En dépit de la haine des néocolons, des complots de l’impérialisme, Haïti ne sera jamais un « pays de merde »…!

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1802
Haïti n’est pas un pays de merde

« Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché : alors on saura que l’argent ne se mange pas. »
Geronimo, Chef des Apaches Chiricahuas

Des événements sérieux et graves bousculent plusieurs régions importantes de la planète. Il nous reste donc peu de temps à consacrer aux  « ragots » qui proviennent des écuries de Washington, d’Ottawa, de Paris, de Londres, d’Allemagne, et repris tous les matins en première page par l’ensemble de la presse bourgeoise.

Cette semaine encore, les médias pro-impérialistes ont parlé beaucoup plus d’un « cochon bipède président » que Perséphone et Hadès, les dieux de l’enfer, ont engendré dans les ténèbres de la bêtise, que des femmes, des vieillards et des enfants palestiniens qui meurent sans médicaments, qui continuent à être aplatis, écrasés sous la haine viscérale des colons juifs. Cependant, nos oreilles restent ouvertes sur la Syrie, les deux Corées qui recherchent une voie satisfaisante de réconciliation au profit de leur peuple, malgré les réticences malhonnêtes de la Maison Blanche, du Département d’État et du Pentagone.

Nous regardons aussi du côté du Brésil où le retour éventuel de Luiz Inácio Lula da Silva inquiète outre mesure les supporteurs internationaux du clan politique des antinationalistes qui ont appuyé Michel Temer. Dilma Roussef, la présidente légitime écartée injustement du pouvoir, prévient l’Occident – et surtout la CIA – qu’une disqualification du fondateur du Parti des travailleurs aux prochaines manifestations électorales rendrait le Brésil « ingouvernable ».

Les rencontres trilatérales entre les États-Unis, le Mexique, le Canada dans le cadre de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) ne figurent pas sur la liste de nos préoccupations quotidiennes. Il s’agit de trois vautours scandaleux qui se livrent à des « exhibitions indécentes de voracité mercantile ». Lequel des trois « rapaces » parviendra-t-il à remporter le trophée de la « gloutonnerie » dans le « banquet » pour le partage de l’Amérique? De toute façon, les lutins du diable ne sont jamais divisés. Ils poursuivent toujours les mêmes buts. Et se partagent des intérêts communs. Dans tous les cas, ils finissent par s’entendre, pour mieux avaler leurs victimes désignées.

Sommes-nous  entrés dans une période étonnante  où,  –  pour reprendre  le titre du film du cinéaste québécois Denys Arcand –, le « déclin de l’empire américain » commence déjà à baisser sa culotte et à exposer ses « fesses » à l’air libre, devant la Russie, la Chine, l’Iran, la Syrie, la Corée du Nord? Nous avons l’impression que la « bête » de Jean Cocteau qui séjourne à la Maison blanche n’arrive pas à se regarder dans le miroir du salon ovale sans vomir. Sur lui-même. Et sur les autres.

Il y a des outrages, des affronts qui ne se lavent que sur le terrain. Pas seulement avec des mots pimentés, des slogans ronflants. Une gifle bien placée sur la gueule qui déconne : serait-ce un prix trop lourd à payer pour les malappris qui insultent les femmes, les pauvres, les enfants, les immigrants et les nations exploitées? Malheureusement, le monde n’est plus au bon vieux temps où les comptes se réglaient légalement à l’aube, devant des témoins, avec un pistolet ou une épée. Nous en serions nous-mêmes heureux de faire partie de cette époque-là. Et certaines affaires seraient réglées. Classées. C’est cela aussi, l’esprit d’une « Révolution ».

Pour toute la durée du mandat de Donald Trump, aucun ambassadeur des États-Unis ne devrait obtenir le privilège diplomatique de présenter ses lettres de créance à un gouvernement haïtien. Tout le personnel de l’ambassade et du consulat de ce pays  aurait dû être déclaré persona non grata depuis l’émergence de ce scandale honteux qui classe, rabaisse les États-Unis au niveau le plus bas de toute son histoire. L’Afrique, les pays de l’Amérique latine, Haïti doivent être fermés, à tout jamais prohibés au minable et inculte milliardaire de l’émission de téléréalité The Apprentice  entre 2004 et 2015. Mais seuls des États révolutionnaires comme Cuba, Bolivie, Vénézuela et quelques autres auraient été capables d’agir dans cette direction.

