ICE, Boulos et la justice haïtienne !

0
416
Boulos pourrait-il être un acteur, une star dans un film monté par l’impérialisme lié à l’immigration et à la sécurité nationale des États-Unis ?

Arrêté le 16 juillet 2025 en sa résidence privée de Miami par l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), une agence de douanes et de contrôle des frontières du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis, Pierre Reginald Boulos est actuellement incarcéré dans les prisons américaines. Il était initialement prévu que Boulos soit présenté le jeudi 31 juillet devant le magistrat Jorge Pereira, qui annoncerait sans doute les motifs de son arrestation et sa peine serait alors prononcée pour les faits qui lui sont reprochés.

Pierre Reginald Boulos

Le dimanche 27 juillet 2025, à la surprise générale, l’ICE a annoncé, dans une note rendue publique, que le prisonnier pourrait bientôt être expulsé vers Haïti, car, selon elle, Boulos aurait omis de déclarer son implication présumée dans une campagne de violence et son soutien à des gangs visant à déstabiliser Haïti. Depuis quand le gouvernement américain a-t-il pitié du peuple haïtien au point d’arrêter ses alliés ? D’habitude, le Département d’Etat a toujours scellé tout fichier pour ne pas compromettre ses instruments, ses hommes de main impliqués dans des actes criminels dans le pays.

L’ICE est-elle sérieuse ou est-ce un mensonge qu’elle concocte afin que le système corrompu continue à tromper le peuple haïtien ?

Un autre élément suscitant de sérieux doutes dans cette affaire est la déclaration du ministre de la Justice et de la Sécurité publique haïtien, Patrick Pélissier. Est-ce une coïncidence si le gouvernement, par la filière de ce ministère, a fait sortir une déclaration un jour après celle de l’ICE ?  Comment se fait-il que le ministère ait publié un tel document : l’adoption d’un protocole pour le traitement des dossiers de ressortissants haïtiens expulsés ou extradés pour crimes financiers ou complicité d’activités criminelles de groupes terroristes. Cela soulève un tas de questions, dans la mesure où c’est le Ministère le plus décrié du pays. Quelqu’un ne peut pas être ministre de la Justice sans faire partie de l’équipe des charognards corrompus vendant la justice aux plus offrants et surtout au détriment de la classe des masses exploitées,  et des laissés pour compte.

Le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Patrick Pélissier

Après tout, la note de l’ICE paraissait très suspecte également, d’autant que tout évidemment c’est Washington qui passe ses ordres à ses poulains de l’Unité de Lutte anti-corruption (ULCC).  La note ne spécifie-t-elle pas, en effet, que Pierre Réginald Boulos soit poursuivi par l’ULCC. Que cette figure emblématique d’un réseau criminel soit appréhendée dès son rapatriement forcé sur le territoire national est une illustration directe  de la domination de l’impérialisme américain sur les administrations internes du pays.

On commence par se demander si le protocole du ministère de la Justice n’a pas été recommandé également par Washington. C’est fort probable, car les dirigeants de l’État haïtien ne gèrent pas ce genre de situation aussi rapidement car ils ont d’autres chats à fouetter. Depuis qu’ils expulsent des gens, c’est la première fois que les impérialistes avilissent ouvertement l’un de leurs agents, pas n’importe qui, le zélé défenseur de la cause antipopulaire, antinationale, l’homme de toutes les mauvaises affaires, de toutes les mauvaises causes. Pierre Reginald Boulos.

Tout n’est pas dit dans ce dossier. Il se pourrait que Boulos soit un acteur, une star dans un film monté par l’impérialisme en rapport avec l’immigration et la sécurité nationale des Etats-Unis ? Il n’est pas surprenant que Boulos ne soit pas vraiment inquiet.

Expulser Boulos en Haïti, oui, mais qui l’arrêtera et le mettra en prison pour purger sa peine ? Quelqu’un pense-t-il que cette police sinon cette armée restavèque au service de la bourgeoisie corrompue le fera ? C’est une incompréhension de la situation dans le pays. Il n’y a jamais eu de punition pour les mulâtres, et encore moins pour la bourgeoisie. Le rôle du pouvoir judiciaire en Haïti est de défendre celle-ci, de protéger les intérêts de la classe riche contre la classe ouvrière, les pauvres.

Les agents de l’Unité de Lutte anti-corruption (ULCC).

N’oublions pas que nous avons affaire aux Américains ; ces gens-là peuvent tout manigancer pour tromper le peuple haïtien. Parfois, ce qu’ils disent haut et fort n’est pas ce qu’ils font réellement. Ne nous précipitons pas à croire tout ce qu’ils disent, nous ne pouvons pas leur faire trop de confiance notamment dans ce dossier. Nous ne devons prendre aucun de leurs actes pour la vérité ! Eux et Boulos sont des poissons pourris nageant dans un même bouillon. D’ailleurs rien n’est dit jusqu’à présent sur la présumée participation de Boulos au financement de l’assassinat odieux de Jovenel Moise, dans la nuit du 6 au 7 Juillet 2021. Toutes ces acrobaties : arrestations, déportations et autres pourraient bien être un moyen de le dédouaner, de créer la confusion, de détruire certains indices dans ce meurtre.

Voici ce que dit le protocole du Ministère de la Justice haïtienne.

Protocole adopté pour le traitement de chaque cas :

« Art. 1 – Tout ressortissant haïtien qui sera déporté, extradé des États Unis ou de n’importe quel autre pays et qui serait accusé de commettre ou d’avoir tenté de commettre des crimes financiers en Haïti, ou accusé d’avoir soutenu, financé, conseillé, aidé directement ou indirectement les groupes criminels ou terroriste dans leurs crimes en Haïti, sera remis dès son arrivée sur le sol haïtien, en état, au Commissaire du Gouvernement.

Art. 2 – Le ressortissant haïtien déporté ou extradé sous les chefs d’accusation cités, sera gardé sous ordres du Commissaire du Gouvernement, soit dans les locaux de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCP J) ou dans tout autre lieu de détention approprié à son cas et à sa situation.

Art. 3 – Le Commissaire du Gouvernement devra, sans délai et avec diligence, préparer le dossier de l’individu déporté ou extradé, et le déferrer au cabinet d’instruction.

Art. 4- Pendant toute la durée de l’Instruction de l’affaire, le Commissaire du Gouvernement transmettra au cabinet d’instruction tout indice nouvellement révélé. Il requerra à cette fin, le soutien de toutes les institutions de contrôle financier (UCREF, ULCC, BAFE, IGF, etc…), ainsi que toute personne morale ou physique susceptible de lui fournir des informations complémentaires, conformément aux dispositions du code d’Instruction criminelle et aux lois régissant le traitement de ces infractions. »

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here