Aujourd’hui, la domination de la bourgeoisie économique et des affaires sur la classe politique ne mène qu’à des conflits internes et à des impasses, et cela au sein même de ces deux classes. La classe ouvrière, pour sa part, n’a rien à voir avec la discorde entre ces opportunistes au service des représentants des oligarques et de l’impérialisme. Ils se battent entre eux pour montrer lequel de deux est le plus apte à servir l’ennemi du peuple. La situation est devenue plus inquiétante, alors que nous entrons dans la dernière ligne droite pour mettre fin au pouvoir du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Les événements de ces derniers jours engendrés par la lutte qui se déroule entre ces deux Secteurs, vise à définir la continuité du pouvoir, que les protagonistes tentent de camoufler, mais qui pourrait potentiellement déboucher sur des violences caractérisées.
L’affrontement public entre deux piliers corrompus de l’Exécutif haïtien, le Conseiller Présidentiel Fritz Alphonse Jean et le Premier ministre Alix-Didier Fils-Aimé, a créé une situation sans précédent bien que démagogique et ridicule aux yeux de tous dans le pays. Un Premier ministre et un Président d’un pays sous domination impérialiste et néocolonialiste, sont des instruments des puissances capitalistes dominantes. Ils doivent non seulement tout à l’impérialiste mais aussi et surtout une allégeance totale. C’est dans ce contexte que le Premier ministre Alix-Didier Fils-Aimé est allé à Washington pour présenter à la direction du Département d’État la nécessité de le maintenir en poste, car il est le mieux placé pour défendre leurs intérêts dans le pays.
Il convient de noter tout de même que l’actuel Premier ministre n’a pas été choisi par le patron impérialiste ; c’est le Conseiller Présidentiel d’alors de la famille Lavalas, Leslie Voltaire, qui, après avoir limogé le pion américain Garry Conille, l’avait remplacé par cet outil jugé plus soumis et plus malléable par les oligarques. Les États-Unis n’étaient pas totalement mécontents, mais compte tenu de l’évolution de la situation politique, ils veulent bénéficier de certaines garanties sans aucune équivoque. Est-ce dans cet esprit que le Premier ministre est allé présenter son CV au patron afin d’être officiellement admis à l’entreprise et de faire en sorte que les revendications des capitalistes prévalent en toutes circonstances ? À cet égard, une contradiction réside dans le fait que l’actuel Président du Conseil Présidentiel, le Conseiller Fritz Alphonse Jean, souhaiterait maintenir le cap, même après la fin de son mandat de la présidence tournante arrivant à échéance le 7 août.
Son vœu est de continuer à défendre les positions des puissances impérialistes. Sa stratégie vise sans doute à empêcher le représentant du Secteur privé des affaires, le Conseiller Laurent Saint-Cyr, de conclure la mission du CPT, de peur que celui-ci et Fils-Aimé ne s’approprient les deux têtes du Pouvoir exécutif, avec pour objectif de rester aux affaires au-delà du 7 février 2026 avec la complicité des oligarques. Chacun sait que les seules propositions qui intéressent l’impérialisme sont celles des opportunistes au mépris des principes les plus élémentaires. Ce qui est certain, Washington ne misera pas sur les acteurs de la Cour de cassation car ce courant ne dispose pas d’un véritable rapport de force susceptible de l’imposer. De plus, les partisans de la Cour de cassation avancent à tâtons et, récemment, ils ont même voulu proposer Guy Philippe pour le poste de Premier ministre. Un acte de subordination qui aurait été une gifle pour les faiseurs de Roi à Washington.
D’ailleurs, un tel projet, en tout cas pour l’instant, ne fait pas partie de la réflexion des décideurs impérialistes. Pour autant, cela n’empêche pas l’impérialisme de chercher une autre alternative, un autre moyen plus acceptable de vendre au pays, d’ici la fin 2025, un autre cadeau empoisonné, vu que le projet de la CARICOM ne pourra pas se régénérer d’une part et d’autre part, l’OEA même en cas d’intervention militaire, ne disposerait pas non plus de beaucoup d’atouts. Dans ce cas, ce qui pourrait évidemment gêner l’impérialisme, c’est de ne pas trouver de solution adéquate de tromperie populaire à cette situation de régime antidémocratique de coup d’État permanent qui ne cesse de s’aggraver.
Le dilemme est de savoir quel courant politique utiliser pour maintenir le statu quo, dans la mesure où les Etats-Unis ont déjà épuisé toutes les réserves de la classe politique c’est-à-dire depuis les régimes de 1987 au CPT. On pourrait même dire que l’équipe n’a plus de remplaçants sur le banc de touche pour masquer la promesse de changement que cette classe propage. Il est un fait que la situation est désastreuse, et la lutte qui se joue ici vise à renforcer notre dépendance ! Jusque-là, tout va bien pour leurs intérêts, ils ne paniquent pas trop, car il n’existe aucune alternative valable, même parmi le secteur populaire soi-disant opposé au pouvoir des riches. En fait, il n’y a nulle part d’alternative concrète susceptible de remettre en cause les projets réactionnaires. Des propositions qui permettraient au peuple de prendre son destin en main, voire de lancer un mouvement pour dénoncer tous ces traîtres à la tête de l’État, ainsi que l’implication directe des pays impérialistes dans le génocide perpétré contre le peuple.
En réalité, cette politique désastreuse comme la destruction de l’éducation, le chômage, les problèmes de logement et de santé, est un projet impérialiste contre la population. Au journal, Haïti Liberté, nous disons simplement au peuple la vérité et les faits, c’est-à-dire, ce qui se passe ici n’est en aucun cas dans son intérêt. Il s’agit d’un arrangement entre la classe politique traditionnelle et les impérialistes pour convenir d’un autre projet de Transition, toujours contre les masses opprimées sans exception.
L’antagonisme entre les acteurs du pouvoir n’est pas le nôtre, mais le leur. Ce ne sont là que des acrobaties visant à renforcer le bien-être des mercenaires et à poursuivre l’exclusion du peuple de la scène politique. Ce qui se joue, c’est la poursuite du coup d’État permanent mené contre les masses haïtiennes depuis le parricide du Pont Rouge, le 17 octobre 1806.
Travailleurs, militants, jeunes étudiants, agriculteurs et artisans mobilisés de tous les coins du pays, le scandale au sein de l’Exécutif est une diversion pour détourner votre attention. La seule démarche que le peuple doit entreprendre est celle qui doit être dirigée contre les oligarques mafieux, les politicards révolus, les menteurs et tueurs à gages qui empêchent la vie de s’épanouir et la lumière de la vérité de briller dans le pays.
Notre devoir est d’affirmer clairement que nous voulons en finir avec ces marionnettes, nos ennemis de toujours. C’est aussi de signifier à cette classe politique, notamment ce Conseil Présidentiel de Transition et ce Premier ministre des riches d’arrêter le coup d’Etat infernal, ce système de régression sociale pour que le peuple se libère définitivement de l’exploitation capitaliste.