Pour toute la durée du mandat de Donald Trump, aucun ambassadeur des États-Unis ne devrait obtenir le privilège diplomatique de présenter ses lettres de créance à un gouvernement haïtien.

« Donald Trump est un vulgaire vagabond », a ajouté le compatriote qui nous a rapporté les faits désobligeants. Déshonorants pour un pays qui vante incessamment sa grandeur et son sens pointu de la moralité. Notre réaction a été vive comme l’éclair : « Peut-on accuser un cochon de salissure? N’est-ce pas la nature de l’animal? Le contraire nous aurait plutôt étonnés. Le cochon mange, joue, copule, dort dans la boue. Il  se salit en cherchant à  éclabousser son entourage. Quoi de plus logique? C’est une perte de temps et d’énergie de réclamer, d’exiger des excuses d’un président qui désemballe des obscénités à longueur de journée. La « création » a confié au « porc » la tâche de souiller, de « saloper », mais pas celle de nettoyer. »

Et, Dieu merci! notre interlocuteur parvenait à  retrouver largement son sourire et son calme.

Quand on remonte les courants de l’histoire

La décadence dégénérative de la République d’Haïti est, sans équivoque, le corollaire fâcheux de la glorieuse victoire des africains –  transplantés à Saint-Domingue après avoir été  vendus comme esclaves au 16ème siècle en Amérique – sur  la France coloniale, belliqueuse, dirigée par le redoutable Empereur Napoléon Bonaparte. L’armée indigène (celle démantelée par les marines américains en 1915) mal entraînée, sous alimentée, sous équipée a mis en déroute environ 40 000 militaires  français. L’échec historique de l’expédition de Leclerc à Saint-Domingue a tissé la toile de cession de la Louisiane de Cavalier de la Salle par Napoléon 1er  aux États-Unis de Thomas Jefferson  le 3 mai 1803, pour la somme de 15 millions de dollars. Cet exploit héroïque, fabuleux, digne d’une épopée légendaire homérique, cornélienne ou racinienne,   avait surpris et bouleversé les grands seigneurs de la féodalité sociale, politique et économique du siècle.

Depuis le 1er janvier 1804, les mots « Liberté », « Égalité », « Fraternité » sont imprimés à l’encre de chine sur un pan de l’histoire de l’humanité. Et pourtant, la fresque immense qui illustre la révolution anti-esclavagiste dans les Caraïbes, contrairement à Guernica, a été enlevée du Musée de la mémoire universelle. Les noms des Caciques Caonabo, AnacaonaHenri…, de  Jean-Jacques Dessalines, Claire Heureuse, Henri Christophe, Marie-Jeanne, Alexandre Pétion, Charlemagne Péralte, Benoît Batraville, Pierre Joseph Sully, amiral Killick… devraient – en toute justice – figurer à côté de celui de Spartacus.

Une gifle bien placée sur la gueule qui déconne : serait-ce un prix trop lourd à payer pour les malappris qui insultent les femmes, les pauvres, les enfants, les immigrants et les nations exploitées?

Les écrivains coulés dans la moule de l’idéologie dominante, versés dans la pratique de l’altération des données historiques, ont plutôt réservé les honneurs aux géniteurs du mal : Colomb, Ojeda, Ovando, Rochambeau, Leclerc …  Allusion faite à tous les individus immoraux qui ont  pavé la soi-disant « civilisation occidentale»  de génocide et d’exploitation. Bref, de toutes les monstruosités sociales, politiques, économiques et financières impensables.

«L’empire de la honte » a claquemuré Haïti « sur les cimes du désespoir », pour reprendre respectivement les titres des célèbres ouvrages de Jean Ziegler et d’Emil  Michel Cioran. Dès le lendemain du vibrant discours de Louis Boisrond-Tonnerre – le  célèbre « Il nous faut la peau d’un blanc pour parchemin, son sang pour encre, son crâne pour écritoire et une baïonnette pour plume» – le nouvel État a fait naufrage. Il a échoué contre un iceberg de menaces, d’intrigues, de conspirations… L’acte de l’indépendance, il faut toujours le rappeler, n’est pas étranger aux malheurs du peuple haïtien. Jamais les pays colonisateurs, aujourd’hui constructeurs du mouvement de société mondialisée et d’économie globalisée, n’absoudront la nation du geste qu’ils qualifient encore « d’arrogance » et « d’effronterie ».

