A l’exception de la chaîne CNN qui avait annoncé qu’une rançon avait été payée aux ravisseurs des «400 Mawozo», sans mention d’aucun montant ou du procédé utilisé, il ne fait pas l’ombre d’un doute qu’il y a eu une quelconque négociation débouchant dans un premier temps, fin novembre, sur la libération de deux otages suivie de trois autres au début de ce mois jusqu’à la libération totale des 12 restants dans la nuit du 15 au 16 décembre 2021.
Tout au début de l’enlèvement des 16 missionnaires américains et d’un Canadien en Haïti, de l’association protestante Christian Aid Ministries (CAM), le samedi 16 octobre 2021, le gouvernement américain par la filière du secrétaire d’État des États-Unis, Antony Blinken, avait déclaré à ce sujet « Nous ferons tout notre possible pour résoudre cette situation ». Tout en indiquant qu’une équipe d’enlèvement du FBI maintenait le contact avec l’Église à laquelle appartiennent les missionnaires capturés et avec la Police nationale haïtienne. Après, ce fut le silence total, jusqu’à pousser des gens à mettre en doute même cet acte de kidnapping.
Lors de la conférence de presse au siège du groupe à Millersburg, dans l’Ohio, le 20 décembre 2021, le directeur de Christian Aid Ministries, David Trouyer, a fait preuve d’une grave et honteuse contradiction dans ses déclarations. Écoutez : « D’autres personnes qui cherchaient à nous aider ont fourni des fonds pour payer une rançon et permettre au processus de négociation de se poursuivre», avait indiqué David Troyer pour ajouter ensuite « Après de nombreux jours d’attente et d’inaction de la part des ravisseurs, Dieu a agi de manière miraculeuse pour permettre aux otages de s’échapper ». Ah oui ! Il fallait penser à ce « Dieu de clémence, ô Dieu vainqueur ».
Weston Showalter, un porte-parole de la congrégation missionnaire basé dans l’Ohio, lors d’une conférence de presse virtuelle, a expliqué que le groupe de 12 otages (1 bébé de 10 mois, 1 garçon de trois ans 2 adolescents, 5 hommes et 3 femmes) avait réussi à déjouer la surveillance de leurs gardes dans la nuit du 15 au 16 décembre après avoir planifié plusieurs tentatives d’évasion infructueuses pour s’échapper. Dieu ne l’avait pas encore voulu, c’est clair… Et la police haïtienne d’ajouter que les douze derniers otages avaient été retrouvés à Morne-à-Cabris, au Nord de Port-au-Prince. « Nous confirmons la libération des 12 personnes qui restaient otage » avait pourtant souligné l’inspecteur Divisionnaire, Garry Desrosiers, Porte-parole de la Police Nationale d’Haïti (PNH).
A qui profite un tel récit ? « Quand ils ont senti que le moment était venu, ils ont trouvé un moyen d’ouvrir la porte qui était fermée et bloquée […] et ont quitté l’endroit où ils étaient détenus […] évitant de nombreux gardes […] ils avaient enveloppé le bébé dans des vêtements pour le protéger des ronces épineuses alors qu’ils traversaient en silence en terrain difficile […] le groupe a voyagé en direction d’une montagne qu’ils avaient vue quelques jours plus tôt, en se servant des étoiles pour se guider » ils ont marchés des heures en territoire de gangs pendant peut-être 15 km à travers bois et buisson dans le noir, à l’aube ils ont trouvé une personne qui les a aidés à passer un appel et à demander de l’aide aux autorités » a déclaré ému Showalter « Ils étaient enfin libres. »
Ce Dieu qui a libéré les otages américains, pourquoi ne l’a-t-il pas fait pour les haïtiens enlevés par ce même groupe de ravisseurs qui leur demandent une fortune pour les libérer ? Le département d’État étasunien lui-même n’a pas jugé bon de remercier Dieu, le jeudi 16 décembre 2021, quel malheur ! Pourtant, les partenaires haïtiens et internationaux ont eu droit à des remerciements « pour avoir aidé à faciliter la libération des otages en toute sécurité ».
Ce montage est le propre des laboratoires de mensonges des experts américains pour tromper la vigilance des naïfs. A aucun moment de la durée de cet enlèvement, l’ambassade américaine, qui n’a jamais besoin d’invitation pour intervenir dans les dossiers du pays, n’a jamais critiqué les ravisseurs, et ne leur a jamais fait aucune menace non plus. Les noms des ravisseurs avec lesquels il y a eu des négociations restent un secret d’Etat. Nom de Dieu ! On nous prend pour des canards sauvages.
Quelle leçon à tirer de ce scenario cousu de fil blanc ? Pour Washington, il ne vaut pas la peine d’aider le peuple haïtien à sortir de ses mille malheurs et misères. Par contre, il préfère collaborer avec des ravisseurs et nous laisser vivre avec les maux qui rongent, déstabilisent le pays ; ce qui d’une certaine manière fait leur affaire sinon leur bonheur.
Washington n’a aucun intérêt à interférer dans nos malheurs. Disons que s’il s’agissait d’une élection pour que le peuple choisisse des candidats pouvant l’aider à sortir du carcan de sous-développement, à être le guide de la destinée de son pays, il ne resterait pas les bras croisés ni ne ferait appel à Dieu. Il interviendrait catégoriquement et même militairement pour nous imposer ses quatre volontés.
Les otages ne se sont pas échappés, ils ont bel et bien été libérés suite aux négociations en catimini avec de criminels ravisseurs. Pauvres Haïtiens actuellement aux mains de ravisseurs ou qui le seront ! Si près de l’ambassade américaine et si loin de Dieu…