Déclaration : Entre tristesse et solidarité avec les peuples autochtones

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L’atroce découverte des ossements de 215 enfants de la nation Tk’emlups te Secwépemc enterrés sur le terrain d’un ancien pensionnat en Colombie-Britannique, nous a ébranlé·es, nous a choqué·es, mais ne nous a malheureusement par surpris.

Comme une blessure encore béante, ce charnier constitue un rappel brutal des politiques génocidaires pratiquées pendant des siècles par le gouvernement du Canada envers les peuples des Premières Nations, des Métis et des Inuit. En tout, plus de 150 000 enfants ont été forcés de fréquenter le système des pensionnats, comptant 139 établissements dans le pays, et 6 000 enfants y auraient trouvé la mort.

En tant qu’employé·es, militant·es et membres du conseil d’administration d’Alternatives, une organisation de solidarité internationale installée sur le territoire non cédé de la nation Kanien’kehá : ka (Mohawk), nous souhaitons exprimer notre profonde tristesse et notre indignation face à cette tragédie qui s’ancre dans une histoire de colonisation et de racisme. Nous sommes également solidaires avec tous ceux et celles qui luttent contre le racisme systémique à l’endroit des peuples autochtones.

Dans différentes régions du pays, autant dans leurs communautés que dans les villes, les autochtones souffrent de racisme, d’exclusion et de discrimination, vivent en situation de pauvreté et se butent à des obstacles systémiques affectant plusieurs sphères de leur vie : l’éducation, la santé, la justice, la culture, le travail, etc.

Pendant trop longtemps, nous avons fait la sourde oreille et nous sommes vautré·es dans nos privilèges. Or en septembre 2020, la mort brutale de Joyce Echaquan, une femme atikamekw de 37 ans, au centre Centre hospitalier de Lanaudière à Joliette, et sa détresse devant le personnel soignant qui devait la protéger, nous est parvenue par les médias sociaux comme un électrochoc collectif.

Le temps est à la décolonisation.

En toute humilité, nous unissons donc nos voix à celle des peuples autochtones du pays pour demander au gouvernement du Canada de :

  1. Donner suite aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation afin de faire progresser la réconciliation et les Appels à la justice émis en 2019 l’issue de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

2- Financer et donner les ressources nécessaires pour répondre aux besoins de justice et de vérité exprimés par les survivant·e·s, leurs familles et les communautés métisses, inuites et des Premières Nations.

3- Ne pas porter atteinte ni entraver les actions entreprises par les survivant·es des pensionnats notamment dans le cadre du processus d’indemnisation (Processus d’évaluation indépendant).

4- Rendre accessibles tous les documents et archives pour aider à identifier les enfants disparus ou décédés et fournir un soutien aux familles en deuil ;

5- Entreprendre des enquêtes permettant des examens médico-légaux approfondis pour l’identification des restes découverts dans des tombes anonymes des pensionnats à travers le pays.

De même, toutes les communautés religieuses ont une responsabilité de se conformer aux demandes du gouvernement fédéral et des Premières Nations, des Métis et des Inuit pour l’accès à la documentation et à la propriété des pensionnats afin de poursuivre ces objectifs.

Par ailleurs, il est nécessaire que l’Église catholique dans son ensemble, par l’intermédiaire du Pape, ainsi que toutes les communautés religieuses canadiennes présentent leurs excuses aux peuples des Premières Nations, des Métis et des Inuit pour les graves actes génocidaires commis, et qu’elles contribuent financièrement à la réconciliation.

Le temps est à la décolonisation.

 

Alternatives  15 juin 2021 

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