Depuis la défaite de Paris à Vertières, aucun président français avant M. Nicolas Sarkozy n’avait foulé le territoire d’Haïti. Ce dernier l’a fait en 2010, après le tremblement de terre du 12 janvier qui a détruit Port-au-Prince et enlevé la vie à un nombre incalculable de citoyens de toutes les couches sociales confondues.

Dans les faits, il faut reconnaître que la France gardera toujours des sentiments de rancœur inguérissables, inextricables contre la République. Et à dire vrai, d’un côté ou de l’autre, on ne saurait oublier les morts, les déceptions, les opprobres, les avilissements… Il existe – naturellement,  parmi tant d’autres – un  enjeu important qu’il faudrait prendre le temps de dévêtir même légèrement. Hispaniola, ci-après Saint-Domingue,  avant de redevenir Ayiti, constituait les poumons économiques de certaines grandes capitales  européennes, particulièrement Madrid et Paris. Leur vache à lait! Avant 1789, un tiers des produits d’exportation de la France portait la marque de Saint-Domingue. Le corsaire esclavagiste Francis Drake, comme vous le savez,  a opéré dans les régions de la Caraïbe au profit de la reine Élisabeth 1ère d’Angleterre. Il attaquait, pillait, mettait à sac les navires espagnols.

Dans les années 1700, Saint-Domingue avec ses plantations de cacao, d’indigo, de coton, de café et de tabac était reconnue et classée comme  la colonie française la plus prospère. 400 000 esclaves  contraints aux travaux forcés dans des conditions bestiales et cruelles engraissaient l’économie gargantuesque de la métropole. L’épopée mémorable dans laquelle est creusée la fondation de la nation haïtienne est noyée sous les eaux de la sédition, de la malveillance et du sabotage. Finalement dépolarisée, la perle des Antilles a perdu tout son éclat naturel; sa rutilance a disparu dans un trou béant de misère ou –  comme on le baptise avec la nouvelle locution sémantique – de « pauvreté extrême », creusé avec les pioches de l’impérialisme qui a accouché du néocolonialisme tentaculaire. Haïti n’est même pas l’ombre d’elle-même. Elle est devenue la fosse vivante des millions de «Fantine » poursuivies, traquées, harcelées avec une cruauté et un cynisme « javertiens ».

Il ne faut pas oublier que de 1806 à 1843, sous les pressions des puissances colonisatrices, le nom de Jean-Jacques Dessalines, fondateur de la patrie, était banni sur l’étendue du territoire. Aujourd’hui, en présence des casques bleus des « Nations unies », qui oserait évoquer tout haut la mémoire des héros de la guerre de l’indépendance ? Conzé est ressuscité pour les malheurs de la nation. Les spectres hideux de la recolonisation, du protectorat, de l’annexion territoriale… hantent incessamment  la République d’Haïti!

La charrette du mouvement de révolte généralisée des esclaves de l’île de Saint-Domingue a perdu une roue sur le chemin de la « Révolution ». Elle ne peut plus avancer depuis deux siècles. Le processus demeure donc inachevé. Les éventuels techniciens réparateurs sont devenus des victimes et des martyrs. Comme la plupart des grands « visionnaires » économiques, politiques et sociaux de certaines régions du monde, ils ont été soit destitués, soit exilés. Ou étonnamment assassinés.

En regardant ce pays se vautrer dans la mare de l’humiliation, s’engoncer dans les eaux infectes du « misérabilisme », voguer sur les vagues de l’infertilité politique, conditionner la grande majorité de ses habitants dans  une situation de détresse sociale, de dérive économique inqualifiable, Dessalines, Christophe, Pétion… doivent se retourner tous les jours dans leur tombe… Pourtant, le sang des compatriotes a coulé presque partout sur la planète où il eut la guerre pour garantir la liberté, la sécurité, la paix, la dignité des peuples occupés, opprimés, humiliés : Venezuela, Bolivie, Algérie, Cuba, etc.

