La situation nationale est loin d’être simplement désastreuse, hélas! Catastrophique, tant qu’elle est piégée et trouve davantage d’appui dans les classes moyennes que conspirent encore, les pègres qui veulent continuer à faire coûte que coûte leur beurre grâce à la présence de la force d’occupation : la Minustah !
On ne peut cacher qu’une profonde inquiétude continue d’agiter l’opinion haïtienne. On la constate à tous les niveaux et dans tous les milieux ; sauf que les derniers événements saillants sont relatifs non seulement au grand retour de l’insécurité, mais également à ce que prépare le gouvernement actuel à l’encontre du peuple et du pays en général ; ce qui prouve que le silence des partis politiques traditionnels est un silence complice qui ne fait que tout cautionner.
Pour ce qui est du cas particulier des syndicats d’ouvriers de la sous-traitance qui revendiquaient un salaire de 800 gourdes, tout semble se diriger vers une imposture bien que des conditions objectives nettes et claires d’une lutte populaire aient été réunies pour forcer le patronat et le pouvoir. Les manifestations ouvrières ouvraient de nouvelles perspectives tout en prenant de jour en jour de nouvelles proportions. Malheureusement la conscience politique et idéologique de ces acteurs n’était pas au rendez-vous.
Les syndicats et les ouvriers recueillent maintenant les fruits amers de leur aventureux pari de dialogue. Il s’agissait de ne plus se reposer sur la petite-bourgeoise intellectuelle et réformiste qui toujours se complaît dans un illusoire dialogue pour se faire accepter par l’oligarchie réactionnaire. Il ne s’agissait point pour eux de combattre le système d’exploitation éhonté dans lequel vit le peuple, de sorte qu’on ose mettre en place des structures nouvelles et forger un instrument de lutte pour garantir une action efficace pour la libération et le changement constructifs à savoir : sortir de la banlieue de l’impérialisme, sortir de son orbite, édifier une nouvelle économie nationale planifiée qui permet un développement harmonieux de la société.
Il s’agissait de ne plus se reposer sur la petite-bourgeoise intellectuelle et réformiste qui toujours se complaît dans un illusoire dialogue pour se faire accepter par l’oligarchie réactionnaire.
Si le pays possédait de vrais partis politiques qui s’identifient réellement aux aspirations et aux idées de changement des masses défavorisées, cette mobilisation ne saurait avoir été banalisée de la sorte pour finir comme un simple défilé carnavalesque. Les ouvriers doivent apprendre et comprendre que seul un pouvoir populaire, progressiste et révolutionnaire peut parler leur langage, collaborer et dialoguer avec eux. Autrement tout dialogue finira comme vient de l’expérimenter le syndicaliste Dominique Saint-Éloi « Au lieu d’entamer le dialogue, les patrons préfèrent nous déclarer la guerre »
Une leçon que le peuple haïtien se doit de méditer et de ne jamais oublier : Tout mouvement visant le changement a besoin d’une énergie créatrice et motrice qui l’oriente et assure sa pérennité.
Nous du journal, Haïti Liberté, bien que nous sommes déçus, nous n’avons pas été surpris, puisque nous savons que la route prise, celle de négocier avec les patrons et le gouvernement, s’acheminait vers une imposture et qu’elle n’aboutirait à rien en faveur des masses laborieuses. C’est irréaliste de penser que les riches vont dialoguer avec les pauvres pour partager leurs richesses avec les infortunés. Au contraire, ils profitent du dialogue pour renforcer sans cesse leur appareil de pires exactions. En tout cas, c’est toujours l’invraisemblable imbroglio politique qui s’exhibe.
De jour en jour, il devient beaucoup plus clair que l’ennemi ne nous accordera rien sans une lutte constante pour le mettre en déroute. Ce combat est celui des peuples exploités, trompés comme il est nôtre et nous le mènerons jusqu’à ce que disparaissent de la scène politique ces opportunistes de tout acabit, ces hommes liges des multinationales que l’on retrouve tout le temps à se prostituer dans les corridors diplomatiques.
Sans merci pour les sentiments de quiconque, notre vocation est de dénoncer l’exploitation et la répression partout où elles existent d’autant que nous n’avons aucune pitié pour les opportunistes si ce n’est que démasquer tous leurs défauts qui sont du reste la cause de l’inefficacité de la lutte du peuple haïtien.
Notre ligne politique n’est pas celle des caméléons qui changent de couleur à chaque saison, qui agissent comme un produit dont le prix est à négocier sur le marché de la politique politicienne. Pour ceux qui l’ignorent encore, sachez que l’adhésion et l’attachement de Haïti Liberté à la politique anti-impérialiste ne changeront jamais ni au gré du vent, ni au gré du temps.