Ce qui n’est pas surprenant dans cet événement de la honte que représentent les élections présidentielles et législatives du dimanche 20 novembre dernier, c’est du fait que l’idéologie classique, à dessein cachée et inavouée, a été diffusée à dose intensive pour appeler l’opinion nationale à se mobiliser au nom des valeurs d’indignité, du déshonneur et de l’écœurant en cours au pays. Un scandale à mille lieux de l’aube d’une ère nouvelle pour les masses haïtiennes exploitées et abandonnées à leur sort.
Comme c’est toujours l’aspect final, le résultat qui compte pour eux, c’est avec une attitude complice que tous les promoteurs se sont montrés relativement satisfaits du déroulement des élections. Tout cela agrémenté des commentateurs de la presse bourgeoise et opportuniste qui applaudissent des deux mains la réussite tout à fait pacifique dans le calme et sans incident majeur des élections. Certes, il faut le dire, ils avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir en ne négligeant aucun effort pour affaiblir leur ennemi commun : le peuple haïtien. Qu’à cela ne tienne, puisque les fidèles de l’impérialisme n’ont récolté qu’un faible taux de participation, soit 23% d’électeurs au scrutin.
C’est la défaite des classes bourgeoises de la droite et de l’extrême droite qui avaient placé tous leurs espoirs en ces joutes ; convaincues par leurs accointances avec les chancelleries occidentales qu’elles allaient réussir à servir beaucoup mieux comme laquais internationaux au lieu de l’autre. Toute leur concurrence électorale était simplement basée sur cette qualification : qui est le plus dévoué à servir les causes du capitalisme mondial et de son chef de file les Etats-Unis ? Déjà, les spéculations vont bon train et il y en a même qui ont pris les rues, pour manifester leur soumission, leur allégeance, suppliant même qu’ils peuvent mieux servir.
C’est également la défaite de l’impérialisme américain en particulier qui oblige à miser sur les masses populaires en vue d’imposer leur agent le plus fidèle, l’exécutant le plus déterminé entre les candidats à la présidence Jovenel Moise, Maryse Narcisse, Jude Célestin, Moise Jean-Charles, Jean-Henry Céant, Edmonde Supplice Beauzile pour ne citer que ceux-là.
Désormais, par cette réponse électorale, il reste clairement défini que le peuple n’a pas faim d’élections. Au contraire, comme il en a déjà eu trop dans le passé, il a tout bonnement boudé cette dernière et l’a même vomie par son abstention. Dès lors, le message ne peut être plus clair et significatif. Le peuple n’a pas soif d’élections, mais bien d’une alternative de transformation sociale. Les masses populaires n’ont pas suivi les mots d’ordre des réformistes qui ne sont autres que des alliés naturels des grandes puissances exploiteuses. Ces hommes et femmes liges sans courage, sans colonne vertébrale, rampant en tout temps dans les différentes ambassades. Cette victoire populaire et l’exemple qu’elle constitue doivent donner un nouvel élan aux luttes populaires et ouvrières qui pourraient faire trembler sur leurs trônes les valets de l’impérialisme.
Il n’y a pas d’illusions dans ce message. L’avenir du pays aspire à un changement fondamental. Il faut une nouvelle génération d’hommes, de femmes révolutionnaires et de militants sincères au sein des couches défavorisées et conscientes, pour venir à bout de toutes ces méprises.
Le peuple est clair. À chaque fois, il rejette les illusions électorales, et nous dit qu’une politique allant au-delà de l’électoralisme ouvrant effectivement la voie à la transformation de la société est possible puisque les conditions objectives sont longtemps déjà amplement réunies, elles sont vivantes et crues. Bref, à l’ordre du jour, seules nous manquent encore les conditions subjectives à savoir des organisations sincèrement favorables pour faire front contre les forces insatiables non seulement dans la résistance ; mais dans une guerre de libération nationale pour la prise du pouvoir révolutionnairement.
Aucune équivoque, aucune ambigüité, aucun doute n’est plus possible. L’offensive savamment déclenchée par les masses populaires ne laisse-t-elle pas entrevoir la possibilité d’un changement éventuel de sorte que nous mettions un terme au changement des chefs d’orchestre alors, jouant une musique toujours à la même partition.
Laissons les caudataires à leurs flatteries et à leurs tours de passe-passe électoral. Ce n’est qu’en créant un vaste mouvement de masse organisé qu’on peut véritablement prendre et défendre le pouvoir.
Haiti Liberté Vol 10 # 20