Les deux pays qui ont le plus malmené la République d’Haïti se nomment France et États-Unis. 17 décembre 1914, Washington débarque à Port-au-Prince et saisit arrogamment tout le stock d’or de la banque nationale sous le prétexte fallacieux de « garantir ses créances ». Un butin estimé à l’époque à 500 mille dollars américains, ce qui représente aujourd’hui une fortune colossale. La Maison Blanche est revenue le 14 juillet 1915 pour occuper le pays et accaparer tous les circuits des finances publiques. Et comme si tout cela ne suffisait pas, en mai 1918, les « nouveaux maîtres du pouvoir » modifient la constitution  pour y insérer des articles qui autorisent les étrangers à acquérir des biens immobiliers en Haïti, allant de ce fait à l’encontre des prescrits de la constitution de 1805. La SHADA, compagnie américaine implantée en 1941 dans les régions rurales des grandes villes, spécialisée dans la culture de l’hévéaplante à partir de laquelle on obtient le caoutchouc – a achevé la destruction des meilleures terres agricoles du pays.

Nous avons encore en mémoire l’image forte du célèbre roman de Jacques Roumain, « Gouverneurs de la rosée », où la vieille Délira enfonce ses mains dans la terre sèche et poussiéreuse avec un cri de désespoir : « Nous mourons tous. » Et pourquoi? Haïti décline. Dépérit… Elle est empêchée dans sa volonté de faire un « choix de société » qui réponde aux intérêts supérieurs de ses filles et de ses fils. Pour les esprits simplistes, et pour éviter toute confusion,  nous ajoutons qu’il ne s’agit nullement ici de l’évocation ou de l’agitation de l’idée de choisir entre Marx, Gandhi et Bakounine.

La communauté internationale, avec la complicité des politiciens sans éthique,  parvient toujours à clouer l’avion du changement au sol. La présence de l’Organisation des Nations Unies en Haïti est l’arme sournoise utilisée par les anciens alliés de « l’axe du bien », les heureux « vainqueurs de Yalta », pour prévenir la secousse éventuelle d’une insurrection massive, capable de renverser complètement l’ « ordre sociopolitique traditionnel » et de conduire le pays aux portes d’une « Révolution » effective.

La République  d’Haïti n’a plus d’héroïnes et de héros. Pour libérer Saint-Domingue des liens de la colonisation, les aïeux ont marché sans crainte contre la métropole française. Comme les chrétiennes et les chrétiens ont bravé les persécutions et les tortures à l’époque de Néron, ils ont affronté la mort avec courage. Ils ont livré leur chair aux boulets de canon … La vie, dans les conditions que l’on sait, était devenue pour eux tout à fait inutile! Tout ce qui comptait à leurs yeux, c’étaient le recouvrement de la liberté et la reconquête de la dignité perdues dans les plantations de canne, de coton, d’indigo, de caféier, de cacao… Donc : « Liberté ou la mort… »

Après l’assassinat éhonté du fondateur de la patrie, jusqu’à aujourd’hui, des « opportunistes  antipatriotiques », soutenus par les agents néocolonialistes, ont tour à tour envahi, occupé, contrôlé, monopolisé les espaces politiques, économiques et financiers. Ils n’ont pas hésité un seul instant à faire défection aux valeurs fondamentales qui tressent la création et l’existence même de la société haïtienne : Liberté, Égalité, Fraternité. Ces vils « vendeurs » du « droit d’aînesse » de la République ont adopté, adoptent des attitudes de vasselage et font des courbettes devant Washington, Paris, Ottawa… dans le dessein machiavélique d’accéder au timon des affaires de l’État par les officines de « parachutage ».

Néanmoins, nous ne nions pas les apports, les contributions intellectuelles et les soutiens matériels  considérables qu’un bon nombre de femmes  et d’hommes – si  restreints soient-ils, et sans les citer – ont consacrés à la lutte pour la libération sociale, l’affranchissement politique, l’essor économique et l’émancipation culturelle des populations vulnérables de la planète. Malheureusement, en Haïti comme  dans n’importe quel autre pays, héros, martyrs et vauriens se côtoient dans les pages des manuels d’histoire!

