Ahmed M. Kathrada, militant d’origine indienne contre l’apartheid en Afrique du Sud (21 août 1929 – 28 mars 2017)

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Ahmed M. Kathrada, militant d’origine indienne contre l’apartheid en Afrique du Sud

Dans la longue lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, les noms des Noirs Nelson Mandela, Walter Sisulu restent gravés dans la mémoire. Mais il y a eu aussi des militants d’origine ethnique indienne qui ont rejoint le combat contre le racisme et l’oppression blanche parce qu’eux aussi étaient victimes des pratiques discriminatoires éhontées des Blancs. Ahmed M. Kathrada est l’un de ces combattants, un vétéran de la lutte de libération sud-africaine .

Ahmed Mohamed “Kathy” Kathrada est né le 21 août 1929, de parents immigrants indiens à Schweizer Reneke, une petite ville du Western Transvaal (maintenant la province de Gauteng). Alors qu’il était à l’école secondaire indienne de Johannesburg, il a été influencé par le Dr Yusuf Dadoo et les frères Cachalia, leaders du mouvement de la liberté. Son travail politique a commencé en 1941, à l’âge de 12 ans lorsqu’il a rejoint la Ligue de la Jeunesse Communiste d’Afrique du Sud et pendant la Seconde Guerre mondiale, il a été impliqué dans la campagne anti-guerre du Front Uni Non-Européen.

À l’âge de 17 ans, il a quitté l’école pour travailler à plein temps dans les bureaux du Conseil de résistance passive de Transvaal. À l’époque, en 1946, le Congrès de l’Inde sud-africaine avait lancé le Mouvement de résistance passive contre la Loi sur la tenure foncière asiatique et la représentation des Indiens, communément appelée «Loi sur le ghetto». La Loi visait à donner aux Indiens une représentation politique limitée et à définir les domaines dans lesquels les Indiens pouvaient vivre, commercer et posséder des terres. Il y eut une vigoureuse opposition à cette loi. Kathrada a été l’un des 2000 volontaires emprisonnés durant cette campagne et a écopé d’un mois dans une prison de Durban avec d’autres résistants radicaux tels que Monty Naicker, le Dr Yusuf Dadoo, le Dr Goonam, George Singh, Mme Gool, M D Naidoo et d’autres. Ce fut son premier emprisonnement pour désobéissance civile. Kathrada fut un membre fondateur du Transvaal Indian Volunteer Corps et de son successeur, le Transvaal Indian Youth Congress.

En tant qu’étudiant à l’Université des Witwatersrand et président du Congrès de la jeunesse indienne du Transvaal, Kathrada a assisté au Festival mondial de la jeunesse à Berlin en 1951. Il a été élu chef de la grande délégation sud-africaine multiraciale. Il est resté à l’étranger pour assister à un Congrès des étudiants de l’Union internationale à Varsovie, en Pologne, et c’est lors de cette visite qu’il a visité les camps de concentration d’Auschwitz, ce qui l’a incité à l’urgence d’éradiquer le racisme en Afrique du Sud. Il a finalement voyagé à Budapest et a travaillé au siège de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique pendant neuf mois.

Au fur et à mesure que l’alliance entre les Congrès africains et indiens se développait, Kathrada était en contact étroit avec Nelson Mandela, Walter Sisulu, J.B Marks et d’autres dirigeants africains. La signature du pacte Dadoo-Naicker-Xuma en 1947 a renforcé l’Alliance, qui comprenait le Congrès national africain et le Congrès indien sud-africain. Kathrada a travaillé sans relâche pour promouvoir l’action conjointe en tant que chef du Comité d’action pour les jeunes qui coordonnait les sections des jeunes des Congrès africains, indiens et autres.

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En 1952, ‘Kathy’ a aidé à organiser la «Campagne de défiance contre les lois injustes», lancée conjointement par le Congrès national africain et le Congrès indien d’Afrique du Sud. La campagne Defiance a visé six lois injustes en matière d’apartheid, dont les lois sur ‘‘les passages’’, les règlements sur la limitation des stocks, la Loi sur les zones de groupe, la représentation distincte de la Loi sur les électeurs, la Loi sur la répression du communisme et la Loi sur les autorités de Bantu. Le gouvernement a été alors appelé à abroger ces lois avant le 29 février 1952. À défaut de cela, le Congrès national africain et le Congrès sud-africain indien devaient lancer une campagne conjointe de Défiance. En 1953, Kathrada fut élu au niveau du Comité exécutif de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique.

