La grève générale illimitée, des syndicats d’enseignants tels que la Confédération nationale des Éducateurs d’Haïti (CNEH), l’UNNOEH, la Ligue nationale des Enseignants haïtiens (LINEH), le Réseau des Éducateurs et Éducatrices d’Haïti (REEH), le Groupe d’Initiative des Enseignants-tes en Lutte (GIEL), la FENATEC, la PSEH, également COPLASEHQ et CUTSPH, débutée officiellement le lundi 13 janvier dernier vient d’être levée à la suite d’une rencontre le lundi 20 janvier à la Primature avec le Premier ministre du Conseil présidentiel de transition, Alix Didier Fils-Aimé. Cette rencontre a eu lieu bien sûr en présence du ministre de l’Education Nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) Antoine Augustin ainsi que celui des Finances, Alfred Mettelus et s’est soldée par une entente entre les protagonistes.
Evidemment, il faut signaler que cette grève avait commencé officieusement depuis le début de l’année 2025 puisque certaines écoles ont été justement paralysées par l’absence de professeurs depuis le 6 janvier 2025. Depuis lors, des élèves des écoles publiques, première victime de cette grève, ont massivement manifesté dans certaines villes paralysées comme le Nord’Est, Miragoane, Jacmel et même à la capitale pour exprimer leur indignation tout en appuyant leurs professeurs.
En effet, cette grève qui visait à obtenir une amélioration des conditions de travail, le paiement des arriérés de salaires et des avantages sociaux a paralysé tout le pays. A Fort-Liberté, des professeurs ont même gagné les rues pour exiger de meilleures conditions de travail. À Jacmel, des élèves ont manifesté pacifiquement pour soutenir leurs enseignants, dénonçant les inégalités scolaires et les perturbations de l’éducation publique. La ville des Cayes n’a pas été épargnée par la mobilisation estudiantine.
Le ministre de l’Education nationale Antoine Augustin et le directeur général du MENFP, Yves Roblin, avaient essayé de discuter avec les syndicats pendant deux jours, jeudi 16 et vendredi 17 janvier pour trouver un point d’accord selon la disponibilité du budget alloué au ministère pour l’exercice fiscal. Ce dialogue n’avait abouti à aucune réponse au point que c’est le Premier ministre lui-même qui, le 20 janvier, est venu à la charge de négocier avec les syndicats défendant la cause des enseignants et des employés qui travaillent dans le secteur public de l’éducation.
Dans un communiqué du gouvernement à l’issue de cette rencontre, «annonce officiellement la levée de la grève des enseignants tout en indiquant que : « Cet accord constitue une étape majeure pour permettre aux élèves, sur tout le territoire national, de retrouver le chemin de l’école dans les prochains jours »
Cependant le Collectif National des Enseignants Haïtiens pour une Éducation de Qualité (CONEHQ) n’a pas tout à fait supporté cette entente entre les syndicats et le gouvernement. Dans une note publiée le 20 janvier, le collectif catégoriquement dénonce un « complot ». Il déplore ce qu’il considère comme une tentative de briser la mobilisation des enseignants. Selon le CONEHQ, certains syndicats auraient accepté de collaborer avec les autorités pour servir des intérêts politiques et personnels, au détriment des conditions de vie et de travail des enseignants. Le Collectif accuse également ces syndicats d’avoir des membres proches du ministère de l’Éducation nationale, ce qui, selon lui, compromet l’indépendance et l’intégrité du mouvement. Toujours d’après le Collectif, « Ce protocole ressemble davantage à une manœuvre pour apaiser les enseignants qu’à une véritable solution à leurs revendications »
Le coordonnateur général de l’UNNOEH, Kenson Délice a pour sa part révélé que son organisation n’a pas apposé sa signature et a pris justement ses distances avec cet accord. Selon lui : « Nous avons un certain nombre de revendications qui ne peuvent pas être satisfaites du jour au lendemain, mais nous avons souhaité avoir des engagements sur des éléments beaucoup plus structurels. Sur les conditions de travail des enseignants par exemple, on ne pense pas qu’elles peuvent être réduites à une carte de débit qui n’est pas structurée. D’ailleurs, la carte de débit est une manœuvre pour affaiblir la mobilisation»
Les gouvernements haïtiens ne parviennent généralement pas à honorer leurs engagements envers les travailleurs. Ne soyez pas surpris si dans quelques mois un nouvel appel à la grève syndicale refait surface.