Depuis 2004, les drapeaux de l’occupation étrangère flottent sur le sol national. Cette situation outrageante a assombri, obscurci même le ciel de la souveraineté de l’État haïtien. Le président Jean Bertrand Aristide a été arrêté, destitué du pouvoir et finalement déporté en Centrafrique, comme un paquet de linge sale. Après avoir séjourné à la Jamaïque, à l’invitation du premier ministre de l’époque, il était accueilli sur la terre de Nelson Mandela (Afrique du Sud), invité par le président Thabo Mbeki. « Malgré les fautes et les cruautés de l’empereur», il est franchement regrettable que des pays comme les États-Unis,  la France, le Canada… aient pu rééditer en Haïti le lendemain des deux cents ans de l’indépendance,  l’outrage aussi dégradant que « l’affaire Luders » sans que « les élites » locales  s’y soient fermement opposées. Les militaires  étrangers ont foulé aux pieds la Loi Mère (constitution de 1987), comme les Allemands ont piétiné et souillé le bicolore sacré en 1897.

Au cours des dernières décennies, les Haïtiens ont développé l’habitude de rappeler la présence de leurs ancêtres à Savannah, aux côtés des colons qui se battaient contre l’Angleterre. Nous pensons que cette pratique innocente relève d’une légèreté ou méprise intellectuelle, d’une banalisation inconsciente des conséquences néfastes de l’histoire. Les esclaves africains devaient se retrouver plutôt aux côtés des Amérindiens en vue de les aider à reconquérir leurs terres séquestrées, confisquées, usurpées par les Européens. Et dire que les Noirs ont même participé aux massacres des populations autochtones, menés par les visages pâles! Néanmoins, nous acceptons le fait que ceux-là ont participé à la guerre de sécession qui a permis aux nordistes victorieux de proclamer l’abolissement de l’esclavage sur tout le territoire des États-Unis, et de les affranchir. Le livre Gone with the Wind  (Autant en emporte le vent) de Margareth Mitchell, adapté au cinéma en 1939 par Victor Fleming retrace cette époque mouvementée de la vie des Anglo-Saxons. Y avait-il  des Indiens sur la Place d’armes des Gonaïves qui célébraient la justice et la liberté avec Jean-Jacques Dessalines et ses généraux? Combien en restait-il  sur toute l’île de Saint-Domingue? En tout cas, les discours prononcés à cette occasion majestueuse ne semblent pas en faire mention. Cette portion de territoire – il faut toujours se le rappeler – appartenait d’abord aux Amérindiens, avant de devenir la nôtre. En rendant hommage aux héros de la guerre de l’indépendance, nous devrions avoir l’humilité et la sagesse d’honorer la mémoire des caciques Caonabo, Anacaona, Henri, Cotubanama, Guarionex, Guacanagaric… Et pourtant, les Afro-étatsuniens ont aussi une grande responsabilité dans les opérations d’extermination des apaches de Bedonkohe farouchement défendus par le grand guerrier Geronimo.

L’acteur américain Marlon Brando –  connu pour être un grand défenseur des Indiens – a toujours refusé de faire partie de la distribution d’un film qui encourage la maltraitance, l’oppression, l’humiliation des populations autochtones. Le chanteur français, Gilbert Bécaud, a rendu pour sa part un vibrant hommage aux Amérindiens. Sa chanson L’Indien demeure une composition musicale intemporelle, extraordinaire, insurpassable dans son genre et dans son style.

« Et je marche
Je marche dans Broadway
Qui serpente comme un sentier de guerre
Dessous chaque pavée, il y a une hache de guerre
Qui attend… »

Après deux cents ans de tergiversations, il est temps pour les Haïtiens de penser à relever les gants que la faiblesse économique, la désorganisation sociétale, la débandade et l’ignominie politiques, l’hypocrisie internationale leur jettent…!

En vérité, viendra le jour où, comme le président Charles de Gaulle après le débarquement des alliés en Normandie, les Haïtiens pourront s’exclamer crânement: « Haïti méprisée! Haïti martyrisée! Haïti brisée! Mais Haïti relevée! Haïti libérée! »

Mais dans ce pays, avant tout, il faut l’émergence d’une élite intellectuelle progressiste, d’une presse avant-gardiste, d’un Abraham Lincoln, d’un Salvador Allende, d’un Mao Tsé-toung, d’un Jacques Stephen Alexis, d’un Lionel Lainé, d’un Koesno Sosrodihardjo Sukarno, d’un Frantz Fanon

Tôt ou tard, les peuples oppressés, maltraités, exploités, humiliés de la terre sentiront la nécessité de choisir  d’« exister dans l’indignité » ou de « mourir dans la dignité ».

Robert Lodimus

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