Kathrada faisait partie d’un groupe de vingt fonctionnaires chargés d’organiser la campagne de défiance. Ils ont été condamnés à une peine de neuf mois de prison. En 1954, il a été interdit d’assister à tout rassemblement et de participer aux activités de 39 organisations. Ces interdictions ont réduit sa participation globale à la politique, mais il n’en faisait pas moins.

En 1955, lorsque les écoles indiennes de Johannesburg ont été déplacées de la ville vers un endroit reculé, Lenasia, à environ 22 milles, il a aidé à organiser l’Association des parents de l’école secondaire indienne centrale (desservant une école privée établie pour combattre la Loi sur les zones de groupe). Il en a été dûment élu secrétaire. Dans la même année, il a aidé à organiser le «Congrès du peuple» multiracial, qui a proclamé la «Charte de la liberté», un document de politique de l’Alliance.

Kathrada a été arrêté pour ‘‘trahison’’ en décembre 1956. 156 dirigeants du mouvement de la liberté ont été arrêtés. Le procès a duré de 1957 à mars 1961, mais Kathrada a néanmoins continué ses activités politiques. Finalement, les 156 leaders ont été jugés non coupables. Kathrada fut assigné à rester dans la région de Johannesburg en 1957, et à la suite du massacre de Sharpeville en 1960, il a été détenu durant cinq mois pendant l’état d’urgence. En 1961, il a été arrêté pour avoir été membre d’un comité de grève qui s’est opposé au plan du premier ministre Hendrik Verwoer de faire de l’Afrique du Sud une république.

En décembre 1962, ‘Kathy’ a été placé en résidence surveillée 13 heures par jour. Ce qui ne l’a pas empêché de continuer à assister à des réunions secrètes à Rivonia, le siège clandestin du Congrès national africain. C’est là qu’il a été arrêté avec d’autres dirigeants du mouvement en juillet 1963. C’était sa 18è arrestation pour  raisons politiques. Bien qu’il n’était plus membre du Commandement régional MK, il a été jugé avec Nelson Mandela, Walter Sisulu, Govan Mbeki, Dennis Goldberg et d’autres dirigeants et a été condamné à la réclusion à perpétuité en juin 1964. Ils ont été accusés d’organiser et de diriger Umkhonto We Sizwe (‘Lance de la nation’), l’aile militaire du Congrès national africain. Ils ont été reconnus coupables de commettre des actes spécifiques de sabotage. À l’âge de 34 ans, en 1964, il a été condamné à la réclusion à perpétuité sur Robben Island où il a passé les 18 années suivantes avec ses collègues dans la section d’isolement de cette prison de haute sécurité. En octobre 1982, il a été transféré à la prison de haute sécurité de Pollsmoor à Cape Town où il a rejoint Mandela, Sisulu, Mhlaba et Mlangeni qui y avaient été transférés quelques mois auparavant. Il a été libéré le 15 octobre 1989, à l’âge de 60 ans. À sa sortie, il a été reçu en héros dans Soweto où il s’est adressé à une foule de 5 000 personnes. Kathrada a alors fait cette remarque: «Je n’avais jamais rêvé d’atteindre un tel statut».       Sechaba, l’organe du Congrès national africain, décrit un ‘Kathy’ «brave comme un lion» et «absolument sans peur». Walter Sisulu a écrit de lui: « Kathy était un monument de force et une source d’inspiration pour de nombreux prisonniers, jeunes et vieux ». Il a poursuivi ses études universitaires en prison et a obtenu une licence en Histoire et Criminologie. Il a ensuite eu deux licences de l’Université de l’Afrique du Sud, l’une en politique africaine et l’autre en histoire. En outre, il a reçu quatre diplômes honorifiques, dont l’un de l’université du Missouri. La plus haute distinction possible de l’ANC, le Prix Isitwalandwe lui a été décerné alors qu’il était en prison.     Après la levée de l’interdiction de l’ANC en février 1990, Ahmed Kathrada entre au comité de direction intérimaire de l’ANC et du parti communiste sud-africain. Il démissionne de cette dernière position après avoir été élu membre du Comité exécutif national de l’ANC en juillet 1991. Il est alors nommé à la direction des relations publiques de l’ANC.

Lors des premières élections sud-africaines non raciales au suffrage universel en avril 1994, Kathrada est élu député de l’ANC. En septembre 1994, il est nommé conseiller politique de Nelson Mandela, le premier président noir du pays. Parallèlement, il est nommé administrateur du musée de Robben Island (fonction qu’il exercera jusqu’en 2006).En juin 1999 il se retire de la vie politique parlementaire.                                                                                                                                       Ahmed Kathrada décède le 28 mars 2017 à l’âge de 87 ans.

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