A quand la fin de la bamboche ?

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Désormais, une ambiance de révolte règne dans le pays. En l’espace de quelques jours, il est indéniable que la configuration politique a complètement changé, présentant par ainsi  l’image d’un bateau en voie de couler.  La vie politique toute entière est actuellement dominée par la perspective d’une quelconque transition le 7 février 2016. Ainsi, dans la tentative de combler le vide présidentiel, de nombreuses propositions de sortie de crise, d’ailleurs seulement cosmétiques, sont en train de surgir dans  le paysage politique ; certaines moins sinistres et moins macabres que les autres ; sauf qu’elles ne visent pas plus qu’à hériter du régime corrompu déchu.

Il a fallu le spectaculaire revirement du CEP et du pouvoir pour que le peuple réagisse aussi spectaculairement, gagne les rues en masse et bouleverse le rapport de forces, montrant ainsi qu’il n’a de leçons à recevoir de quiconque. A première vue, le report sine die du second tour fixé au 24 Janvier représente bien une importante défaite de l’impérialisme, une reculade montrant que l’Occident n’est qu’un chêne qui peut certainement se rompre sous l’action de la bourrasque populaire.  En ce sens, pourvu que nous nous organisions en la circonstance, avec célérité mais à tête reposée, de sorte que la pression populaire soit puissante et continue, nous pourrons atteindre des résultats beaucoup plus importants et significatifs.

A la faveur de cette victoire incomplète, les forces progressistes et populaires doivent continuer  la mobilisation afin que le peuple soit le moteur des forces décisives dans les changements à venir. Cette crise est à mettre en rapport avec les luttes d’intérêts pour notre souveraineté, vu la réalité de la vie sous occupation.  Or, que devrait être notre première attitude  contre les forces occupantes sinon résister par tous les moyens, comme l’avaient fait nos ancêtres cacos.

Dans la perspective de cette nouvelle phase qui s’annonce le 7 février, déjà l’on se livre à toutes sortes d’acrobaties pour récupérer l’élan revendicateur de la population. Et comme les habitudes ont la vie tenace en Haïti, il est hasardeux de se livrer à des pronostics sur l’évolution d’une situation qui pourrait à tout moment réserver encore non seulement des surprises, mais des revirements.

A ce stade, il convient d’être prudent de sorte que tout ce que trament les politiciens autour de nous n’ait pour but que de nous détourner de nos véritables objectifs. Le peuple ne doit pas laisser libre cours à certains dirigeants politiques, éléments du même sérail que le pouvoir agonisant, puisque ayant été allaités aux mêmes mamelles politiques et idéologiques que le régime actuel auquel ils prétendent s’opposer.

Rien cependant n’est encore joué, quand ces partis n’ont aujourd’hui qu’une seule préoccupation : survivre pour continuer le processus électoral.

Comment peut-on bâtir le régime de demain sur une base déjà toute corrompue ?  Attention à ce que Washington ne profite de ce répit pour nous imposer une autre formule susceptible de perpétuer sa domination ! Pourquoi ne pas battre le fer, alors qu’il est encore chaud, en exigeant l’annulation totale des élections truquées et frauduleuses du 9 août et du 25 octobre 2015, tout comme le départ des forces d’occupation de la Minustah qui ont été des conseillers immédiats de ce régime dans toutes ces dérives ?

Il ne suffit pas de « Compléter le processus électoral conformément aux recommandations de la commission d’enquête électorale » comme l’indique le G8. Il incombe aux forces progressistes et démocratiques – et c’est là leur responsabilité première – de transformer la situation à l’avantage du peuple, afin que cinq ans plus tard nous n’ayons  pas à faire face à ces mêmes traquenards politiques. Il ne s’agit pas d’une simple survie ou d’une correction électorale, il est plutôt question d’aller jusqu’au bout des revendications populaires pour la mise en place d’une société nouvelle et socialement juste. Il s’agit avant tout d’un processus de démocratisation pour lequel nous devrons œuvrer à un niveau très différent de tout ce que nous avons connu jusqu’ici.  Alors, seule l’instauration d’une justice sociale véritable favorisera et affranchira la majorité des masses haïtiennes.

Il nous faut  profiter de réduire cette mentalité de mercenaires et de laquais des puissances impérialistes en cendres, de sorte sur ces cendres  naisse une autre société haïtienne, capable de régénérer des hommes nouveaux, de cadres compétents et intègres, de notoriété publique avec des idées progressistes. Ne pas aller vers ce renouveau politique, c’est cautionner  les nouveaux dirigeants qui seront inévitablement des prochains comptables de tant de corruption, de trahison, de déviation et même de répression à l’égard du peuple.  Alors, ce serait du pareil au même, blanc bonnet, bonnet blanc

Pour ne pas y arriver là, d’ores et déjà, le peuple doit arrêter cette bamboche « démocratique » qui se profile sur son dos. Car on l’a toujours constaté, les masses populaires qui ont toujours constitué le creuset des forces contestataires, sont toujours maintenues absentes des décisions politiques officielles. Aussi, le peuple doit veiller à ne pas se laisser indument coopter par des décideurs de la classe politique dont le but unique serait de se défaire du pouvoir en place pour simplement le remplacer par des éléments qui continueraient à servir les maitres impériaux, quitte à récupérer seulement quelques miettes du gâteau.

Un débat franc, ouvert, dépassant l’esprit de chapelle pour une action résolue de sauvegarde et de libération  nationales doit être l’impératif nécessaire et indispensable. Autrement, hâter la fin du mandat de Martelly et barrer la route à son dauphin Jovenel Moise qui viendrait continuer son  œuvre n’auront aucune signification politique,  si ce n’est que jeter de la poudre aux yeux du peuple.

Berthony Dupont Volume: 9 • No. 29 • Du 27 Janvier au 2 Février 2016

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