Haïti : Le mur et l’espoir qui vit encore

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De gauche à droite l’ambassadeur haïtien en République dominicaine, Smith Agustín, le président dominicain Luis Abinader et son ministre des Affaires Etrangères Roberto Álvarez,

La déclaration de l’ambassadeur d’Haïti à Saint-Domingue, Smith Agustín, soutenant la construction du mur à la frontière, montre que la refonte des méthodes de surveillance et de contrôle de légalité constitue un projet commun des secteurs dominants dans les deux pays.

La tutelle impérialiste est visible. Le président dominicain, Luis Abinader, n’élèverait pas le mur en désobéissant aux ordres de la puissance américaine et les groupes dirigeants des deux pays n’auraient pas conclu cet accord sans le parrainage des stratèges des grandes puissances.

Le ministre dominicain des Affaires étrangères, Roberto Álvarez, a rapporté au début de cette année que la société israélienne Advanced Defence Systems travaillait sur la conception du mur, qui est considéré comme une installation d’espionnage, de travail militaire et de travail de renseignement.

Les informations sur un investissement de plus de 100 millions de dollars et les détails secrets que le ministère de la Défense administre et gère, doté par Abinader au moyen d’un décret d’autorisation de faire des achats sans les soumettre à l’examen d’autres organisations, sont éloquents.

Aucune agence de renseignement américaine, israélienne, française ou canadienne n’a été signalée à participer. Tout cela se fait dans le dos du peuple.

Top secret ou secret absolu, comme celui que Hipólito Mejía (en tant que président) a promis de garder en 2003, lorsqu’il a déclaré qu’il avait conclu des accords importants avec les États-Unis sur la frontière, secrets non révélés par qui lui a succédé (Leonel Fernández) ou par Danilo Medina. Parlons-nous d’antécédents ? Il faudra attendre la déclassification de certains documents ou une infiltration spectaculaire pour le savoir.

Haïti et la réalité

Il n’y a de place sur aucun mur pour énumérer les plus de 2 200 Haïtiens qui sont morts à la suite du tremblement de terre du 14 août. Et le sort des plus de 15 000 blessés ne peut pas être écrit car pour compiler la chronique, une réalité aux multiples facettes doit être suivie. Mais le nom d’Haïti occupe les principaux espaces des sites d’information et d’Internet lorsqu’une catastrophe attire l’attention du monde ou lorsque le bilan des victimes d’une catastrophe s’alourdit.

La réalité est présentée dans des chiffres qui méritent à peine de commenter que plus de 60 pour cent de la population vit avec un revenu inférieur à 2 dollars par jour, plus des deux tiers de la population active est au chômage et le taux de mortalité infantile en 2019 ( un chiffre de la Banque mondiale), il dépassait 62 pour mille naissances vivantes.

Lorsqu’une catastrophe attire l’attention, détournée par l’inégalité, l’injustice et le pillage, des analystes de droite en Espagne, en France, en Amérique du Sud et en République dominicaine ajoutent des termes tels que « pays non viable » au nom d’Haïti, affirmant qu’il n’y a rien en Haïti qui pourraient intéresser les grandes puissances.

Ils se sont engagés à ne pas reconnaître comme non viable l’« ordre » mondial actuel, qui légalise la domination impériale, le pillage, les abus, l’exploitation et la surexploitation.

Des consortiums miniers ayant des intérêts dans les deux États de l’île déplacent leurs influences pour modifier les formes de contrôle de la « légalité ».

N’est-ce pas, peut-être, suffisamment documenté la richesse que le territoire haïtien garde dans ses entrailles ?

La génération actuelle et la génération précédente n’ont-elles pas assisté à la confluence en Haïti des grandes puissances impérialistes ? La situation géographique et la faiblesse institutionnelle se combinent pour l’exercice effronté et ouvert d’ingérence.

Avec des troupes étrangères, avec des forces d’occupation habillées en civil et avec l’arbitrage des grandes puissances, le crime organisé a eu une influence décisive en Haïti, occupant les principaux bureaux et contrôlant de grandes capitales. Ce n’est pas un secret.

Depuis la République dominicaine, les politiciens millionnaires et les groupes qui contrôlent les capitales de l’origine la plus discutable étendent à Haïti leur travail malpropre pour se présenter plus tard comme des entités solidaires.

Luis Abinader était le président au moment où il a été décidé de construire le mur frontalier que les groupes récalcitrants de la République dominicaine réclamaient depuis longtemps. Et il a pris la présentation comme son idée et celle de ses collaborateurs.

Le travail de laquais est sale, et il devient difficile de cacher cette condition.

La réalité politique d’Haïti est la continuité de celle qui existait avant le séisme et avant l’exécution du Président Jovenel Moïse. Et les hommes politiques (hommes d’État ou caricaturaux) de la République dominicaine et d’Haïti sont appelés à administrer la légalité réadaptée.

Le mur, cependant, est destiné à devenir un symbole d’union de ceux qui, des deux côtés de l’île, portent le sceau des illégaux depuis des décennies. L’ampleur, la force et le niveau de cohésion des futures mobilisations ne sont pas prévisibles.

Le ‘happy ending’ avec les élections et autres arguties de fausse légalité tirées par les stratèges impérialistes après l’exécution de Moïse est la composante souhaitée de la continuité en matière politique, mais il faut aussi mentionner les mobilisations dans les rues de Port-au-Prince avant l’exécution de Moïse. La continuité des luttes est, pour les agents de division, la composante indésirable.

Les stratèges et les politiciens préfèrent oublier qu’il existe une tradition de lutte des deux côtés de l’île.

L’espoir réside dans cette tradition… La légalité réadaptée rendra plus visible l’illégitimité de l’exercice politique des tenants du système. Ce seront eux qui ne trouveront pas refuge lorsque la force des peuples les expulsera d’une île qui tôt ou tard s’orientera vers l’équité et la justice.

 

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