
(English)
L‘Organisation des États Américains (OEA), une organisation régionale créée afin de maintenir parmi ses États membres, « un ordre de paix et de justice, de promouvoir leur solidarité, de renforcer leur collaboration et de défendre leur souveraineté, leur intégrité territoriale et leur indépendance » vient d’élaborer une feuille de route pour soi-disant lutter contre la crise humanitaire en Haïti.
Ce document, comme l’a précisé l’OEA dans un communiqué de presse, préparé lors de la première réunion du Groupe des amis d’Haïti, le 30 juillet dernier, à Washington sera bientôt présenté au Conseil permanent de cette organisation hémisphérique.
Parmi les organisations et les personnes ayant participé à cette réunion figuraient de hauts fonctionnaires et des représentants d’organisations internationales telles que la BID, le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MSS) et l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), entre autres. Selon nous, ce document devrait de préférence être baptisé de nouvelles propositions visant à placer Haïti sous tutelle internationale par l’intermédiaire de l’OEA.

Il est évident que l’OEA n’a jamais contribué à solutionner aucune crise, au contraire elle les alimente. Si l’OEA pouvait résoudre une quelconque crise, Haïti serait depuis belle lurette exempte de tout danger. Le vrai problème est que l’OEA en tant qu’organisation sous la coupe réglée des États-Unis, elle n’est pas indépendante de toutes les mauvaises actions de l’impérialisme américain dans le continent américain. En effet ce nouveau projet pour Haïti ne vise justement qu’à renforcer davantage une dépendance accrue du pays envers les États-Unis. Ce n’est pas sans raison qu’ils nous imposent des dirigeants dépourvus de conscience nationale, des individus placés pour obéir à ses ordres.
Les dirigeants actuels ne demandent pas mieux. Inféodés à la soumission impérialiste, ils ne peuvent rien décider à moins que les États-Unis ne leur en donnent l’ordre. Justement, ils sont ravis que la communauté internationale ne les abandonne pas. C’est sous cette dépendance qu’on veut tenir indéfiniment le pays.
L’exécutif haïtien en son entier regorge d’individus sans courage soit au sein du Conseil présidentiel de transition soit à la Primature. Ils ne peuvent même pas réfléchir voir questionner d’où vient la source de nos problèmes. Si ce n’est pas le pays qui nous déstabilise afin qu’il puisse toujours venir à notre rescousse. N’en parlons pas de la Représentante permanente d’Haïti auprès de l’OEA, Myrtha Désulmé, elle est l’illustration parfaite de la soumission du pays. A la réunion de la présentation du document du Groupe des amis d’Haïti, elle n’a fait qu’exposer la gravité de la situation humanitaire et sécuritaire à laquelle le pays est confronté et elle a appelé à une plus grande solidarité et à une action urgente de la communauté internationale. « Le gouvernement haïtien insiste pour dire aux amis d’Haïti que la restauration de la sécurité et de l’autorité de l’État sur tout le territoire, demeure une condition sine qua non pour la mise en œuvre d’un quelconque plan en faveur d’Haïti », a-t-elle déclaré dans son discours.
« Il nous faut aborder ces sujets sans complaisance et sans faux semblant. Il est indispensable que les pays et les institutions que vous représentez, prennent toute la mesure de la complexité, de la gravité et de l’urgence de la situation qui demande des actions rapides », a indiqué Myrtha Désulmé. Les dirigeants haïtiens sont tellement attachés à l’Internationale qu’ils n’ont aucune mémoire de leur duperie. Nous portons de nombreuses cicatrices du bluff de ces gens, il faut s’en souvenir et ne pas compter sur ces fausses promesses.

On n’a jamais entendu ces personnalités politiques du pays admettre que c’est notre dépendance qui nous ruine et nous tue. Elles n’ont pas cela dans leur pensée et dans ce contexte cette feuille de route est la bienvenue puisqu’elle se concentrera sur la stabilisation sécuritaire, la réponse humanitaire, le consensus politique, la légitimité électorale et le développement durable. C’est autour de ces 5 piliers que le Secrétaire général de l’Organisation des États Américains (OEA), Albert Ramdin, a présenté la feuille de route pour Haïti.
