Moisson incertaine pour Youri Latortue !

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Bien avant la fin de  mandat du Président Michel Martelly, le peuple haïtien dans sa majorité était tout à fait favorable à l’idée d’une commission d’audit pour enquêter sur la gestion de son administration. Alors qu’il réclamait à cor et à cri qu’une instance du pays prenne des mesures urgentes allant dans ce sens, Privert, lui, avait affirmé le 2 mars qu’ « Il n’y aura pas de commission spéciale pour auditer l’administration de Martelly ». « Je suis un homme d’institution. Je reste attaché à ce que la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif, l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) et l’Unité centrale de renseignements financiers (UCREF) soient les institutions autorisées et mandatées pour faire l’audit de l’ancienne administration » avait-il ajouté.  Mais, voilà qu’au grand étonnement de plus d’un, on a un jour appris qu’au Parlement une Commission éthique et anti-corruption voyait le jour, présidée au Sénat par l’ancien conseiller de Martelly,  le sénateur de l’Artibonite Youri Latortue ; et à la chambre des députés par Jean René Lochard du PHTK.

La première remarque qu’on peut se faire lorsqu’on parle de cette commission d’enquête du Grand Corps  proprement dit, c’est qu’elle a choisi sa propre piste d’atterrissage à savoir « les fonds de Petro Caribe » ; mais quels principes fondamentaux l’ont guidée à se précipiter sur cette piste comme pour entamer un nouveau  procès de la Consolidation?  Il s’agit là, d’une initiative à deux visages, comme Janus.  Mais c’est aussi une expression d’élucidation qui peut être employée dans des sens différents. Et c’est là naturellement qu’elle pourrait être utilisée comme une source inévitable de confusion,  d’illusions et de déviations vers d’autres intérêts.

Bien que la dette de notre pays envers le Venezuela s’élève de nos jours à 2 milliards 278 millions 533 mille et 671 dollars américains, la réalité de ces faits dépasse nettement la fiction d’audit en cours. Ce n’est pas pour combattre l’association de malfaiteurs qui ont pillé et gaspillé les fonds de Petro Caribe au sein de l’administration publique, ni pour faire réellement la lumière sur certains événements de corruption et identifier toutes les responsables que cette Commission a été formée ; elle l’a été seulement pour donner l’illusion de pouvoir faire la lumière sur les extravagances dépensières et gaspilleuses du gouvernement Martelly.

Qui serait opposé à un combat contre la corruption ? A moins que ce ne soit pas l’idée d’un combat sans relâche pour empêcher que les mauvais instincts et les mauvaises herbes n’étouffent ce qui doit être développé et protégé. De même que  ce ne soit pas une lutte contre tout ce qui est négatif et pernicieux, esprit de lucre, laisser-aller, indiscipline, irresponsabilité, et dilapidation des caisses de l’État. Alors, en un mot le respect scrupuleux des biens de la collectivité devrait être la préoccupation de tous.

Il y a pire ! Le plan mis au point prévoyait d’adjoindre  tout particulièrement les masses populaires à un quelconque projet d’audit qui ne servira qu’à innocenter les mercenaires, pilleurs à gages authentiques au lieu de les condamner. Le plan conçu est de prendre ce train dilatoire pour faire échouer lamentablement tout véritable projet d’audit sur le régime tètkale, kaletèt.

Là l’on ne pourrait s’empêcher de poser la question rituelle : A qui profiterait réellement cette commission au Sénat ? Quand les démarches personnelles du sénateur Youri Latortue  pourraient fondamentalement servir à faire d’une pierre deux coups dans ce dossier épineux. Tout cela peut bien l’aider à poursuivre son offensive à travers ce  tissu de camouflage  spectaculairement exploité de sorte qu’il récolte un certain soutien de popularité et que le peuple lui décerne un brevet de champion dans sa lutte contre la corruption.

« Nous ne voulons pas laisser en héritage aux générations futures une dette insurmontable à payer » déclarent les membres de cette Commission. De vraies paroles de dupes !  Il est évident que le sénateur a d’autres visées politiques et ne veut que chercher à se refaire une virginité politique, à être un héros d’éthique et d’anti-corruption, de sorte qu’il efface,  si c’est possible, tous les actes qui ont entaché son itinéraire.

C’est tout ce qui explique la volonté, la fermeté, la détermination que déploie le président de la Commission dans l’accomplissement de cette lourde charge afin de redorer son blason et également pour détourner les vraies pistes,  masquer tout éclairage possible sur l’utilisation des fonds Petro Caribe depuis l’administration de l’ancien président René Préval pour mieux consolider les fantoches et les corrompus sur lesquels Latortue s’appuyait pour sauver sa peau.

C’est son droit de défendre son obligation de classe et de conscience.  Quant à nous, nous devons continuer à  protester contre cette iniquité politique, dénoncer d’emblée cette commission qui n’a aucun lien, ni  aucune  volonté de transformation de l’homme et de la société. Son rapport ne récoltera rien. Il sera tout bonnement enterré sans aucune légitimité ni crédibilité.

 

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