre d’un toucher personnel agrémenté d’une base conventionnelle. Cependant, au moment où ce groupe commença à faire sa marque dans les milieux ambiants du pays et de la diaspora, une conspiration vint l’éjecter de son siège de maestro. Mais confiant en son étoile, ce musicien fécond ramassa son tablier et prit sous ses bras celui par qui la révolte contre lui fut consommée, le chanteur Gazzman dit ‘’couleur’’ pour la formation du groupe «Nu look».

A cette étape, il mit son côté créatif en évidence dans des compositions qui rallièrent tous les suffrages. Spécialement ses ballades romantiques le campant en crooner et compositeur insatiable, au comble des tubes qu’il colore de son estampille vocale. Au gré de sa particularité, sa voix clairsemée l’a consacré en véritable pilier de son ère. Comme orchestrateur-arrangeur, doté d’une marque particulière imbibée de leitmotivs qu’il nappe de différentes sections, notamment au niveau harmonique et, en utilisant une section des cuivres tout en glissandos instillée d’une coloration ‘’mid-tempo’’. C’est avec autant de cordes à son arc, qu’il a su gratifier de trois productions à succès : ‘’ Big mistake’’, ‘’Still news’’,‘’ Abò’’. Et deux compilations :’’Arly Larivière : Collection, et ‘’Encyclopédie…’’ garnies de ballades, pour certifier de sa prépondérance accrue dans le music-hall local. Mais au comble de tant d’engouement, voilà que resurgissent les anciens réflexes et éventuellement une nouvelle rupture entre Arly et Gazzman éclata en plein jour, pour n’avoir pas su rémunérer ses pairs.

Cependant, incontournable, Larivière revint plus fort dans : Confirmation’’, s’alliant cette fois-ci à Pipo Staniss, plus complémentaire pour gratifier de sa meilleure production à date. A ce tournant, c’est bien la consécration pour Arly qui s’est bien majoré au cours de ces dernières années afin de mériter de son piédestal de contemporain de marque. Spécialement comme chanteur dont le timbre se situe entre le charme d’un Garry French et la verve exquise de Ralph Thamar. Fort d’un registre rayonnant et une musicalité diffuse lui ayant permis de délivrer avec aisance ces ballades qui sont devenues sa marque-déposée, telles : Wasn’t meant to be, A qui la faute ?, Paske’m jalou, Pays, jeunesse, futur ,prenant cette fois la peine de se faire tribun pour montrer sa profonde répulsion face à la situation inconcevable que son pays confronte. A cette panoplie de tubes ‘’lariviériens’’, mentionnons : Is it real ?, Souvenir, Cookie, Loving you, You & I, La même folie, Yon ti sèman, Kite m touché w, Notre histoire, Illusion, Destiny, Why do you say you love me ?,Baby , let it be, Lanmou’m pap fini, What about tomorrow? Konfesyon, La vie à deux, Nos indifférences, L’âme soeur, Until when?, C’est compliqué, Daddy’s girl,Ton anniversaire, Rien que toi, etc. C’est dire qu’il a un répertoire tout à lui-même pour se muer en artiste de concert.

Car en fait, c’est dans ce courant qu’il s’est affirmé, vraie“ star”, avec une approche personnelle pouvant faire frissonner ses adhérents. En tout cas, il ‘s’est déjà constitué en porte-étendard d’un style qui nous rappelle que le coeur a toujours ses raisons. Tout en atteignant une dimension qui l’implique dans le socio et le lyrisme réaliste. En brillant éclaireur, promu dans la galaxie des grands novateurs et, qui de temps à autre se fait le devoir de rallumer la conscience des fans de la musique, Lesquels s’inspirent de sa musique et de son message à vivre d’amour ou à s’en défaire le cas échéant. A travers : plaintes, complaintes , déchirements ,confidences et rédemption. Toujours là, sans répit, intarissable. La vie n’étant pas toujours en rose, mais est surtout faite de gris…comme il l’indique à la nation dans : “Li pa nòmal”.

Pèp Ayisyen vrèman m ap mande kouman nou fè ?/Pou n adapte n ak tout situasyon/Tout sak yon minimòm lòt kote k, lakay se luks /Eskel nòmal pou yon pèp viv konsa ?…Pou yo fèn vinn asepte,yo fèn vinn adapte /Ak yon pwen nou twouve l natirèl/…Lakay gen twòp iregilarite/…Nou ka chache yon solusyon /Pou yon nasyon ki bezwen yon milyon gason./ Pwoblèm respè, pwoblèm grangou, pwoblèm atout lènivo/Pwoblèm nan sistèm jidisyè, responsab fèmen je sou yo/Majorite moun nan lari, se degagew pou fonksyone/ Responsab yo pa di anyen…”

Alors avec autant de ressources, c’est dire que Arly nous garantit d’autres randonnées aussi exquises; entre ses zones brumeuses qui l’ont encore renvoyé dos à dos avec ‘’Pipo’’; lesquelles font aussi questionner sa renommée de radin impénitent; qui lui fait perdre ses meilleurs collaborateurs. Pourtant, il revient très fort. D’abord ‘’solo’’, sans partenaire vocal, promettant stabilité à ses fans pour éviter d’autres chambardements. D’où la gratification de :’’I Got This’’, un autre joyau signé A.L. Evidemment, on l’attend toujours au tournant, et à chaque fois, il remet les clignotants au vert et la pendule à l’heure, dont le tout récent:’’My time’’, qui atteste que cet adorable vocaliste, arrangeur de sons, enjoliveur de mots sait à quoi s’en tenir. De plus, comme noté auparavant, il est le saule pleureur et souffre-douleur de la gent masculine, pendant que l’espèce féminine prend un malin plaisir à s’abreuver de ses lamentations. En tout cas, ses excursions auréolent bien sa posture multi-facette, d’un contemporain représentatif de la musique de qualité. Et dont se réclame un public de choix qui le lui remet bien, de tant de révérences à king Arly.

N.B : Un ‘’kudo’’ spécial à Arly pour son nouveau parfum ‘’Illusion’’, by Arly Larivière, dont j’ai bien apprécié la qualité, fort d’un arome qui vous colle à la peau. Cadeau de ma femme pour la Saint Valentin.

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