Dimanche matin 12 mars 2017, des groupes de Rara ainsi nommés: La Méprise, Saint François et Radem manifestaient à l’occasion du Carême. Ces bandes se rejoignent à pareil moment chaque année dans la localité de Mapou dans le cadre d’une grande festivité populaire de «rara». Emportés par la musique, le tam tam, les chants et les vaksin, les gens ne pensaient plus à rien, même pas à eux, seulement qu’au plaisir jusqu’à cette heure avancée soit peu avant l’aube.
Tout à coup, arriva un autobus de transport en commun en provenance du Cap-Haitien, il sema la consternation, la panique, gâtant le plaisir des fêtards qui ne demandèrent pas trop pour vivre qu’un minimum de sécurité. Ce qui est arrivé aux Gonaïves, la cité de l’indépendance, la troisième ville du pays est le résultat concret d’un pays dont l’Etat ne se soucie guère de sa population.
Tout comme le Carnaval, les bandes de raras relèvent de la Culture du pays ; pourquoi ils n’ont pas été réglementés ? Tout comme les groupes Carnavalesques, les raras devraient également être accompagnés par des policiers assurant leur sécurité et également le maintien du trafic.
L’état haïtien, particulièrement les autorités locales à savoir le directeur départemental de la police de l’Artibonite, Bornélus Jean Bazelaire, les députés et sénateurs, le délégué, casecs et asecs, tous les potentats et autorités de la zone sont responsables de cet acte de négligence. Ce n’est pas la population qui établit ses propres règles au profit de l’Etat ; mais c’est à l’Etat de mettre des règlements pour s’assurer de la bonne marche du pays et de plus rassurer de la sécurité du peuple en tout lieu.
Tout récemment lors du dernier Carnaval, l’ancien président du pays Michel Joseph Martelly n’a-t-il pas choisi de continuer le défilé de son char jusqu’à une heure avancée de la journée du Mercredi des Cendres. Et jusqu’à présent aucune instance de l’Etat, s’il y en a un, ne l’a rappelé ni à l’ordre ni à lui faire payer aucune amende pour désordre social. Imaginez, s il y avait un accident pareil à celui des Gonaïves en ce moment là aux Cayes ? Qui serait responsable ?
Quel est le rôle de certaines instances dans le pays comme par exemple la protection civile pour le haut Artibonite et son coordonateur Faustin Joseph ? Ce n’est pas suffisant pour ne pas dire inutile quand des agents de la PNH dans la région s’étaient hâtés de se rendre sur les lieux pour rétablir l’ordre, et les autorités judiciaires ont ordonné de procéder aux transports des cadavres vers les morgues. Le rôle de l’Etat est d’éviter que le malheur arrive, en sorte de protéger la population contre toute sorte de danger ; mais ce n’est pas être absent puis se présenter comme secouriste après que le mal a été fait.
34 personnes ont perdu leur vie sur place ; tandis que parmi les 17 blessés, 4 d’entre eux n’ont pas pu survivre. Le président Jovenel Moise pour sa part n’a fait qu’exprimer sa tristesse comme à l’accoutumée ont fait ses différents prédécesseurs, sans pour autant offrir une alternative afin que ces accidents ne se répètent plus. Il s’est dit « consterné par cet accident et a transmis au nom de l’ensemble du Gouvernement, ses sincères condoléances aux familles et proches des victimes de ce drame de trop sur nos routes nationales »
Selon ce qu’a rapporté Marie-Alta Jean Baptiste, directrice de la Protection civile haïtienne à l’AFP « Le bus avait d’abord heurté deux piétons, faisant un mort et un blessé puis en s’enfuyant, il s’est alors retrouvé face aux bandes de rara, il s’est enfoncé sur la foule et a tué instantanément 34 personnes »
Ce chauffeur doit être retrouvé le plus vite possible afin qu’il explique les motivations qui l’ont poussé à ne pas s’arrêter dès le premier accident et à se sauver (car c’est bien le cas) jusqu’à aggraver l’accident en prenant la vie de plusieurs autres personnes. Et c’est alors qu’il décida à arrêter le bus pour aller se cacher quelque part. Deux situations de meurtre en l’espace de quelques instants ne peuvent pas être catégorisées comme un simple accident. Il se pourrait que le chauffeur agisse en pleine conviction et volonté contre les pauvres paysans. Il faudrait comme le souhaite Jovenel Moise « l’ouverture d’une enquête au plus vite pour faire la lumière sur cette tragédie » Mais que ce soit une enquête sérieuse pas pour faire oublier l’affaire jusqu’à la prochaine tragédie.