Ils estiment que 1 milliard, 300 millions de dollars américains seront nécessaires à la mise en œuvre de ce projet qui comprend certains piliers d’intervention. Selon notre analyse, c’est du déjà vu dans la mesure qu’elle s’apparente au cadre de coopération intérimaire de 2004 et aux démarches dilatoires de reconstruction après le séisme de 2010 qui avaient donné naissance à la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH).
Selon nous :
- La Réponse humanitaire, nécessitant 908,2 millions de dollars est floue et sujet à un point central de corruption. Rappelons que la CIRH de Bill Clinton avait consacré près de 10 milliards de dollars à la reconstruction de la zone métropolitaine dévastée en 2010 par le tremblement de terre du 12 janvier.
- La Stabilisation de la sécurité et consolidation de la paix en Haïti, nécessitant 96 millions de dollars, un montant relativement faible comparé au budget de fonctionnement de la Force multinationale de soutien à la sécurité (MMS), mais bien supérieur au budget combiné de la Police nationale haïtienne et des forces armées.
- Le Consensus politique et soutien à la gouvernance en Haïti, nécessitant 5,1 millions de dollars, une autre part du gâteau, comme ce fut le cas avec le Conseil Présidentiel de Transition, cette fois avec un président unique.
- Le Processus électoral et légitimité institutionnelle, pour un coût de 104,1 millions de dollars, ce qui signifie l’organisation d’élections comme par le passé et une prétendue réforme de la constitution.
Cette initiative de la communauté internationale visant à aider Haïti à résoudre la situation sécuritaire indique que « Toutes les actions doivent être fondées sur les priorités définies par Haïti et impliquer les institutions nationales, la société civile et les autorités locales afin de garantir leur légitimité, de renforcer la confiance civique et de promouvoir la durabilité.»
Par quel mécanisme Haïti définira-t-elle ses priorités ? Quelles institutions nationales seront représentées ? Quelle société civile ? Qui sont ces soi-disant autorités locales ? L’impérialisme américain ne peut plus agir comme il l’a souhaité par le passé et recherche la double formule si souvent utilisée en Haïti, génération après génération. La société civile a toujours été complice des plans politiques et économiques américains pour Haïti, plans qui ont conduit à la faillite de l’État haïtien au détriment des masses populaires et des travailleurs. Les personnalités éminentes de la CARICOM ont lamentablement échoué avec le Conseil présidentiel de transition haïtien (CPT). Les institutions nationales sont dysfonctionnelles et noyées dans le népotisme, l’inexpérience et la corruption. Les autorités locales et nationales sont toutes des agents intérimaires de la transition, choisis par la CARICOM après approbation du gouvernement américain, qui n’a aucune légitimité pour engager l’avenir de la nation dans une telle entreprise de tutelle, une nouvelle version de l’initiative d’Ottawa de 2003.
Le peuple haïtien doit se révolter pour renverser le Conseil présidentiel de neuf membres et ne pas se soumettre aux diktats des puissances capitalistes occidentales. Les progressistes doivent dire non à l’ingérence étrangère et combattre les opportunistes qui cherchent à exploiter la résistance des masses à des fins électorales. Il ne peut y avoir d’élections en Haïti dans ces conditions ; le temps est venu de mobiliser les masses populaires pour une transition authentique et disruptive. Telle que présentée, cette feuille de route préliminaire de l’Organisation des États américains (OEA) constitue une tentative de reconstitution du noyau dur et un guide idéal pour ne pas résoudre la crise en Haïti et perpétuer la misère des masses populaires.
La seule solution à la crise est la révolution socialiste du peuple par le peuple et pour le peuple. Rien d’autre!